Révolution ou Guerre n°3

(Février 2015)

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Une nouvelle période s’ouvre : la bourgeoisie passe à une offensive massive contre le prolétariat mondial qui résiste à la logique du système capitaliste.

Quelle signification et quelles implications peuvent revêtir les attentats terroristes sanglants des 7 et 9 janvier 2015 à Paris et, surtout, l’organisation des manifestations massives pour l’unité nationale, la défense de la liberté d’expression et de la démocratie qui ont suivi dans toutes les villes de France et dans d’autres villes et capitales du monde ? Nul doute que leur dimension dépasse largement le seul cadre national français. La mobilisation immédiate – le jour même ! – des principaux dirigeants du monde capitaliste (40 en tout ! ), le français Hollande bien sûr, mais aussi le britannique Cameron qui fut le premier à se prononcer dès le mercredi, l’allemande Merkel, l’italien Renzi, l’espagnol Rajoy – pour ne citer que les principaux européens –, de nombreux chefs d’État d’Afrique et d’Asie jusqu’aux "ennemis jurés" d’aujourd’hui, l’israélien Netanyahou et le palestinien Abbas, appelant des millions de personnes à manifester derrière eux dans les rues de Paris exprime, ô combien nettement, l’unité internationale des principales bourgeoisies du monde capitaliste en cette occasion – la seule fausse note apparente étant l’absence d’Obama. Les bourgeoisies ne s’unissent que pour faire face au prolétariat. C’est dire que l’événement n’est pas anodin ; qu’il marque un moment et une étape importantes ; qu’il y aura "un avant et un après". C’est dire que l’impact principal de ces jours de folie meurtrière, de nationalisme rayonnant et de campagnes médiatiques écrasantes s’adresse en priorité aux populations civiles ; c’est-à-dire principalement aux ouvriers, salariés, employés, chômeurs, qui produisent l’essentiel de la richesse sociale. Et cela au moment même où le capital en crise de plus en plus profonde et les États démocratiques s’apprêtent à s’attaquer à leurs conditions de vie et de travail pourtant déjà fortement détériorées tout au long des dernières décennies, et tout particulièrement depuis la crise économique ouverte en 2008.

Pour le prolétariat international, pour les classes ouvrières de tous pays, en particulier des pays centraux du monde capitaliste, les massacres de Paris et la réponse des plus grandes puissances impérialistes et de leurs États ouvrent une nouvelle phase dans la lutte permanente entre capital et travail, entre bourgeoisie et prolétariat international.

La crise capitaliste impose ses impératifs, sa logique et ses conséquences sanglantes et barbares tels la guerre et le terrorisme

Depuis 2008 et l’éclatement de la crise financière dite "des subprimes", l’impasse économique du capitalisme est criante. Depuis, elle n’a pas cessé de se confirmer et de s’aggraver. Elle a eu pour conséquence un redoublement des attaques économiques contre la classe ouvrière partout dans le monde et un aiguisement considérable des rivalités et, surtout, des guerres impérialistes. La mécanique infernale du capitalisme en crise le pousse inévitablement, de par la concurrence économique exacerbée qui se concentre entre chaque capital national, aux rivalités impérialistes et, surtout, dans un processus et une logique vers la guerre impérialiste généralisée opposant les grandes puissances entre elles.

« 2013 : l’échéance se rapproche et l’alternative historique est en passe de devenir de plus en plus concrète et réelle pour des milliards d’être humains et pour les classes sociales en présence. Comme le poids de la préparation de la guerre généralisée est aussi porté par le prolétariat, les luttes de résistance de celui-ci contre les effets de la crise économique tendent en même temps à s’opposer à la logique guerrière. Voilà pourquoi le cours de la lutte des classes est à des confrontations massives entre celles-ci. Ces affrontements seront aussi décisifs car selon que la classe exploitée et à la fois classe révolutionnaire en sortira défaite ou non, la dynamique de la lutte des classes issue du nouveau rapport de forces s’orientera vers un terme ou l’autre de l’alternative historique. Le prolétariat, classe du devenir, détient les clés du dilemme historique. » (Thèses sur la situation historique adoptées à la conférence de constitution du GIGC, 2013, Révolution ou guerre #1).

De perspective historique "plus ou moins éloignée", l’alternative qui se présente à l’humanité, révolution prolétarienne ou guerre impérialiste généralisée, devient aujourd’hui plus présente, plus concrète, plus "matérielle" – comme une "obligation" plus pressante – qui oriente, dicte, impose de plus en plus directement les actions et décisions des deux principales classes sociales de la société capitaliste. L’usage devenu systématique du terrorisme par la bourgeoisie en est une manifestation.

