(semestriel - février 2020) |
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Luttes ouvrières internationales
Les différents épisodes de luttes et révoltes sociales massives qui ont traversé tous les continents ces derniers mois répondent à l’offensive de classe de toutes les bourgeoisies nationales et de leurs États. Crise économique, rivalités économiques et impérialistes, perspective de guerre, ne peuvent déboucher que sur une exacerbation des antagonismes de classe sous l’impulsion des classes dominantes. La période qui s’est ouverte peut être caractérisée comme celle de confrontations massives entre les classes dont l’issue déterminera en grande partie la marche à la guerre impérialiste généralisée ou bien l’ouverture d’une perspective pré-révolutionnaire. L’information et l’étude de ces divers affrontements de classe est une des tâches attribuées aux groupes communistes pour pouvoir définir une compréhension générale du cours des événements historiques, toujours déterminés par le rapport de forces entre les classes, par la lutte des classes, et développer leur capacité d’intervention en tant qu’avant-gardes politiques du prolétariat.
Limités par l’espace et la fréquence de notre revue, nous avons dû faire un choix parmi ces différentes mobilisations ouvrières et populaires – parmi celles présentant des caractéristiques prolétariennes. Outre les informations que les médias bourgeois internationaux n’ont pu passer sous silence, le lecteur peut se référer – nous l’invitons à le faire – à la presse révolutionnaire et plus particulièrement communiste. Les sites web de la Tendance communiste internationaliste (http://www.leftcom.org), du PCI-Le Prolétaire (http://www.pcint.org/), pour ne citer que les groupes communistes les plus actifs [1], ou encore la revue A Free Retriever’s Digest (https://afreeretriever.wordpress.com/) et Nuevo Curso (https://nuevocurso.org/) ont largement mentionné et pris position sur différentes luttes sur les continents américain, asiatique et européen.
Nous avons fait le choix ici d’informer et de prendre position sur trois luttes prolétariennes (cf. les pages web qui suivent) qui nous semblent, de par leurs caractéristiques et leur dynamique respective, à la fois montrer le chemin à suivre et l’avenir du combat de classe ; et, à travers leurs limites, le terrain principal de l’affrontement de classe, celui que le prolétariat se doit d’assumer et de mener s’il veut pouvoir déjouer les pièges syndicaux et politiques qui mènent aux défaites et dégager sa voie révolutionnaire. Les grèves de décembre-janvier en France – la mobilisation a toujours cours à l’heure où nous écrivons même si les grèves ont pour leur plus grande part cessé – ont clairement posé la question de la confrontation politique à l’État bourgeois, à sa police bien sûr toujours plus violente, mais surtout à ses forces syndicales et politiques de gauche, pour pouvoir étendre la lutte, ici la grève, à l’ensemble des secteurs prolétariens en France. La grève de la General Motors aux États-Unis vient relativiser, voire démentir, le mythe d’une classe ouvrière américaine en col bleu ne pouvant que voter pour Trump. Et en même temps, elle vient confirmer que toute lutte restant dans la corporation, ici le secteur de l’automobile, imposé par l’appareil syndical en tant qu’organe de l’État capitaliste, est vouée à l’échec. Enfin, largement passée sous silence dans les médias internationaux, l’initiative prolétarienne en Finlande – pays champion du monde du bonheur selon une étude bourgeoise - d’une grève à la Poste et de son début d’extension à tous les principaux secteurs du pays a réussi à faire reculer la bourgeoisie finlandaise, momentanément bien sûr. Contrairement au prolétariat en France qui n’a pas réussi, malgré sa combativité et son expérience, a disputé le contrôle et la direction de la lutte aux syndicats, le prolétariat en Finlande a pris l’initiative du combat et imposé son timing affaiblissant d’autant la maîtrise et le contrôle de l’affrontement par l’État finlandais et ses forces syndicales et politiques.
Nous n’en sommes qu’au tout début des confrontations historiques de classe. Mais d’ores et déjà l’expérience nous enseigne que le prolétariat ne pourra faire l’économie de s’engager résolument dans le combat politique, dans l’affrontement politique, contre les forces étatiques bourgeoises que sont les syndicats et les partis de gauche et gauchistes – tout autant bourgeois que les partis de droite. Revendiquer, se battre, disputer, contrôler la direction politique de chaque lutte, son terrain et ses échéances, contre le sabotage syndical est la voie que les travailleurs de General Motors n’ont su voir, celle que les prolétaires en France ont entrevue mais n’ont pu assumer, celle que le prolétariat en Finlande a su – sans doute dans des circonstances particulièrement favorables qui risquent fort de ne pas se représenter – assumer en partie et ainsi provoquer un recul de la bourgeoisie.
Notes:
[1] . Nous pourrions aussi mentionner le site web du CCI (https://world.internationalism.org/). Néanmoins, les prises de position de ce groupe sur les luttes ouvrières ramènent presque toujours à une position défaitiste sur les luttes ouvrières, théorie de la décomposition oblige, et à une vision idéaliste petite-bourgeoise de la lutte des classes qui se manifeste par la dénonciation comme des pièges, ou des manœuvres de la bourgeoisie, des luttes car non dégagées des forces syndicales et gauchiste et non ’pures et auto-organisées’. Nous ne pouvons pas développer ici.