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Élection de Trump : le choix de la marche à la guerre généralisée. Seul le prolétariat révolutionnaire peut s’y opposer.
(10 novembre 2016)
Sidération. Stupeur. « L’impensable est pourtant bien arrivé » clament ce matin les éditorialistes. L’élection de Trump qui vient d’être confirmée à l’instant où nous écrivons, provoque les mêmes réactions dans les classes bourgeoises du monde entier que celles qui ont suivi le Brexit, la victoire du “ oui ” au referendum britannique sur la sortie du Royaume Uni de l’Union européenne. L’ambassadeur français aux États-Unis a écrit sur Twitter : « Après le Brexit et cette élection, tout est désormais possible. Un monde s’effondre devant nos yeux. Un vertige ».
Ce nouveau “ impensable ” n’est pas l’expression d’un monde qui deviendrait “ fou ”. Il est l’expression des poussées historiques vers la guerre généralisée. Il est l’expression du monde capitaliste et de son impasse ; de l’exacerbation de ses contradictions historiques insurmontables ; et des difficultés croissantes des différentes bourgeoisies nationales à y faire face, à commencer par la plus expérimentée au monde, la britannique avec le Brexit, et maintenant la plus puissante, l’américaine. La fin du bipartisme classique d’alternance gouvernementale et la montée des extrême-droites dans les principaux pays européens, tout comme les attentats sanglants qu’ils ont subis depuis 2015, en France et en Belgique en premier lieu, annoncent encore de nouveaux “ impensables ”. L’impasse économique, surtout depuis 2008, et l’exacerbation des rivalités et guerres commerciales et impérialistes qu’elle provoque, précipitent des bouleversements politiques au sein des classes bourgeoises des principales puissances impérialistes, et y compris certaines divisions en son sein.
Le choix de la voie militaire
“ L’impensable ” élection de Trump signifie qu’une fraction de la bourgeoisie américaine a pris le pas sur une autre. Celle qui a fait le constat que les politiques impérialistes et guerrières menées par Obama, n’a nullement freiné le déclin de l’influence impérialiste américaine dans le monde. Celle qui ne croit plus à des réponses économiques, voire impérialistes, “ classiques ” pour défendre cette domination. Celle qui ne croit qu’à l’expression de la force, aux réponses militaires et à la guerre. Et cela contre l’option Clinton partagée par une grande partie de l’appareil du parti républicain pourtant tout aussi ardents défenseurs de l’impérialisme américain, y compris par la guerre. Bien qu’elle soit “ interventionniste ”, qu’elle ait été à l’époque en faveur de la guerre en Irak et qu’elle soit sur une position frontalement hostile à la Russie, sans doute même bien plus qu’Obama, elle ne répondait pas suffisamment aux exigences d’une partie de la classe dominante américaine. L’idéologie nationaliste et raciste, la remise en cause des traités commerciaux, l’annonce de la fermeture des frontières, du protectionnisme économique, et de grands travaux dès son 1er discours pour rénover « nos quartiers et reconstruire nos autoroutes, les ponts, les tunnels, les aéroports, les écoles, les hôpitaux. Nous allons reconstruire nos infrastructures...” (Washington Post, 9 novembre), la guerre commerciale déclarée à la Chine, le renforcement de l’armée américaine et les réorientations vis-à-vis de la Russie et, surtout vis-à-vis de l’OTAN, donc de l’Europe, affichés et portés par le nouveau Président américain durant sa campagne, sont des discours de guerre qui sonnent comme ceux qui dominaient dans les années 1930.