Le terrorisme plus que jamais au service de la bourgeoisie

Nous ne reviendrons pas ici sur l’histoire des groupes terroristes islamistes dont l’origine est toujours, directement ou indirectement, liée aux rivalités impérialistes, aux États des principales puissances capitalistes du monde – États-Unis en tête – jusqu’à ceux des puissances moindres mais non moins impérialistes tels l’Arabie Saoudite, le Qatar, le Pakistan, etc. Pour quiconque se penche a minima sérieusement sur le sujet, la main des services secrets, particulièrement occidentaux et tout spécialement de la CIA américaine, apparaît dans la création, le financement et la manipulation (plus ou moins directe) d’Al Qaida et autres IS (sur ce point en particulier, le lecteur peut se référer à l’article des camarades de la TCI Le massacre de Charlie hebdo). Directement ou indirectement, le terrorisme est une arme des États démocratiques capitalistes et impérialistes. Il est devenu un outil, une arme, des conflits impérialistes en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique qui frappe et terrorise quotidiennement et encore plus sauvagement – si l’on peut dire – les populations locales – et beaucoup moins les armées des grandes puissances impérialistes engagées sur place.

Nous le réaffirmons encore une fois : le terrorisme, islamiste ou non, n’a jamais été une arme de la classe ouvrière et a toujours été utilisé par la bourgeoise contre elle. Aujourd’hui, le terrorisme, tout spécialement islamiste, est un moyen et un moment des rivalités et des guerres impérialistes et, bien souvent comme dans les attentats de Paris – mais aussi d’Ottawa, de Sydney, de New-York, de ces derniers mois, de Belgique et de France de ces dernières années – , il est aussi retourné et dirigé contre la classe ouvrière afin de la terroriser, de la diviser en semant parmi ses fractions les plus arriérées le poison du racisme – particulièrement anti-musulman – et, pour ses autres composantes, de les mystifier, de les entraîner à se regrouper derrière l’État bourgeois "démocratique anti-raciste". Tous les individus ’loups solitaires’ d’Amérique du Nord et "jeunes islamistes européens" étaient connus, fichés, avaient été emprisonnés même, et suivis par la police et les services de renseignement. Il est vraiment difficile de ne pas voir que les services spécialisés n’ont pas suscité, organisé, manipulé, ou au moins "laissé faire", à un degré ou à un autre, ces individus pris dans leurs logiques meurtrières et barbares. N’est-ce pas précisément ce que dénonce un rapport de l’ONG Human Rights Watch ?

« De nombreuses poursuites ont pris pour cible à juste titre des personnes impliquées dans la préparation ou le financement d’attaques terroristes, ont constaté les auteurs du rapport. Mais beaucoup d’autres s’en sont pris à des personnes qui ne semblaient pas impliquées dans des complots ou le financement d’attentats au moment où le gouvernement a commencé à enquêter sur elles. (...) Dans certains cas, le FBI a pu transformer en terroristes des individus respectueux de la loi, en leur suggérant l’idée de commettre un acte terroriste ou en les encourageant à agir. De multiples études ont constaté que près de 50 pour cent des condamnations fédérales liées à la lutte antiterroriste depuis le 11 septembre 2001 résultent d’opérations sous couverture. Dans près de 30 pour cent des cas, l’agent infiltré a joué un rôle actif dans le montage du complot. Dans l’affaire des ’Quatre de Newburgh’, par exemple, qui ont été accusés de préparer des attentats contre des synagogues et une attaque contre une base militaire états-unienne, un juge a déclaré que le gouvernement ’avait fourni l’idée du crime et les moyens, et avait levé tous les obstacles, transformant ainsi en terroriste un homme’ dont la bouffonnerie était proprement shakespearienne. Le FBI cible souvent des personnes particulièrement vulnérables, souffrant de troubles mentaux et intellectuels, ainsi que les personnes indigentes. Le gouvernement, agissant souvent par le biais d’agents infiltrés, élabore ensuite activement le complot, persuadant et même parfois faisant pression sur les cibles pour qu’elles participent, et fournissent les ressources pour mener le complot à bien. » (Rapport en français du 21 juillet 2014 par Human Rights Watch, nous soulignons).

Il y a une ligne de continuité entre les attentats en Amérique du Nord, en Australie et en Europe. Ils ont tous les mêmes caractéristiques, celles-là même décrites par le rapport de Human Rights Watch ; le même type d’individus déjà connus de la police et les mêmes procédés ; et ils provoquent les mêmes thèmes de campagnes idéologiques internes menant à diviser la population entre musulmans-non musulmans, nationaux-immigrés ; et à entraîner les ouvriers devant le faux choix racisme-antiracisme qui prolonge celui de terrorisme"islamiste" contre anti-terrorisme.

Nous savons – parce que la théorie révolutionnaire du prolétariat, le marxisme, nous l’a enseigné – que les contradictions du mode de production capitaliste ont force de loi et s’impose à la bourgeoisie et à ses politiques. Après un siècle de déclin historique et de développement inouï des contradictions économiques et impérialistes et du totalitarisme étatique, nous savons que le terrorisme est devenu une des formes principales des antagonismes impérialistes et est utilisé par tous les États. Ô combien la deuxième partie du 20e siècle nous l’avait déjà enseigné ! Nous savons aussi que la bourgeoisie n’hésitera pas une seconde, quand le danger est majeur pour elle et son système, à l’utiliser de manière directe et sanglante contre la classe ouvrière, particulièrement dans une période révolutionnaire. Souvenons-nous de l’assassinat de Rosa Luxemburg en 1919 en Allemagne et avec elle de milliers et de milliers d’ouvriers révolutionnaires !

