Révolution ou Guerre n°5

(Février 2016)

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Luttes ouvrières dans le monde

« La combativité et la colère continuent à s’exprimer dans tous les pays, sur tous les continents. Mais, pour autant, elles ne réussissent pas à faire reculer les attaques. Parce que la classe ouvrière reste, en général, derrière les mots d’ordre et revendications syndicales et de gauche, c’est-à-dire des mots d’ordre et des revendications contraignant et limitant la lutte au cadre étatique et à l’idéologie capitaliste. Parce qu’elle n’assume pas, à ce jour, le combat contre les sabotages et le dévoiement de ses luttes et contre ces forces qui les mettent en place. Parce qu’elle n’arrive pas à se hisser au niveau du combat politique conscient, c’est-à-dire jusqu’à l’affrontement politique contre toutes les forces de l’appareil d’État bourgeois, particulièrement contre celles qui se "situent sur le terrain ouvrier", syndicats, officiels ou "radicaux de base", aux forces politiques de gauche et gauchistes ; y compris ceux qui se cachent derrière l’apolitisme et les mystifications démocratiques diverses et variées.  

 Et pourtant ! Jamais dans l’histoire du capitalisme, celui-ci ne s’est retrouvé dans une situation "historiquement", "objectivement", aussi difficile, aussi affaiblie, face au prolétariat : du fait même que la crise et la perspective de la guerre généralisée se posent en même temps, il lui sera difficile comme jamais auparavant de faire accepter par les grandes masses ouvrières et exploitées les mystifications idéologiques sur une quelconque prospérité à venir ou sur la paix, les deux s’éloignant chaque jour plus. Et alors même que, malgré le "black-out", la censure, sur les luttes et les mobilisations ouvrières, la combativité ouvrière ne se dément pas, ne se calme pas, ne disparaît pas. Combien de manifestations massives contre les mesures de misère adoptées dans tous les pays tues et ignorées par les médias ? Combien de luttes isolées contre les licenciements ou bien contre la baisse des salaires passées sous silence ? illusions de notre part ? » (Éditorial de Révolution ou Guerre #1) 

USA : Du jamais vu depuis un quart de siècle ! Les travailleurs des grandes usines automobiles votent massivement contre l’accord Fiat Chrysler-UAW en septembre 2015. Voir United Auto Workers in Concessions Talks with the Big Three http://www.leftcom.org/en/articles/2015-08-10/united-uto-workers-in-concessions-talks-with-the-big-three. Ce n’est que par la fraude et la manipulation que la UAW a réussi à 51% en novembre à faire accepter la convention collective de 4 ans.

Italie :Le 25 novembre, les travailleurs de la compagnie d’autobus régionale de Rome ont été en grève sauvage pendant trois jours parce qu’ils n’avaient pas été payés depuis 2 mois. Le 8 janvier, au Bormioli dans établissement près de Parme, la police anti-émeute a attaqué et démantelé un genre de sit-in mis en place par les travailleurs d’entrepôt. Ils se battaient contre la convention signé entre l’entreprise et les principaux syndicats, la CGIL et de la CISL. Cet accord aggravait leurs conditions de travail. C’est encore une autre confirmation qu’à ce stade de la profonde crise du capitalisme, les patrons ne peuvent tolérer aucune résistance de la classe, même si, malheureusement, elle ne vient que de petits secteurs. Voir l’article en anglais de la TCI http://www.leftcom.org/en/articles/2016-01-11/italy-solidarity-with-the-workers-of-bormioli-di-fidenza ou en italien http://www.leftcom.org/it/articles/2016-01-11/solidariet%C3%A0-ai-facchini-di-fidenz.

France : Une série de grèves des postiers se sont poursuivis dans plusieurs villes en novembre et décembre malgré l’état d’urgence et la censure des médias. Les postiers sont déterminés à lutter contre les suppressions de postes et l’exploitation au travail. Cependant à cause du contrôle syndical, il n’y a aucune unification et élargissement géographique des grèves.

Algérie : Grève et manifestation des travailleurs de l’automobile de Rouiba. Mercredi 2 décembre, les travailleurs de la SNVI (Société Nationale des Véhicules Industriels) sont de nouveau sortis pour dénoncer le retard dans le versement des salaires du mois d’octobre et de novembre. Les promesses qui leur avaient été faites, par les premiers responsables de l’entreprise, n’ont pas encore été concrétisées. Ne pouvant plus attendre et pour se faire entendre, ils ont fermé la route qui relie Rouiba à Régahïa. Immédiatement, les troupes anti-émeute de la gendarmerie se sont amassées en grand nombre tout près du lieu de rassemblement des travailleurs et sont intervenus.

Afrique du Sud : Johannesburg Des éboueurs en grève sauvage contre la corruption de leur management et pour de meilleures conditions de travail ont été attaqué avec des balles en caoutchouc et des grenades assourdissantes. Il y eu 9 blessés parmi les grévistes.

