(semestriel - février 2020) |
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Comment adhérer au GIGC et à un groupe communiste ?
Le GIGC au camarade L.,
Cher camarade,
Quelles sont les conditions et modalités pour adhérer à notre groupe ? L’adhésion à tout groupe communiste, a fortiori au parti communiste de demain, de nouveaux membres est une démarche individuelle qui se fait sur la base d’une conscience, ou conviction, politique et d’une volonté militante : « Un parti vit quand vivent une doctrine et une méthode d’action. Un parti est une école de pensée politique et en même temps une organisation de combat. Le premier trait est un fait de conscience, le second est un fait de volonté, plus précisément d’effort vers un but » (Parti et classe, PC d’Italie, 1921 [1]). La conscience politique renvoie en premier lieu au programme communiste et, de manière plus immédiate, à la plate-forme politique du groupe ou parti. La volonté renvoie à l’engagement militant au sein d’un corps collectif organisé et centralisé, le parti.
D’un point de vue formel, l’accord – tout aussi formel – avec nos positions de base (http://igcl.org/+Nos-positions+) est la condition et le critère principal de toute adhésion à notre groupe (comme à tout groupe communiste). Mais, comme tu pourras le constater, l’ensemble de ces positions ne constitue pas vraiment une plate-forme politique dans laquelle chaque position, que nous appelons position de classe, est argumentée et présentée dans un cadre global. Cela est dû à plusieurs raisons dont une des principales est que, jusqu’à ce jour et sans préjuger des circonstances futures, nous ne considérons pas que le GIGC puisse, ni ne doive, aspirer à constituer le pôle, ni même un des pôles, de regroupement international. Même si nous n’excluons pas de regrouper et d’intégrer de nouveaux camarades à notre combat bien sûr, nous inscrivons l’ensemble de nos activités, outre l’intervention dans les luttes ouvrières, autour du combat pour le parti et du regroupement international ; c’est-à-dire concrètement autour de la Tendance communiste internationaliste que nous considérons comme étant la principale organisation des forces et courants historiques de la Gauche communiste et la seule en position d’être et d’agir comme pôle historique et international de regroupement, ou de référence, aujourd’hui.
Néanmoins, nos positions de principe, base de toute adhésion à notre groupe, se situent dans le cadre des plate-formes politiques de la TCI et du CCI "d’origine", c’est-à-dire de celle qui n’intègre pas la question de la théorie idéaliste et opportuniste de la décomposition que cette organisation a adoptée dans les années 1990. Cela n’est pas simplement dû au hasard – les origines et trajectoires politiques de nos membres ayant été influencés plutôt par l’un ou l’autre des deux courants selon les cas –, ni à nos seules limites en tant que groupe. Nous estimons que les principales divergences "historiques" entre les deux courants historiques recoupent la plus grande partie – pas toutes – des questions essentielles auxquelles le prolétariat et ses minorités politiques sont aujourd’hui confrontés et auxquelles il leur faudra répondre dans la période qui vient. Ces débats devraient être assumés, organisés et systématisés par ces forces et même pouvoir se mener dans le même cadre organisationnel, du moins dans cet espace commun qui constitue le camp prolétarien, ou encore le parti en devenir. C’est le sens et un des axes principaux de notre orientation politique depuis notre constitution.
Pour ce qui est de la définition individuelle, ou positionnement, sur nos positions de principe, tu peux te référer à la démarche et à la prise de position qu’un de nos sympathisants, aujourd’hui membre de notre groupe, avait adopté en 2014 : Prise de position sur les PF de la TCI et du CCI (Révolution ou guerre #2 [2]). C’est pour nous un exemple de la méthode qu’il convient d’utiliser pour tout processus de regroupement et d’adhésion à un groupe communiste et en assurer au maximum le succès sur le long terme.