Le terrorisme utilisé pour renforcer l’arsenal de répression contre la classe ouvrière

Mais, le terrorisme, aujourd’hui le terrorisme dit "islamiste", sert aussi de prétexte au renforcement de l’appareil de répression de l’État totalitaire. Laissons de côté ici la pression incroyable qui est faite par le gouvernement français et l’appareil d’État (qui a financé le tirage du journal à 7 millions d’exemplaires !), relayée à profusion par les médias, pour imposer le badge ’"Je suis Charlie". Quiconque se refuse à affirmer "je suis Charlie", voire à refuser de porter le badge, quelle qu’en soit la raison, est aussitôt accusé, culpabilisé, voire sanctionné à l’école et au lycée pour les jeunes, sur les lieux de travail pour les salariés pour indignité nationale et complicité, voire apologie du terrorisme ! De jeunes adolescents stupides sont condamnés à plusieurs mois de prison pour avoir proféré des imbécillités et des insultes racistes ou terroristes. D’autres, à peine plus âgés, encore plus idiots, au même niveau que les racistes "de droite", sont licenciés pour faute grave.

L’important n’est pas là. Tout comme le 11 septembre américain avait été l’occasion d’instaurer le Patriot Act (légitimant entre autres les emprisonnements à Guantánamo), le "11 septembre français" voit des politiciens bourgeois en appeler aux mêmes mesures, à l’adoption d’un Patriot Act à la française, quand d’autres se lancent dans la surenchère : un ancien ministre de Sarkozy appelle à envoyer l’armée dans les banlieues... "musulmanes". Les législations européennes vont être une nouvelle fois modifiées de sorte que les polices européennes puissent surveiller encore plus Internet et les échanges "privés" (mails, Skype, réseaux sociaux, etc.). Comme les consultants télé anciens policiers ou agents secrets le reconnaissent eux-mêmes, cela n’empêchera pas d’autres attentats terroristes. Par contre, nous le savons, cela renforcera la surveillance et le contrôle de tous les secteurs de la société et, tout particulièrement de la classe ouvrière et les "opposants" politiques anti-capitalistes.

Outre les discours appelant à l’unité nationale avant la minute de silence sur les lieux de travail suite aux assassinats de Charlie, la surveillance et la répression dans les entreprises, sur les lieux de travail vont être renforcées : en Allemagne, « le journal Der Spiegel a rapporté que la société Daimler avait comparé les noms, les adresses et les dates de naissance de tous ses 280 000 employés dans le monde avec les données des listes de terroristes de l’Union Européenne et des États-Unis de manière à contribuer ’au combat contre le terrorisme’. Le comité d’entreprise [c’est-à-dire le syndicat] de Daimler a explicitement approuvé cette disposition (...). Les employés qui apparaissent sur une des listes terroristes seront ’libérés’, c’est-à-dire renvoyés. (...) Ces listes sont créées par les services secrets. Ils décident qui est un ’suspect terroriste’ malgré le fait que beaucoup de ’suspects’ se retrouvent sur de telles listes juste parce qu’ils ont un nom similaire. » (www.wsws.org, D. Henning, 13/1/2015).

C’est donc tout un arsenal répressif qui se met en place dont la cible principale n’est pas tant la lutte contre le terrorisme que de préparer l’appareil d’État à réprimer la classe ouvrière et ses minorités politiques révolutionnaires.

Les manifestations racistes et anti-racistes contre l’unité de la classe ouvrière

Les tueries à Charlie Hebdo et au magasin juif de Paris qui prolongent la série de meurtres et d’attaques terroristes au Canada, aux États-Unis, en Australie de ces derniers mois, viennent encore plus alimenter, renforcer et provoquer des sentiments racistes, anti-musulmans, dans les populations (y compris dans les couches les plus arriérées du prolétariat) et, en retour, des contre-manifestations anti-racistes sur le terrain démocratique et étatique. C’est particulièrement évident en Allemagne depuis quelques mois avec les manifestations hebdomadaires à Dresde par l’organisation PEGIDA auxquelles ont répondu des contre-manifestations de rue appelées par... Merkel elle-même. C’est dans toute l’Europe, à différents niveaux selon les situations nationales, que la bourgeoisie joue et exacerbe à la fois le sentiment raciste et anti-musulmans et anti-immigrés et pousse de l’autre côté à ce que les populations, les "citoyens", descendent dans la rue au nom de l’anti-racisme et de la démocratie. Nombre de manifestations racistes et anti-immigrés ont eu lieu comme ces derniers mois en Italie et en Grèce. PEGIDA lui-même s’étend à d’autres pays : « Outre l’Espagne, Pegida a des ramifications naissantes ou annoncées en Autriche, en Norvège, en Suède et en Suisse » (Libération, 14/1/15). Et nul doute que les contre-manifestations anti-racistes sur le terrain bourgeois vont aller de pair avec cette "extension internationale" de PEGIDA.