Brésil : Les étudiants et les enseignants à São Paulo ont protesté contre les tentatives du Gouverneur Alckmin à ’réorganiser’ le système éducatif à São Paulo. La « réorganisation » propose de fermer près de 100 écoles, la plupart d’entre eux dans les quartiers ouvriers de la ville. Dès mardi, le 1er décembre, 200 écoles sont occupées par des étudiants de São Paulo. Malgré un large soutien public, les étudiants ont été attaqués et arrêtés par les forces de police très brutales. Cette restructuration voudrait dire qu’il y aurait, dans certains cas, plus d’une centaine d’étudiants dans chaque classe. Durant le mois de janvier, plusieurs manifestations férocement réprimés par la police ont eu lieu pour protester contre la hausse du prix des transports publics à São Paul, à Rio de Janeiro et à Belo Horizonte. Le prix des transports soulève les travailleurs brésiliens aux prises avec une inflation à deux chiffres et au scandale de corruption lié à l’entreprise pétrolière publique Petrobras et aux patrons du bâtiment et travaux publics (BTP), reflet de la corruption de la bourgeoisie et en particulier de ses politiciens du Parti des travailleurs, parti encensé par des gauchistes et syndicalistes il y a quelques années.

Suisse : En novembre à Genève. Grèves et manifestations conjointes du secteur privé et du secteur public, des fonctionnaires, des travailleurs d’hôpitaux et des ouvriers du bâtiment ont lutté contre les mesures d’austérité. Inde Suite à un accord entre le syndicat et la direction de Maruti (auto Suzuki) pour une augmentation des salaires des travailleurs permanents et excluant les travailleurs temporaires, ceux-ci ont déclenché une grève sauvage le 26 septembre. Plus de 600 travailleurs étaient en grève ce jour-là quand 1000 policiers postés à l’intérieur et autour des locaux de l’usine, ont commencé à battre et arrêter environ 100 d’entre eux. Les travailleurs ont indiqué que les lignes d’assemblage ont fonctionnent ’stop-and-go », de sorte que seule la moitié environ des habituels 1440 voitures ont été assemblés.


Assemblée générale ouvrière en Belgique

Belgique : Une immense manifestation contre l’austérité le 7 octobre. Quelque 80 000 personnes, selon la police, 100 000 selon le front commun syndical, organisateur de la marche, ont manifesté dans le centre de la capitale contre les mesures d’austérité. Le 23 novembre Grèves ouvrières malgré un week-end ’d’alerte anti-terroriste maximale’ (c’est-à-dire de l’état de siège) [1].

Canada : Province de Québec. Durant l’automne, les travailleurs du secteur public ont fait plusieurs débrayages divisés par les syndicats par région, par secteur et une journée à la fois, pour le renouvellement de leurs conventions collectives et contre les mesures d’austérité. Une manifestation de 100 000 a eu lieu Montréal le 3 octobre. Par ailleurs 2400 employés municipaux montréalais ont participé à une assemblée générale spéciale le 8 décembre dernier, pendant les heures de travail malgré une ordonnance leur interdisant d’y assister. La raison : leur colère envers la loi 15 qui impose des coupures sévères dans les retraites, et contre le « pacte fiscal » conclu entre le gouvernement du Québec et les municipalités.

Finlande : En septembre, une grève anti-austérité généralisée en Finlande a entraîné la fermeture des ports et perturbé les vols dans le pays. Les enseignants et les employés de garderie ont rejoint cette lutte qui est le plus grand mouvement ouvrier depuis des décennies. Les conducteurs de train ont aussi cessé de travailler pour rejoindre une grande manifestation le 18 septembre à Helsinki.

Cambodge : En décembre, un débrayage impromptu a déclenché la pire agitation ouvrière d’usine cette année. 30 000 ouvrier-ère-s d’usines en grève sauvage pour une hausse de salaire Certains syndicats ont exhorté les travailleurs à retourner au travail et de négocier paisiblement leurs demandes.

Chine : Le nombre de grèves et d’incidents est passé de 1379 en 2014 à près de 2774 en 2015. L’année 2016 sera encore pire pour la classe ouvrière chinoise. Les sidérurgies, les mines de charbon, les transports ferroviaires prévoient des mises à pieds de plusieurs dizaines de milliers d’ouvriers. Même à l’usine de Zhengzhou, celle-là même qui assemble l’iPhone 6s et où travaillent 200 000 personnes, des mises à pied sont prévus. Baisse de salaire, mise-à-pied et salaires payés avec des retards de plusieurs mois, c’est ce que fait vivre le capitalisme chinois à la classe ouvrière.

Égypte : Fin décembre, 3000 travailleurs ont commencé une grève dans la plus grande compagnie d’aluminium, tandis que plusieurs centaines d’autres travailleurs ont également lancé un sit-in de protestation à la plus grande aciérie - acier et Iron Company - à Helwan. Cela alors que d’autres protestations ont continué ailleurs - grève à l’Shebin al-Kom Textiles Société et la Société Petrotrade à Assiut City.

Iran : Plus de 2000 ouvriers travaillant dans les mines de la préfecture de Kuhbanan (Province de Kerman) se sont mis en grève le 2 janvier. Le même jour, les mineurs de Azadshahr au Golestan, ont également cessé le travail. Les travailleurs réclament le paiement des salaires en retard. 

Pays-Bas : Les dockers du port de Rotterdam, le plus grand d’Europe, ont entamé le 7 janvier une grève de 24 heures, la première en 13 ans, réclamant l’assurance qu’aucun emploi ne sera perdu suite à un processus d’automatisation des installations. Dans ce pays à forte collaboration de classe, la grève est rare.

Tunisie : Absence de changement cinq ans après la chute de Ben Ali. L’instauration de la démocratie de la bourgeoisie n’a rien changé. Il y a toujours des milliers de chômeurs. En janvier, ceux-ci ont manifesté par milliers dans plusieurs villes du pays contre le chômage à tel point que le gouvernement démocratique a instauré un couvre-feu le vendredi 22 janvier dans l’ensemble du pays.


Le 23 janvier Normand

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