Les orientations politiques
Si l’accord "vérifié", c’est-à-dire discuté entre le camarade voulant adhérer et le groupe comme un tout, avec tous les points de la plate-forme, dans notre cas nos positions de base ou de principe, est un préalable pour toute adhésion, celle-ci doit aussi se faire sur la base d’un accord global avec les principales orientations politiques du groupe, ou parti, c’est-à-dire avec la "tactique", afin qu’il y ait une homogénéité et unité politiques minimales pour que l’organisme puisse agir le plus efficacement possible – principes et tactiques étant étroitement liés et se devant d’être en cohérence. C’est dans ce sens que la conférence de constitution du GIGC en 2013 avait adopté des Thèses sur la situation internationale (RG #1) et un texte, Retour critique sur une contribution à un état des lieux de la Gauche communiste, qui « fut adopté comme texte d’orientation par la conférence de constitution de novembre 2013 » [3] (RG #2) qui définissait notre orientation vis-à-vis du camp prolétarien.
Bien évidemment, et contrairement à la plate-forme et aux questions de principe, il ne s’agit pas d’être en accord mot pour mot, point par point, avec des textes abordant les questions de tactique. Nos thèses sur la situation internationale datent de juillet 2013 et, depuis lors, la situation historique internationale a évolué, confirmant certains de nos points, en infirmant d’autres, et en en soulevant d’autres encore que les Thèses n’abordaient pas. Il n’en reste pas moins que le cadre fondamental, théorique et politique, de ce document est défini par l’alternative historique Révolution prolétarienne ou guerre impérialiste généralisée comme expression ultime de toutes les contradictions du capitalisme et donc facteur principal de l’évolution de sa situation ; et en particulier de l’évolution du rapport de forces historique entre capital et travail, entre la classe capitaliste et le prolétariat. Cette question est donc aussi un point essentiel pour l’intégration à notre groupe aujourd’hui car elle détermine toute notre activité et intervention dans la classe et le camp prolétarien pour lesquelles un minimum d’homogénéité et d’unité politiques sont nécessaires à leur développement et efficacité.
Il en va de même de l’orientation politique à développer dans le combat pour le parti. La conception du camp prolétarien comme un tout, c’est-à-dire avec ses forces et ses faiblesses, son unité et ses contradictions – en particulier sa division entre forces partidistes et antipartidistes [4] –, le danger permanent de la pénétration de l’opportunisme politique en son sein et donc du combat à mener contre celui-ci, et le fait que le parti de demain ne pourra se constituer que sur la base de l’héritage programmatique de la Gauche communiste [5], est un point à débattre et clarifier avant toute adhésion au GIGC. En effet, aujourd’hui cette orientation, au même titre que celle définie par l’alternative historique, détermine l’ensemble de nos activités et notre intervention dans les camps prolétarien et révolutionnaire. Cette vision fonde notre position selon laquelle la TCI est dans la période actuelle la seule organisation en capacité et… en devoir de polariser l’ensemble des forces, anciennes et nouvelles, qui s’inscrivent résolument dans le combat pour le parti, les forces que nous appelons les forces partidistes. Néanmoins, en soi, cette position ne peut être considérée comme un critère d’adhésion : rien ne garantit, ni même malheureusement n’indique dans la politique actuelle de la TCI, qu’à coup sûr celle-ci assume un jour cette fonction comme elle le devrait et que la situation historique ne finisse pas par changer la donne, redistribuer les cartes, au sein du camp prolétarien.
L’engagement militant et l’organisation politique
Enfin, il est un autre "critère" pour adhérer à notre groupe (comme à tout groupe communiste) : celui de la conception de l’organisation politique, de son fonctionnement et du rapport entre le militant et le corps collectif international organisé et centralisé. Ce point est en lien avec la question de la volonté militante. Mais il n’en reste pas moins aussi une question de principe fondamental et, qui plus est, parmi les plus difficiles à débattre et à clarifier. C’est en grande partie dans la pratique militante quotidienne que le militant et... l’organisation clarifient et vérifient la valeur et la justesse de la conception et de la pratique militante collective et centralisée – nous insistons. Voilà pourquoi nous essayons de publier au moins des extraits de nos rapports d’activités internes pour nos réunions générales. Nous te renvoyons au Rapport d’activités [6] (RG #12) que notre 2e réunion générale a adopté en juin dernier et attirons tout spécialement ton attention, au-delà des quelques éléments de notre vie et fonctionnement quotidiens qui y sont mentionnés et qui pourraient t’éclairer sur la réalité de nos activités et de notre fonctionnement, sur ce que nous présentons, et revendiquons, comme la méthode de parti à développer et mettre en pratique y compris dans les petits cercles d’aujourd’hui. Tu peux aussi te référer au rapport pour notre 1er réunion générale (RG #6) en 2016.