Le même phénomène a vu le jour aux États-Unis même si c’est sous un prétexte un peu différent mais qui ne change pas la nature de l’offensive idéologique et politique : suite au meurtre d’un jeune noir dans la petite ville de Ferguson au Missouri, la répétition des meurtres de jeunes noirs, voire d’enfants, et l’absence de poursuite judiciaire contre les policiers ayant tué ne pouvaient avoir qu’un caractère délibérément provocateur et pousser à des manifestations. Sans revenir en détail sur le cours des événements, manifestations, émeutes et pillages, répression accrue, et orchestration médiatique, il est clair que l’État américain a joué des deux moments, meurtres et décision de justice d’une part, et manifestation de l’autre pour créer un climat lourd opposant noirs et blancs – « Le 6 octobre, des manifestants interviennent pendant le match hors-compétition de la ligue de base-ball Cardinals-Dodgers Major. Ils sont hués et reçoivent des insultes : "Allez travailler", "Retournez en Afrique" » selon The New-Yorker, 15 octobre 2014 – et cherchant à mobiliser autour de l’État pour une police démocratique. Au moment même où nous écrivons, une semaine après les assassinats de Paris, les journaux télévisés de Fox News vus par des millions d’américains relancent avec violence ces campagnes racistes. Ils présentent des villes comme Birmingham en Grande-Bretagne comme exclusivement mulsumanes et Paris avec des "no-go zones", des quartiers arabes où la police et les "européens" – entendez les "blancs" – ne peuvent pas pénétrer et où toutes les femmes sont voilées alors que les hommes affichent des tee-shirts avec l’effigie de Ben Laden. Outre d’entretenir les sentiments anti-européens (et encore plus anti-américains en Europe même devant le ridicule et l’outrance délirante et leur médiatisation) à des fins nationalistes et impérialistes, cette campagne télévisée participe à plein à l’extension du racisme et du sentiment raciste anti-arabe.

Une journaliste très connue d’une des principales chaînes de télévision française, Laurence Haim, en poste aux États-Unis et malgré une grande expérience, n’a pas compris pourquoi on la poussait à aller à Ferguson et pourquoi ensuite elle était critiquée. Ce qu’elle dit est hautement révélateur à la fois de la réalité de Ferguson et de leur mise en scène et de la réalité manipulatrice des médias bourgeois :

« C’est une hystérie médiatique que j’ai rarement connue. Je refuse de partir. Et le lundi soir, comme annoncé, ça pète. CNN fait un breaking sur sa reporter qui s’est pris un pavé dans la tête. Le breaking dure 2 heures en boucle : "Notre reporter s’est pris un pavé sur la tête". Là, j’appelle des producteurs américains de confiance pour leur demander :

- "Mais c’est vraiment la guerre à Ferguson ?" et ils me répondent "Écoute, c’est vraiment très compliqué, il y a 500 caméras, il y a 3 immeubles qui brûlent, mais comme c’est construit en papier mâché, ça fait des grosses flammes, et on est tous en direct".

Je leur demande, "Mais il y a combien de personnes dans la rue, combien qui manifestent contre le racisme ?"

- "Bah c’est un peu compliqué car il y a la famille qui était devant le tribunal en disant qu’il fallait tout casser, mais objectivement il n’y a que 50-80 personnes. Des pilleurs qui mettent le feu et fracassent des vitrines pour piquer des télés". Et là je dis "Mais vous le dites ça ?"

- "Bah les images, c’est beau, c’est impressionnant" » (Laurence Haim, http://limportant.fr/).

Nous assistons donc à une offensive d’ampleur au niveau international contre la classe ouvrière à partir des attentats terroristes visant à la fois à la diviser, à la piéger dans des fausses alternatives et à l’entraîner dans le soutien à l’État capitaliste démocratique.

Une offensive de la bourgeoisie contre la résistance du prolétariat à la logique du système capitaliste

L’orchestration des manifestations américaines contre la répression policière raciste s’est faite au lendemain des manifestations massives et répétées au Mexique contre les assassinats et les disparitions de dizaines de jeunes à Iguala-Guerrero. Si les premières ont été présentées comme la suite du mouvement mexicain, il n’en est rien. Ou plutôt elles y répondent, en s’opposant, en se situant sur un autre terrain de classe, sur le terrain racial et anti-raciste, de la division noir-blanc et sur la démocratisation de la police américaine ; dans le cadre et en soutien à l’État. Les manifestations au Mexique s’inscrivaient dans une autre dynamique et sur un autre terrain : plus elles se développaient et s’étendaient au pays, plus elles dénonçaient l’État comme un tout : son gouvernement, ses gouverneurs et caciques régionaux et locaux, le parti au pouvoir (le PRI) mais aussi tous les autres partis tel le parti de gauche PRD, la police, l’armée et la justice. C’est-à-dire que la dynamique du mouvement initié par l’émotion, la colère et l’indignation, tendait à se situer contre l’État bourgeois et à prendre une dimension éminemment prolétarienne. Rien de cela dans les petites (comme l’a révélé la journaliste française) manifestations de Ferguson qui ont vite tourné à l’émeute et au simple pillage et encore moins dans les manifestations ayant eu lieu dans les autres villes américaines qui, à notre connaissance, se sont toutes situées sur le terrain de la démocratie bourgeoise.