Il en va de “ l’impensable ” Trump comme du Brexit. Les deux événements s’inscrivent dans une dynamique de polarisation impérialiste exacerbée et marquent l’affirmation d’un camp impérialiste “ anglo-saxon ” opposé au reste des puissances mondiales. Quitte à sacrifier certains intérêts particuliers comme ceux de la finance. Tout comme le Brexit met en péril la place financière, la City, de Londres. L’isolationnisme agressif et le protectionnisme affichés par le nouveau président pour la politique internationale des États-Unis, expriment ce choix de marche à la guerre. Il va contraindre encore plus l’Europe continentale à se doter d’une défense militaire autonome, renforcer les tensions militaires avec la Chine, et confirmer la Russie dans sa volonté de desserrer par la guerre l’étreinte que lui impose l’installation de l’OTAN à ses frontières.
Tout comme le Brexit, salué en son temps par le nouveau président, et dont sa victoire électorale est la continuité, “l’impensable” Trump signifie un pas supplémentaire vers la guerre impérialiste généralisée. Sur fond de misère croissante pour l’immense majorité de la population mondiale, l’enchaînement des événements, les attentats meurtriers en Europe, la guerre sanglante au Moyen-Orient, les vagues massives de réfugiés miséreux parcourant les continents, les bouleversements politiques, annonçaient déjà ce processus menant à la guerre généralisée. Trump signifie que la bourgeoisie américaine, et par contre-coup ses rivaux impérialistes aussi, fait aujourd’hui le choix de s’engager sur le chemin de la guerre de manière plus décidée et résolue encore que la politique menée sous Obama et défendue par Clinton.
Pour la classe ouvrière aussi, l’heure du choix de la responsabilité historique
Les ouvriers, qu’ils soient en Amérique ou non, ne pourront échapper, ni esquiver, la multiplication des attaques que l’élection de Trump et le choix politique qui vient d’être fait, vont provoquer. C’est à double titre que la classe ouvrière va souffrir attaques et provocations : comme classe exploitée, au niveau de ses conditions de vie pour faire face à l’impasse économique et aux exigences de la marche à la guerre ; et comme classe révolutionnaire, au niveau politique et idéologique car c’est est la seule force qui puisse s’opposer à la marche à la guerre ; celle qui porte en elle la destruction du capitalisme et l’avènement du communisme, société sans exploitation, sans classe, sans État, sans guerre ni misère.
Voilà pourquoi la réponse à cette marche à la guerre commence par les résistances ouvrières à toutes les attaques économiques et politiques contre les conditions de vie, par le refus du nationalisme, de l’union nationale, et de la défense de l’État démocratique bourgeois ; bref par son opposition et son refus aussi de la guerre. Mais pour que ces combats soient un minimum efficaces tant du point de vue immédiat des attaques – contraindre l’État bourgeois à les limiter, voire à reculer – et historiquement face à la guerre, il faut que les ouvriers se dotent des armes de combat, organisations et méthodes de lutte, qui correspondent à ce devenir révolutionnaire : c’est-à-dire à l’affrontement politique contre toutes les forces politiques, syndicales, médiatiques, police et justice, de l’État capitaliste – y compris contre les forces politiques de gauche et d’extrême gauche qui prétendent agir en son nom mais qui, en réalité, sabotent son combat historique en le ramenant systématiquement sur le terrain “ démocratique ” des élections bourgeoises et de la défense du “ peuple ” et de la nation .
Vu la gravité du moment et des enjeux, les minorités d’ouvriers déjà conscients et armés de la perspective révolutionnaire et du communisme, doivent se porter à l’avant-garde de ce combat historique en se regroupant à la fois dans les luttes ouvrières pour en prendre la tête mais aussi, et c’est encore plus important, en se rapprochant des groupes révolutionnaires et communistes.
La compréhension claire des enjeux historiques et du programme communiste, celle-là même qui est portée par les groupes communistes, est indispensable pour mener ce combat de manière efficace jusqu’à l’ouverture de la perspective révolutionnaire. Voilà pourquoi nous appelons tous ceux qui portent cette conscience communiste et qui désirent s’engager dans le combat révolutionnaire à se regrouper autour des groupes de la Gauche communiste, aussi faibles et dispersés soient-ils, et à s’engager à leur côté dans le combat pour la construction de l’indispensable parti communiste international de demain.