Ce sont donc là les trois "critères" – accord formel avec la plate-forme, accord général avec les orientation, volonté d’engagement militant dans un corps collectif international centralisé – sur lesquels nous estimons qu’une véritable intégration politique puisse se réaliser dans tout groupe communiste, et bien sûr au sein du GIGC lui-même tel qu’il existe aujourd’hui. Véritable intégration ou adhésion insistons-nous, car il ne s’agit pas d’intégrer en soi de nouveaux camarades – de "gagner des militants" pour faire nombre – sans qu’ils soient réellement convaincus des positions de principe, des orientations générales et du fonctionnement du groupe et en capacité réelle de pouvoir les défendre face à la classe et aux autres forces politiques au nom du groupe, ou du parti, d’une part ; et d’autre part en capacité de s’intégrer tout aussi réellement, efficacement, à l’activité collective consciente, internationale, organisée et centralisée du groupe communiste. L’engagement et l’adhésion militants ne constituent donc pas selon nous, ne se limitent pas à, une simple déclaration d’accord et d’adhésion. Il s’agit d’un véritable processus politique, il ne peut en être autrement, entre l’organisation et le militant au cours duquel discussions et clarifications politiques des questions de principe et de tactique s’accompagnent d’une pratique militante commune croissante dans laquelle le nouveau militant, même si formellement non encore membre du groupe, est invité et encouragé à participer. Et dans laquelle le groupe et le militant peuvent vérifier la concordance entre l’accord programmatique et de principe et leur compréhension militante réelle dans la pratique. C’est vrai pour le nouveau militant bien sûr. Mais c’est aussi vrai pour le groupe comme un tout qui vérifie aussi pour lui-même en cette occasion la cohérence entre ses principes et sa pratique du moment.
(...).
Donc, concrètement, nous te proposons d’engager une discussion systématique des points de notre plate-forme, ou positions de principe, en lien avec les deux plate-formes de la TCI et du CCI. Bien évidemment, nous sommes aussi ouverts à toute autre question de ta part – en particulier sur l’actualité. Nous essayons de privilégier les correspondances écrites ce qui ’obligent’ à un minimum de méthode et de sérieux pour présenter les positions et les arguments ; et cela tant pour le militant que pour le groupe comme un tout. Le processus de discussion que nous te proposons n’est pas une discussion entre un professeur et son élève, mais un processus dynamique dans lequel les ’deux parties’, bien qu’inégales – le corps politique collectif, organisé, centralisé et historiquement lié à la Gauche communiste n’a pas le même ’poids’ historique et politique, ni la même responsabilité, que l’individu militant –, s’enrichissent l’une l’autre et apprennent l’une de l’autre.
(...).
N’hésite pas non plus à nous faire part de tout désaccord ou questionnement sur le contenu de cette lettre et les orientations que nous te proposons.
Partie intégrante de nos positions de base : la filiation historique
« Les positions des organisations révolutionnaires et leur activité sont le produit des expériences passées de la classe ouvrière et des leçons qu’en ont tirées tout au long de l’histoire ses organisations politiques. Le GIGC se réclame ainsi des apports successifs de la Ligue des Communistes de Marx et Engels (1847-52), des trois Internationales (l’Association Internationale des Travailleurs, 1864-72, l’Internationale Socialiste, 1889-1914, l’Internationale Communiste, 1919-28), des fractions de gauche qui se sont dégagées dans les années 1920-30 de la 3e Internationale lors de sa dégénérescence, en particulier les gauches allemande, hollandaise et italienne, et des groupes de la Gauche communiste qui se sont développés en particulier dans les années 1970 et 1980 et qui sont issus de ces fractions ».
Notes:
[1] . Ce texte fut publié dans la Rassegna Comunista du 15 avril 1921 et écrit par Bordiga : https://www.marxists.org/francais/bordiga/works/1921/04/bordiga_19210415.htm.
[4] . Si nous ne pouvons aborder cette question ici, précisons tout de même qu’elle ne se limite pas, loin s’en faut, à la seule revendication formelle du parti.
[5] . Ce qui ne veut pas dire exclure, ou ignorer, par "principe" les autres forces révolutionnaires qui peuvent exister et qui ne se revendiquent pas de la Gauche communiste.