Le mouvement au Mexique se situe dans la dynamique des luttes ouvrières de ces derniers mois (cf. l’article Luttes ouvrières dans le monde dans ce numéro de la revue) et années. C’est cette poussée générale, aussi censurée et tue soit-elle par les médias, qui a donné l’énergie à ces réactions "mexicaines" pour se situer sur un terrain clairement anti-capitaliste.

Depuis 2008, il y a eu une multitude de mobilisations et de manifestations ouvrières contre les effets de la crise sur tous les continents. Le fait que la plupart aient été passées sous silence par les télés et journaux et soient restées contrôlées et maîtrisées par les États, tout particulièrement par les syndicats, ne change rien au fait qu’une dynamique lente de combativité et de résistance à la logique capitaliste se confirme et se développe. Bien au contraire, la censure sur les luttes et l’organisation souvent préventive de grandes journées d’action syndicale "nationale" et de manifestation de rue – tout spécialement en Europe occidentale – montre bien que la résistance ouvrière, aussi insuffisante soit-elle, est une réalité et un obstacle majeur pour la bourgeoisie. En effet, non seulement elle est contrainte à toujours plus aggraver l’exploitation du travail du fait de la crise mais aussi du fait des nécessités de dépenses militaires et d’armement qu’exigent les rivalités impérialistes croissantes. Et surtout, la perspective de guerre impérialiste généralisée contenue dans la situation actuelle du capitalisme requiert des sacrifices économiques toujours plus importants et redoublés et une adhésion "active" des grandes masses du prolétariat international aux principales mystifications idéologiques bourgeoises. Cette adhésion vise à ce que la classe révolutionnaire accepte, outre les sacrifices – y compris physiques –, de se regrouper derrière l’État national et la bourgeoisie – bien souvent au nom de "la défense de la démocratie contre la barbarie" comme ce fut le cas en 1914 et en 1939. La persistance de luttes de la classe ouvrière en défense de ses intérêts de classe sur tous les continents et pratiquement tous les pays – quelle qu’en soit la force – représente une entrave à la marche à la guerre généralisée dans laquelle le capitalisme doit s’engager. L’expérience historique, en particulier celle des années 1930, nous montre que, pour aller à la guerre généralisée, le capital doit affronter le prolétariat et lui infliger une défaite "historique", c’est-à-dire non seulement aux niveaux économique, idéologique et politique mais aussi au minimum une série de défaites physiques sanglantes comme en Allemagne, en Russie, en Espagne dans les années 1920 et 1930 ; et éteindre ainsi toute dynamique de résistance ouvrière significative (même si celle-ci ne disparaît jamais complètement, y compris dans les périodes les plus noires comme, par exemple, durant la 2e Guerre mondiale). Voilà pourquoi nous parlions de "cours historique", ou dynamique, vers des confrontations massives entre les deux principales classes antagonistes du capitalisme.

Les attentats de Paris et leur suite, c’est-à-dire la réaction des États, l’organisation de la manifestation parisienne mais aussi le développement des manifestations racistes-anti-racistes [1] montrent que ces confrontations massives entre bourgeoisie et prolétariat commencent. Ils montrent que la bourgeoisie, européenne en tête, a pris l’initiative d’engager cette épreuve de force contre le prolétariat international, de provoquer ces confrontations massives, poussée qu’elle est par l’urgence due à l’aggravation de la crise économique et à l’exacerbation des rivalités impérialistes qui en résulte. Le fait que les principales bourgeoisies, celle des principales puissances impérialistes, s’affichent unies – jusque dans la rue ! – en cette occasion indique clairement la dimension anti-prolétarienne de ces journées parisiennes : les impérialismes rivaux ne font taire et passer au second plan leurs antagonismes que face à la classe ouvrière. C’est un des enseignements que nous a livré la Commune de Paris et qui fut confirmé, ô combien !, au cours de la vague révolutionnaire prolétarienne de 1917 à 1923 aussi bien en Russie qu’en Allemagne.

La faiblesse historique de la bourgeoisie face aux confrontations de classes massives

Est-ce à dire que la défaite ouvrière est inéluctable à l’issue de la période qui s’ouvre et que la bourgeoisie va réussir à soumettre complètement la classe ouvrière et l’entraîner derrière les États, lui faire quitter son terrain de classe et lui infliger une défaite sanglante ? Loin s’en faut. Contrairement à ce que beaucoup peuvent croire à première vue, en restant soit à la surface des choses, soit en restant prisonniers d’une vision mécanique, voire statique, la bourgeoise n’aborde pas cette phase en situation favorable au niveau historique ; objectivement si l’on préfère. Et le succès immédiat dans l’utilisation des meurtres parisiens et de la marche du 11 janvier ne remet pas en cause cette appréciation.

