Révolution ou Guerre n°13

(Semestriel - Octobre 2019)

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Lutte des classes et devenir historique

L’alternative historique révolution ou guerre n’est pas un simple slogan ou thème de propagande communiste. Ni une vague perspective pour demain. Elle est l’élément central de la situation mondiale actuelle. Dans la mesure où l’impasse économique du capitalisme, la crise, ne peut que s’approfondir, révolution et guerre deviennent des facteurs dont la relation contradictoire et dynamique, dialectique, détermine chaque fois plus directement le cours des événements. Sans la conscience de cette alternative, il est difficile de comprendre la marche même des événements et de définir les positions que le prolétariat - à commencer par ses avant-gardes communistes - doit adopter selon les moments et les lieux. Brandir des principes abstraits et généraux ne suffit pas à répondre aux questions et enjeux immédiats. Ni à garantir contre l’oubli des principes de classe, internationalisme prolétarien et dictature du prolétariat en particulier.

Le rapport qui unit les deux pôles opposés, révolution et guerre, est la lutte des classes. Contrairement à ce que beaucoup aiment à penser, ou souhaitent, y compris au sein de la Gauche communiste elle-même [1], la lutte des classes est toujours le moteur de l’histoire et son processus le principal déterminant du cours des événements et des conditions de résolution du dilemme révolution ou guerre. Au point que « la défaite du prolétariat est la condition du déchaînement de la guerre impérialiste » (Bilan #34 [2], septembre 1936).

Le capitalisme, c’est la guerre disait Lénine. Contraints à la défense acharnée et féroce de leur capital national, chaque bourgeoisie et chaque État capitaliste sont inexorablement poussés à s’engager dans une marche à la guerre généralisée. Trump est l’expression, une parmi d’autres, la plus nette et la plus caricaturale de cette pression. Guerres commerciales tous azimut, provocations et agressions impérialistes, ruptures brutales des traités signés et des alliances internationales, relance des armements, particulièrement des missiles nucléaires, militarisation de l’espace, chantages les plus éhontés, voire ultimatums, sur les puissances les plus faibles se sont aggravés - car déjà en acte auparavant sous Obama - et multipliés. En retour, les autres puissances impérialistes, surtout les principaux rivaux, ne sont pas en reste. Il en va de leur survie. Telle est la dynamique, l’engrenage ou la mécanique infernale, des rivalités économiques et impérialistes.

Or, c’est précisément dans ce moment des tensions impérialistes que l’économie capitaliste ralentit de nouveau et fortement ; que la probabilité d’une nouvelle crise ouverte, financière ou autre, ne fait guère plus de doute ; que la récession, ou ralentissement économique, mondiale qui pointe son nez annoncent des attaques encore plus féroces contre les conditions de vie et de travail des populations en général et, en premier lieu, contre le prolétariat international. La dynamique de la lutte des classes est une réalité objective. La crise et la guerre obligent aujourd’hui la bourgeoisie à attaquer frontalement et partout le prolétariat international. Celle-ci a donc l’initiative du combat et la nouvelle crise ne peut que renforcer sa détermination à provoquer et affronter le prolétariat. Le renforcement général des appareils de répression en est une expression. La campagne bourgeoise et les manifestations encouragées et organisées par les États contre le réchauffement climatique, et qui visent à noyer le prolétariat dans le peuple et à l’entraîner dans la défense de l’État démocratique, en est une autre. N’est-il pas déjà fait appel à la concorde de tous, y compris des classes sociales antagoniques, pour sauver la planète  ?

L’émergence de nouvelles énergies révolutionnaires, en cours [3], et leur regroupement sont indispensables à la constitution de l’avant-garde politique et du parti dont le prolétariat aura, et a déjà, besoin pour s’orienter et organiser ses combats de classe le plus efficacement possible ; et encore plus pour imposer la révolution prolétarienne sur la guerre impérialiste généralisée. Pour se développer au mieux, pour « définir des positions politiques qui sont les seuls points de repère quand éclate la grande tourmente et que les militants risquent d’être emportés comme des fétus de paille » (Bilan #34, idem), ces forces doivent chercher à se réapproprier l’histoire du mouvement ouvrier et particulièrement de la Gauche communiste. Ce travail passe aussi par les discussions et la clarification des débats historiques, divergences profondes ou simples nuances, traversant cette Gauche. Tout comme la lutte contre les expressions d’opportunisme au sein de celle-ci, les confrontations et débats politiques sont un élément essentiel du combat pour le parti, pour un parti politiquement uni et historiquement efficace.

Ainsi, « rien n’expliquerait l’inertie qu’offrent différents groupements de la Gauche communiste aux initiatives de notre fraction pour aborder l’œuvre d’éclaircissement politique et pour asseoir sur des bases de fer l’organisme qui pourra diriger les luttes de la classe ouvrière pour la victoire de la révolution mondiale » (Bilan #33, août 1936, nous soulignons).

Révolution ou guerre, 24 septembre 2019

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Notes:

[1. « La dynamique générale de la société capitaliste (...) n’est plus déterminée par le rapport de forces entre les classes » (Résolution sur la situation internationale du 23e congrès du CCI, 2019 - https://fr.internationalism.org/content/9922/resolution-situation-internationale-2019-conflits-imperialistes-vie-bourgeoisie-crise).

[2. Revue de la Fraction italienne de la Gauche communiste dans les années 1930.

[3. Nous les avons saluées dans nos numéros précédents ; en particulier dans le numéro spécial sur les groupes de la Gauche communiste dans RG #12.