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PROBLÈME DE CAPITAL

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(…), mais ayant le même défaut que l'anatomie. Son emploi, comme instrument de recherche et d'interprétation d'un problème d'économie politique, risque de nous donner l'image d'un moteur dont le fonctionnement serait oublié ou insoupçonné. Considérer le travail social, le problème de l'échange comme pures abstractions venues du concret, ne fait en rien comprendre le rôle de ces phénomènes dans un processus de production et surtout ne permet pas de les retrouver sous forme variable dans les transformations du processus même. Considérés la méthode d'abstraction, elle nous donne l'image idéale d'un phénomène sans nous permettre de connaître son processus.

Marx l'a employée dans sa magistrale étude, dans la 1ère partie, du procès du capital, mais nul ne prétend voir, dans cette partie, les fils conducteurs du procès du capital en tant que phénomène historique et non plus simplement économique. Pour cela, il est nécessaire de prendre l'oeuvre de Marx dans son ensemble.

III

En tant que marxiste, la réalité semble plus proche quand le problème du capital est étudié en relation directe avec le phénomène historique de la société. Si Marx, dans la résolution du problème de l'accumulation élargie, se heurte à une impasse, dans la recherche des sources de réalisation de plus-value, si d'autre part il attribue à cet aspect du problème du capital une importance extrême, c'est que, d'après nous, là réside la contradiction économico-historique de la faillite du système. À un certain moment de l'histoire du capital, au travers des forces productives mises en branle par le jeu-même de la contradiction, relation de production-homme, il s'opère une divergence qui va en s'accentuant entre les producteurs exploiteur-exploité et la production. Il y a un phénomène de désadaptation entre la société et les moyens de production, le capital en tant qu'entité économique ne trouve plus le milieu historico-social à sa perpétuation.

Le problème essentiel de cette divergence ne réside plus dans la plus ou moins grande rentabilité du produit (le monopole et le capitalisme d'État répondent à la baisse tendancielle du taux de profit par un sur-profit). Elle réside dans l'essentiel de la production du système : pour qui produire.

Le jeu-même de la production pose cette question. Le capital ne travaille que pour échanger, cet échange n'est pas d'avance (…), car ses conditions de réalisation sont en dehors du circuit de production (introduction de la plus-value).

Par là, le problème historique de la viabilité du capitalisme se heurte à celui de son échange. Tout problème intérieur de la production perd son aspect déterminant et revêt un aspect technique.

IV

Le problème intérieur de la production n'a pas uniquement un aspect technique. Il caractérise aussi un système de production. Le procès de production, le procès de circulation, le procès d'échange (et non le problème de l'échange) donnent les qualifications d'un (…) de société.

Pour le capitalisme, ceci joue avec encore plus de clarté. La loi du fonctionnement du système de production est la loi de la valeur : la valeur d'un produit est mesurée par le nombre d'heures socialement nécessaires à sa production.

Aussi, un produit devient une marchandise (…) se mesure en heures sociales et non en utilité. Ceci n'enlève pourtant en rien la nécessité d'usage de la marchandise. Cette marchandise pourtant ne suffirait pas à caractériser le système économique.

Une autre loi intervient : celle de la valeur de la force de travail ; la force de travail a la propriété de produire plus de marchandises qu'il lui en faudrait consommer pour se reproduire.

Cette propriété pose immédiatement le problème du capital variable et de la plus-value. Le capital variable serait représenté par la valeur marchande de la force de travail – somme d'heures de travail nécessaires à sa reproduction –, la plus-value par l'excédent d'heures de travail de la force de travail. Les variations du taux d'exploitation répondent à une nécessité pour le système dans son développement. Il contient déjà un facteur historique, car il ne se heurte plus à une mécanique de production, mais à un développement plus ou moins viables de conditions historiques de son processus. Mais, là vient se poser le problème de la reproduction. Du point de vue strictement abstrait, la reproduction ne s'opère qu'en fonction d'une certaine somme de travail non (…) que nous appelons capital constant. C'est l'outil, la matière première, le lieu de production, les moyens de circulation.