D’abord nous n’en sommes qu’au tout début et janvier 2015 ne constitue que le premier épisode, la première initiative, de ces confrontations. D’ores et déjà, et malgré l’unité nationale et internationale affichée, des signes de contradictions au sein de la classe dominante ont surgi : l’incapacité de la bourgeoisie française à intégrer le Front National d’extrême-droite (30 % des électeurs selon les sondages) à la manifestation de Paris ; et l’absence d’Obama à cette même manifestation. Loin de s’interrompre ou de perdre en intensité, ce mois de janvier voit tout de suite réapparaître les intérêts divergents au sein de la classe dominante ; on voit donc une relance et une accentuation des guerres et interventions militaires mettant aux prises les grandes puissances : Ukraine, Mali, Libye, Irak, Syrie, etc. De l’autre côté de la barricade de classe, les semaines et les mois vont confirmer que la classe ouvrière continue à lutter contre les différentes attaques économiques de tous ordres déjà annoncées ; et qu’ainsi elle tourne le dos à "l’unité nationale". Dans ce sens, si la manifestation de Paris a représenté un succès immédiat en ayant réussi à faire défiler des millions de gens derrière 40 chefs d’État (c’est inédit depuis 1945), et si nombre de prolétaires ont pu y participer comme individu, il n’y a pas à eu de participation en tant que classe ouvrière, sinon comme "citoyen français", malgré l’appel des syndicats dits ’ouvriers’ à y participer. Si la classe dominante affiche qu’elle va disputer la rue aux manifestations ouvrières contre la crise et contre le capitalisme, elle n’a pas encore les moyens de faire manifester derrière elle la classe ouvrière comme telle, avec un sentiment mystifié et dévié d’appartenance de classe, comme elle avait pu le faire dans les années 1930 – en grande partie grâce aux partis staliniens de masse.

De manière plus générale, hormis la défense de la démocratie et de la nation déclinée sous diverses variantes en fonction des moments et des lieux, les idéologues et propagandistes bourgeois vont de moins en moins pouvoir défendre efficacement que les sacrifices immédiats sont nécessaires pour la prospérité de demain et la paix... alors même que la crise dure depuis 40 ans sans discontinuer et s’accélère dramatiquement aujourd’hui ; alors même que les guerres se multiplient et s’étendent sur tous les continents. C’est l’aspiration à la paix après la boucherie des tranchées et sa "possibilité" immédiate sur laquelle les classes dominantes ont joué avec efficacité pour détourner d’importantes fractions du prolétariat de l’action révolutionnaire à partir de 1919 en Allemagne et en Europe occidentale. C’est la baisse – relative – du chômage et donc la perspective d’un renouveau économique, d’une prospérité capitaliste, qui a aussi permis à la bourgeoisie – le New Deal et le Front populaire en France, le plein emploi sous le nazisme en Allemagne, tous préparant la guerre impérialiste généralisée – de calmer les réactions de classe (les grèves de mai-juin 1936 en Belgique et France, les manifestations et émeutes massives de chômeurs aux États-Unis) et de les réduire en maintenant leur contrôle par les partis socialistes et surtout les PC staliniens. C’est-à-dire que, dans la période qui commence, la classe dominante capitaliste ne pourra pas jouer sur la perspective de paix ou bien de prospérité pour masquer la faillite historique du capitalisme.

Aujourd’hui, crise capitaliste et guerre impérialiste se présentent en même temps et apparaissent ouvertement comme se nourrissant l’un l’autre. Cela fragilise l’influence de l’idéologie capitaliste et limite sa capacité immédiate pour entraîner durablement l’ensemble du prolétariat derrière l’État capitaliste et la classe dominante. Le fait que celle-ci prenne délibérément l’initiative de confrontations massives contre le prolétariat n’est pas, in fine, l’expression de sa force mais de sa faiblesse historique ou, si l’on préfère, de ses difficultés et contradictions historiques.

Le prolétariat international doit aller plus loin contre le capitalisme

Dans cette confrontation historique, et contrairement aux apparences d’une vision statique, photographique, que la lenteur et les limites des luttes ouvrières jusqu’à aujourd’hui ont pu aussi nourrir, la situation historique qui voit crise et guerre se présenter en même temps joue historiquement, objectivement, en faveur du prolétariat. En effet, à ce jour, même si ses luttes immédiates ne remettent pas en question le capitalisme et sa logique de misère et de mort, la classe ouvrière lorsqu’elle se mobilise, se maintient sur son terrain de classe anti-capitaliste, contre l’État bourgeois. C’est fondamental. C’est précisément ce qui entrave la marche à la guerre de la bourgeoisie et qu’elle veut éliminer maintenant au plus vite. C’est le cas, bien sûr en Europe occidentale centre historique du capitalisme. Mais c’est aussi le cas dans des pays où la tradition et l’expérience ouvrières sont moindres.

C’est ce que sont venues exprimer, par exemple, les manifestations prolétariennes au Brésil durant la coupe du monde de foot et récemment au Mexique contre les massacres perpétrés par les partis au pouvoir et l’État. Ne nous y trompons pas, l’orchestration directe ou indirecte des manifestations de rue racistes et anti-racistes en Allemagne et en Europe, les manifestations autour des meurtres racistes de Ferguson aux États-Unis, et bien sûr les manifestations qui ont eu lieu en France dès le 7 janvier au soir jusqu’à celle du 11, essaient précisément de répondre de manière offensive et agressive sur un terrain bourgeois à ces manifestations particulières de résistance ouvrière.

