(Semestriel - Février 2017) |
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Luttes ouvrières dans le monde
L’actualité internationale est marquée par les bouleversements qui affectent les appareils politiques des principales nations capitalistes du monde et par les bouleversements des alliances impérialistes et les langages guerriers dont Trump et le Brexit sont les expressions les plus manifestes. Même si les luttes ouvrières sont pour la plupart d’entre elles passées sous silence par les média, la combativité prolétarienne et la persistance de ses combats, aussi limités soient-ils, n’en reste pas moins une réalité et la seule résistance historique au cours vers la guerre généralisée dans lequel le capitalisme nous entraîne inexorablement s’il n’est pas finalement abattu. C’est la seule alternative réaliste à la guerre impérialiste généralisée D’où l’importance “ historique ” - c’est-à-dire au-delà de leur signification immédiate – des luttes ouvrières actuelles.
Royaume-Uni : « Des millions de Londoniens étaient affectés, lundi 9 janvier, par une nouvelle grève dans le métro, dernier épisode en date d’un début d’hiver cauchemardesque pour les usagers britanniques, confrontés à une multitude de mouvements sociaux. Le plus vieux réseau souterrain du monde, inauguré en 1863, était presque entièrement paralysé depuis dimanche soir. (…) Plusieurs grèves ont déjà eu lieu depuis 2014 pour dénoncer ces réformes engagées par l’ancien maire conservateur de Londres, Boris Johnson. Rattrapé à son tour par le conflit, son successeur, le travailliste Sadiq Khan, a qualifié la grève de « totalement inutile » et déploré qu’elle « plonge dans la misère des millions de Londoniens (…) Cette « misère » pourrait se poursuivre mardi, mercredi et vendredi, puisque les employés de Southern Railways, la compagnie qui relie Londres au sud-est de l’Angleterre, a appelé à un nouveau débrayage pour protester contre la volonté de la direction de confier aux seuls conducteurs la fermeture des portes des trains. Des milliers de membres du personnel navigant de British Airways doivent également observer un mouvement social mardi et mercredi en raison d’un conflit portant sur les salaires des personnels embauchés depuis 2010. » (Le Monde, 9 janvier 2017).
Comme on le découvre à l’occasion du blocage des transports que les média ne peuvent pas ignorer, c’est toute une série de grèves qui ont eu lieu en Grande Bretagne ces dernières années, particulièrement dans les transports au point que leur nombre a augmenté de 33% en 2016 par rapport à l’année précédente. Mais surtout, après les grèves de décembre dans le métro, les trains et à la Poste, cette semaine du 9 au 13 janvier était l’occasion d’une extension et d’une dynamique d’unification des luttes qui non seulement aurait pu bloquer le pays, ou du moins la région autour de Londres, mais surtout représenter un appel concret à l’éclatement de combats de classe plus larges permettant d’envisager l’établissement d’un rapport de forces plus favorable à la classe exploitée prolétarienne contre le capital. Face à cette potentialité, les syndicats britanniques ont su briser la dynamique en cours. Alors que les contrôleurs de la Southern Rail étaient en grève les 18 et 20 décembre, le National Union of Rail, Maritime and Transport Workers a imposé une “ trêve de Noël ” stoppant ainsi le mouvement. À British Airways, le syndicat a réussi à annulé la grève prévue alors même que les travailleurs se déclaraient largement (dans la proportion de 7 contre 1) contre l’offre salariale recommandée par le syndicat. Dans le même temps, le syndicat de la Poste a réussi à limiter la grève à certains secteurs seulement. Il ne fait guère de doute que la crise et, plus particulièrement, le Brexit vont imposer de plus grandes attaques contre les conditions de vie ouvrières. S’ils veulent pouvoir résister avec un minimum d’efficacité, les travailleurs du Royaume Uni, ne pourront faire l’économie de s’opposer aux sabotages systématiques des syndicats et ainsi d’assumer le combat politique direct contre ceux-ci et les forces de gauche (et gauchistes) qui les soutiennent.
Mexique : au même moment, des protestations massives contre l’augmentation du prix de l’essence de plus de 20% ont suscité des émeutes dans tout le pays. Dans l’État de Mexico, une loi récemment adoptée permet à la police de tirer sur les manifestants. Dans ce même État, plus de 430 arrestations ont été faites et la police a blessé à mort plusieurs manifestants. Les boss syndicaux ont signé un pacte demandant aux travailleurs de retourner au travail et d’abandonner les luttes contre le gasolinazo et d’autres aspects de leur condition de vie [1].
Usa et Canada : Un vaste mouvement de grèves et de manifestations pour l’obtention d’un salaire horaire minimum de 15$ (10,5 €) a été lancé en 2015 aux USA et en 2016 au Canada. En Amérique du Nord, les différents taux de salaire minimum maintiennent les travailleurs au niveau du seuil de la pauvreté et même plus bas. Plutôt qu’un mouvement unifié Canada et USA, les syndicats veulent restreindre la lutte à la négociation de conventions collectives séparées. De plus des syndicats comme la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) commencent leur action de sabotage et reportent cet obtention à 2022.