Le système de production capitaliste s'exprimera donc en capital constant, en capital variable et en plus-value. Son mode de circulation va du producteur au consommateur, non de la valeur d'échange, mais de la valeur d'usage. Son échange se fait sur la base de l'égalité des marchandises vues sous l'angle heure de travail-loi de la valeur.

V

Mais, cette mécanique précise ne répond pas à la question : pour qui produire ?

Le problème n'est donc plus du ressort du procès du capital, mais des rapports historiques de la société.

Des hommes vendent et achètent. D'aucuns n'ont que leur force de travail à échanger : les ouvriers ; d'autres possèdent les moyens de production et la production à échanger : les capitalistes.

Du point de vue strictement mécanique, ces deux catégories d'individus sont des salariés du capital. En effet, la notion de propriété varie selon les sociétés. La propriété féodale n'est pas la propriété capitaliste. Pour éviter toute confusion, le terme d'appropriation serait plus juste.

Elle permet de comprendre que, dans l'évolution du capitalisme, le phénomène s'écarte de plus en plus de la propriété directe des moyens de production pour prendre sa forme vraiment capitaliste d'appropriation de travail. La propriété féodale est la propriété de la terre indépendamment du travail effectué. Cette terre n'est pas du travail humain accumulé. Les produits de cette terre n'ont pas la propriété de marchandise.

La propriété capitaliste, au contraire, est directement dépendante du travail ; sa forme abstraite est le capital, produit essentiellement humain. Le capital étant du travail accumulé, sa propriété est donc une appropriation du travail humain. Et cette propriété intervient dans le procès de production.

À ce niveau, nous trouvons d'une part des possesseurs de capital constant et d'autre part des possesseurs de force de travail. En tant que tels, ils remplissent une fonction dans le procès et reçoivent un salaire en échange.

Mais, le salaire du possesseur de capital peut très bien revenir à un délégué du possesseur. La propriété du capital n'est donc pas une nécessité économique, comme elle l'est pour la force de travail. Ici intervient le facteur historique. Ces deux catégories de salariés, remplissant des fonctions économiques données dans le procès de production, représentent socialement deux classes distinctes dans leur finalité.

Les salariés capital agiront pour la perpétuation du système existant.

Les salariés force de travail, au risque de succomber avec la société, sont donc poussés à lutter contre le système existant avec la possibilité non seulement de changer les rapports de production en vigueur, mais d'instaurer de nouveaux rapports éliminant le salariat, donc leur position dans la société capitaliste.

La nature de la classe ne se définit donc plus par une fonction économique, mais par un devenir historique d'individus exerçant de telles fonctions économiques et non-possédant quelque chose.

C'est en ce sens que l'on peut comprendre que le capitalisme d'État élimine le capitalisme privé, mais non la classe capitaliste.

VI

Le problème de la viabilité d'un système économique et celui de sa disparition sont résolus sur des terrains différents.

Le système capitaliste produit, accumule, élargit tant que son champ d'opération lui donne toujours son moteur de production : produire pour qui ? Car, il ne suffit pas de parler profit, bénéfice, et de voir là le moteur de la production quand ils ne sont que les buts.

"Produire pour qui" devient le problème essentiel autorisant une reproduction cyclique.

Du jour où cette question ne reçoit plus de réponse, la succession du système capitaliste dans l'histoire se pose et indépendamment des misères et atrocités pré et post-crise.

Le problème de la disparition du système ne se trouve pas, par là, plus avancé, car il présuppose une conscience de la nécessité de la succession du capitalisme. Cette conscience c'est le socialisme.

Mais, cette conscience n'est pas un élément abstrait ; il se concrétise dans des individus : les révolutionnaires.

Enfin, cette conscience est action ; cette action s'exprime par la lutte de la classe ouvrière consciente et révolutionnaire.

MOUSSO


[Fraction de la Gauche Communiste International]


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