Évidemment, lorsque nous affirmons que la situation historique est favorable au prolétariat, cela ne veut pas dire que la voie à la révolution est ouverte et inéluctable. Cela veut dire qu’il peut sortir "vainqueur" des confrontations massives qui commencent et que la bourgeoisie internationale a pris l’initiative d’entamer. Sortir "vainqueur" de cette phase signifie pour la classe révolutionnaire qu’elle réussira à bloquer la bourgeoisie dans ses projets de misère et de guerre généralisées et qu’ainsi elle créera les conditions pour l’ouverture d’une période révolutionnaire. Mais pour cela, encore faut-il qu’elle surmonte les faiblesses qu’elle continue à manifester. Si, lorsqu’elle lutte, elle se maintient sur son terrain de classe, il n’en reste pas moins qu’à ce jour, elle ne réussit pas à faire reculer les attaques économiques qu’elle subit (ni la mise en place de mesures de répression anti-ouvrières tant dans la rue que sur les lieux de travail). Cette faiblesse réside pour l’essentiel non dans sa volonté de lutte et de résistance, mais dans son incapacité à hisser son combat au niveau politique ; c’est-à-dire à assumer l’affrontement politique pour la direction de ses luttes contre les forces, syndicales et politiques de gauche principalement, qui les entravent et les sabotent ; aujourd’hui, plus concrètement, pour l’organisation de l’extension de ses mobilisations et leur unité contre les forces qui s’y opposent. Dans ce sens, et pour donner un exemple, l’éclatement de grèves sauvages en Belgique, octobre 2014 [2], et les affrontements violents avec la police et les dockers anversois, métallos de Wallonie, et autres travailleurs, lors de la manifestation ouvrière du 6 novembre à Bruxelles, montrent en partie la voie à suivre. En partie seulement, car ces expressions "spontanées" n’ont pas été encore suivies – à notre connaissance – de prise en main consciente et déterminée de ce combat soit par des initiatives d’organisation et de regroupement, soit par l’extension et le développement de la grève que les journées d’action syndicale planifiées à l’avance visaient à empêcher et ont réussi à étouffer à ce jour.

C’est donc au niveau politique, c’est-à-dire "conscient", que réside la faiblesse principale du prolétariat aujourd’hui. Elle affecte les grandes masses de la classe ouvrière mais aussi, et plus particulièrement, ses secteurs et minorités les plus combatives et les plus conscientes. Dernier exemple de cette faiblesse : les ouvriers cheminots, dockers, métallos, les plus déterminées des grèves sauvages et des manifestations de Belgique n’ont pas réussi – encore une fois à notre connaissance – à lancer des mots d’ordre d’extension et d’unité, par exemple lors de la manifestation de Bruxelles, et à se regrouper en comité ou assemblée dans ce but ou dans celui de garder des contacts entre eux et de préparer les grèves de demain.

Cependant, d’autres exemples de luttes ouvrières font la preuve que le prolétariat fait des avancées significatives, ces derniers mois, au niveau de sa conscience : ceux qui se sont battus clairement contre l’État et sa force de répression au Mexique, sans oublier ceux qui, plus tôt, se sont fortement opposés au gouvernement de gauche au Brésil.

Mais cette faiblesse politique ou de "conscience" s’exprime encore plus sans doute au niveau des minorités révolutionnaires et communistes. Là aussi, dans cette dimension particulière et essentielle de la lutte des classes, il y a un enjeu et une bataille parallèle, si l’on peut dire, à celle que la bourgeoisie a décidé aujourd’hui de livrer à la classe exploitée et révolutionnaire comme un tout.

La nouvelle période va accélérer la recomposition du milieu révolutionnaire

Une vision photographique, statique, ne peut que renvoyer l’image de la dispersion et des hésitations politiques des minorités révolutionnaires qui les rendent en grande partie inaudibles et inefficaces. Le constat est juste en soi tant pour le milieu révolutionnaire comme un tout que pour le camp prolétarien, c’est-à-dire au moins pour les groupes et organisations politiques se réclamant de la Gauche communiste internationale. Néanmoins une vision dynamique nous permet de situer cette faiblesse à son niveau réel : l’offensive générale de la bourgeoisie ne peut que précipiter une recomposition des minorités communistes et révolutionnaires qui a déjà commencé sous les coups de la crise et des rivalités impérialistes.