Brésil : le 1er décembre, ont eu lieu des manifestations anti-austérité et des affrontements avec la police. Plus de 10 000 manifestants se sont rassemblés devant le Parlement brésilien pour protester contre les réductions de salaire, la réformes du système de retraite et une mesure prévoyant de geler les dépenses publiques du Brésil pour les 20 prochaines années. Ils ont tenté d’envahir le Parlement mais les forces policières ont tiré des balles en caoutchouc, des gaz lacrymogènes et de l’eau.
Grèce : Des retraités grecs ont manifesté le 8 novembre contre les nouvelles réductions des pensions imposées par l’état dans le cadre des mesures d’austérité réclamées par les bailleurs de fonds de la Grèce. Environ 3 000 personnes se sont rassemblées aux cris de ’menteurs’ devant le ministère du Travail dans le centre d’Athènes. Les manifestants se sont ensuite rendus au siège du Parlement en réclamant qu’on leur rende ’l’argent volé’. Au début décembre, des rassemblements, manifs, grèves et blocages de ports ont commencé dans toute la Grèce, notamment à Athènes, alors que le parlement discutait du budget 2017 et de nouvelles mesures d’austérité, toujours plus dures.
Afrique du Sud : À Johannesburg : les chauffeurs d’autobus ont fait une grève sauvage au début novembre.
Palestine : Les pannes d’électricités ont provoqué une manifestation ouvrière fortement réprimée par le Hamas. Les manifestants se sont dirigés vers les bureaux des compagnies d’électricité, chantant des slogans contre les dirigeants du Hamas et du Fatah Alors que ces milliers de manifestants se dirigeaient vers les compagnies d’électricité, les forces policière du Hamas, ont essayé d’empêcher les manifestants d’assaillir les bureaux des compagnies d’électricité en tirant des coups de feu en l’air. Quant aux ménages des bourgeois, ils peuvent acheter du diesel de producteurs privés, mais pour la classe ouvrière à Gaza, où le taux de chômage est de 43% et le revenu moyen entre 2 $ et 7 $ par jour, ce n’est pas possible [2].
Tunisie : Une grève générale était prévue pour le 8 décembre mais l’UGTT l’a annulé pour signer un compromis avec le gouvernement. Le Secrétaire général de l’UGTT a souligné que l’accord signé le 7 décembre “est un nouveau sacrifice offert par les salariés à la patrie, et une contribution de leur part à la réalisation de la stabilité sociale”. Quant au chef du gouvernement, il s’est félicité du “niveau remarquable” des négociations “ininterrompues” entre le gouvernement et l’UGTT, et du “sens patriotique élevé” de la centrale syndicale. Ce sabotage syndical n’a pas empêché la résistance ouvrière de reprendre au début janvier. Ainsi des manifestions et heurts avec la police principalement d’ouvriers de la construction ont eu lieu dans les villes de Kasserine et Jendouba, les professeurs et enseignants de collèges et de lycées ont fait la grève le 5 janvier et le trafic ferroviaire a été suspendu le samedi 14 janvier sur toutes les grandes lignes du pays suite à une grève impromptue des agents de la Société Nationale des Chemins de Fer Tunisiens (SNCFT).
Algérie : Des grèves ont eu lieu courant novembre dans l’enseignement, la santé et parmi les fonctionnaires. Le 27 novembre un rassemblement devant l’assemblée nationale n’a duré que peu de temps, les manifestants ayant été arrêté avant et pendant la manifestation. Des émeutes ont eu lieu dans plusieurs villes. Début janvier les grèves, émeutes et manifestations ont repris dans plusieurs localités contre la vie chère. Les arrestations depuis novembre se comptent par plusieurs centaines.
Mauritanie : Affrontements entre dockers et policiers. Des heurts ont opposé le 9 novembre, près du port de Nouakchott, des dockers grévistes à des unités de la police.
Bangladesh : Fin décembre Des dizaines de milliers de travailleurs du textile ont protesté dans le centre de fabrication de Ashulia qui produit des vêtements pour des marques occidentales comme Gap, Zara et H & M. Les protestations ont commencé suite au licenciement de 121 travailleurs. Le nombre de licenciés pourraient aller jusqu’à 3500. Les revendications se sont élargies demandant le triplement du salaire minimum mensuel. Environ 55 usines ont fermé pour tenter de limiter les manifestations, qui ont tourné à l’affrontement après que la police ait tiré des balles en caoutchouc et blessé 10 manifestants.
Chine : Le nombre de grèves a augmenté de 16% en 2016 par rapport à 2015. La Chine est un régime étatisé qui n’a jamais été socialiste ou communiste. Ce régime est une forme particulièrement brutale d’une tendance universelle au capitalisme d’état, propre à la période de décadence.
Notes:
[1] . Voir aussi sur le site de la TCI en anglais : http://www.leftcom.org/en/articles/2017-01-21/mexico%E2%80%99s-turmoil.
[2] . Voir Contre Isra
ël et la Palestine – Pour la lutte des classes http://www.leftcom.org/fr/articles/2002-11-01/contre-isra%C3%ABl-et-la-palestine-pour-la-lutte-des-classes