Ce n’est pas un hasard si d’ores et déjà le milieu révolutionnaire international voit des cercles et des groupes surgir, certains en rupture avec le gauchisme, d’autres sans expérience, dans différents pays et sur tous les continents – nous ne pouvons en dresser de liste ici ; et si le "vieux" camp prolétarien lié à la Gauche communiste se trouve déjà ouvertement dans un processus de recomposition. L’accélération de l’évident délitement du Courant Communiste International qui se trouve en état de crise interne permanente depuis plus 2001 – lui-même le reconnaît et l’écrit – en est la manifestation la plus criante et la plus négative. On peut y ajouter la disparition ou la dispersion de groupes de la mouvance conseilliste comme Perspectives Internationalistes actant ainsi leur impuissance définitive face à la bataille entre les classes qui s’ouvre. Mais le maintien et l’affirmation de la Tendance Communiste Internationaliste sur ses positions de classe malgré ses hésitations manifestes pour assumer avec détermination et dynamisme sa place centrale au sein de ce camp, la réaffirmation lente mais réelle des groupes bordiguistes, et, nous avons cette prétention, la constitution de notre groupe, constituent des signes, parmi d’autres certainement, de force du prolétariat. De nouvelles lignes de regroupement, de débat et de fracture ont déjà commencé à se définir au sein du milieu révolutionnaire et même au sein de ce camp prolétarien ; et elles ne pourront que s’affirmer d’autant plus violemment que la lutte des classes prend maintenant une dimension plus aiguë et plus âpre. D’ores et déjà, l’impact des attentats de Paris et de leur signification historique provoquent des interrogations et des débats qui interpellent directement les groupes et organisations révolutionnaires et politiques sur leur prise de position et sur leur compréhension de l’événement. Nul doute que la période qui s’ouvre et le déchaînement de l’offensive bourgeoise, y compris l’intensité nouvelle et la dramatisation des événements de la lutte des classes, vont accélérer cette recomposition et nouvelle définition du milieu révolutionnaire et du camp prolétarien.

L’enjeu de cette bataille particulière : faire que cette phase de confrontations massives entre les classes ouvre, sur la base d’un prolétariat émergeant, au minimum les conditions matérielles, c’est-à-dire théoriques, politiques et organisationnelles, pour la constitution de l’indispensable parti communiste de demain, comme expression la plus haute de la conscience de classe et donc comme organe de direction politique du prolétariat.

La nouvelle période qui s’ouvre ne va pas simplement donner lieu à un redoublement des attaques capitalistes contre la classe ouvrière qui se contenteraient de répondre, mécaniquement, aux impératifs de plus en plus exigeants de la crise capitaliste et de la guerre impérialiste. Les attentats de Paris et l’utilisation idéologique et politique qui en a été faite signifient que la classe dominante va mener une politique beaucoup plus agressive et frontale contre le prolétariat en alimentant et provoquant un climat et des événements de tensions de plus en plus extrêmes, tels les attentats terroristes, les manifestations racistes violentes, l’exacerbation des affrontements d’ordre racistes, nationalistes, sécuritaires, en dramatisant au maximum toutes les expressions de division et de confrontation qui ne soient pas de classe. Pour le prolétariat international, le danger et le piège est de se laisser impressionner et terroriser par tous les actes barbares et sanglants que la bourgeoisie va utiliser, d’abandonner sa résistance et son opposition au capitalisme et à son État pour se regrouper sous telle ou telle bannière et mot d’ordre nationaliste et démocratique derrière ce dernier.

Voilà donc, au lendemain des événements sanglants de Paris, face à ce qui est une déclaration de guerre de la bourgeoisie internationale, quels sont les enjeux pour le prolétariat international comme un tout, pour les fractions les plus combatives d’ouvriers, et pour les minorités révolutionnaires et communistes en particulier.

Non au terrorisme, non au front anti-terroriste ! Non au racisme anti-musulmans ou anti-immigrés, non au front anti-raciste ! Non à l’unité nationale ! Non à la défense de l’État capitaliste démocratique ou non ! Non à la défense de l’impérialisme de chaque pays !

D’ores et déjà les ouvriers doivent se regrouper autour des mots d’ordre généraux suivants :

Résistons à la crise capitaliste et aux appels aux sacrifices : Oui à la lutte ouvrière contre le capitalisme et ses attaques ! Défendons nos revendications ouvrières, salaires, emplois, conditions de travail !

Nos intérêts comme salariés ou chômeurs, comme exploités, sont les mêmes partout et quelles que soient nos origines et notre couleur de peau : Immigrés-non immigrés, musulman-non musulmans, noirs et blancs, nous sommes tous exploités !

Étendons et unifions nos luttes à toutes les catégories, à tous les secteurs et par-delà les frontières ! Regroupons-nous et rendons coup pour coup aux attaques du capital !

Le capitalisme en crise veut nous amener à la misère et à la mort dans une guerre impérialiste généralisée : détruisons le capitalisme ! Que vienne rapidement le véritable communisme (qui est l’opposé du stalinisme), une société mondiale sans exploitation, sans classe, sans misère et sans guerre !

Jonas/ RL, 16 Janvier 2015

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Notes:

[1. Et la mise en avant de partis de gauche ’radicale’ suite à la victoire électorale de Syriza en Grèce et l’organisation – et la reprise éclatante par tous les médias internationaus – de la grande manifestation de Podemos à Madrid, ce 31 janvier, le jour même où nous ’arrêtons’ les articles de cette revue (note postérieure à la rédaction de l’article).