Numéro spécial : Sur le camp prolétarien et son devenir - juillet 2019 |
Accueil | Version imprimable |
Lettre au groupe Internationalist Voice
Le Groupe international de la Gauche communiste à Internationalist Voice,
Depuis plus d’un an maintenant, vous nous envoyez vos prises de position et vous vous adressez à nous avec un "chers camarades" qui doit prévaloir entre groupes communistes. Donc, nous voudrions vous demander si vous considérez toujours le GIGC comme « un groupe aventurier et sans principe » dont « les campagnes ne bénéficient qu’à la police politique » (cf. votre communiqué du 11 mai 2014 Solidarity with the ICC [1]), ce qui serait tout à fait contradictoire et inconséquent avec vos actuelles "salutations fraternelles". Cette prise de position était en continuité avec l’intervention et les correspondances que vous aviez avec Klasbatalo (les Communistes internationalistes de Montréal) en 2012 lorsqu’il discutait avec l’ex-Fraction interne du CCI, c’est-à-dire la Fraction de la Gauche communiste internationale. Pour vous alors, « l’action de ces gens ("FIGC") discrédite le Courant Communiste International et ils camouflent leurs actions de pollution par la création d’une "fraction" et sous couvert de sauver le CCI ». Au moins à l’époque, vous étiez conséquents et cohérents avec votre appel aux jeunes camarades de Klasbatalo selon lequel « la précondition pour un débat politique avec vous est que vous critiquiez sérieusement votre pratique et rejeter publiquement les actions de groupes comme la "FIGC" » (Réponse à Klasbatalo, Int. Voice, 15 octobre 2011 [2]). Vous ne pouvez ignorer que Klasbatalo et la FIGC (« ces gens » que le CCI dénonçait publiquement dans sa presse internationale comme policiers, gangsters, voleurs, nazis, etc.) se sont dissous comme groupes spécifiques et que leurs membres ont constitué l’actuel GIGC en 2013.
Nous nous demandons donc quelle est la signification politique de votre virage à 180 degrés (de ces gens à chers camarades). Est-il dû à une conviction sincère sur le fait que vous aviez tort de suivre les calomnies et les accusations du CCI et, surtout, de coller à leur théorie destructrice du parasitisme ? Or bien est-ce dû à une vulgaire tentative pour rompre avec votre isolement international et avec la méfiance politique à votre égard que vous avez provoquée tout au long des années parmi les autres groupes du Camp prolétarien avec votre attitude opportuniste (dans le sens premier du terme) vis-à-vis de ce dernier et particulièrement du CCI ?
Dans le premier cas, nous ne pourrions l’accueillir en confiance que si vous faisiez un bilan critique de votre politique. Pourquoi rejetez-vous aujourd’hui la théorie du parasitisme et quelles sont les conditions qui ont prévalu à son adoption à l’époque ? Quelle erreur de principe et de méthode avez-vous commise ? C’est ainsi que nous considérons la responsabilité politique que les révolutionnaires doivent à leur classe. Si vous rejetez maintenant le "parasitisme", alors il faut l’expliquer publiquement.
Maintenant, aussi "ouvert" pouvons-nous être, nous ne pouvons pas exclure le deuxième cas : une tactique grossière pour briser avec l’isolement politique international. Pourquoi ? Parce que vous êtes le seul groupe se revendiquant de faire partie de la Gauche communiste qui a soutenu publiquement et constamment les actions de destruction du CCI envers ses anciens membres, particulièrement quand ils refusaient de démissionner et continuaient comme militants communistes [3]. Et parce que vous êtes les seuls à appuyer de fait la théorie du parasitisme et ses conséquences politiques et personnelles sur les militants.
Si les jeunes camarades de Klasbatalo avaient suivi vos conseils à l’époque et respecter vos "préconditions", vous ne pourriez pas les appeler aujourd’hui "chers camarades" puisqu’ils ne seraient certainement plus des militant actifs comme c’est le cas pour la plupart des jeunes et nouveaux révolutionnaires que le CCI avait intégrés dans les années 2000 tout autour du monde… précisément sur la base de la théorie du parasitisme et des clans et à la "précondition" qu’ils dénoncent en priorité… la Fraction interne du CCI, puis le GIGC, les paroles exactes que vous aviez adressées à Klasbatalo.
Si l’introduction de la théorie opportuniste, petite-bourgeoise et destructrice du parasitisme au sein du Camp prolétarien n’avait pas été défaite – comme le CCI le reconnaît aujourd’hui publiquement –, alors la Résolution présentée à son 16e congrès en 2005 appelant à la destruction du BIPR, aujourd’hui la TCI, aurait continué et provoqué encore plus de destruction de forces et de convictions communistes. En fait, vous avez été, au moins objectivement si nous acceptons de vous donner quelque crédit, les seuls "alliés" de cette tentative pour détruire et liquider les principales forces du Camp prolétarien.
Vous devez des explications, et une clarification, au prolétariat international et à tout le camp communiste.
La réponse d’Internationalist Voice
« Du fait d’un acte irresponsable de l’ancien Klasbatalo, cet e-mail a été ajouté à notre liste d’envoi comme l’adresse de Klasbatalo et non du GIGC. Nous avons corrigé l’erreur et retiré l’adresse de notre liste. Internationalist Voice » (nous soulignons).
Et de nous joindre la copie de l’envoi soi-disant irresponsable de Klasbatalo après sa dissolution et la constitution du GIGC fin 2013 ! « chers camarades, notre nouvelle adresse est intleftcom@gmail.com, salutations internationalistes ». Le lecteur peut évaluer la gravité de l’acte irresponsable – prévenir de la fermeture d’une adresse et de l’ouverture d’une autre ! –, le sérieux de l’accusation et le trouble qu’il a pu provoquer dans l’âme, disons aimablement, troublée – par la théorie du parasitisme et des clans ? - d’Internationalist Voice. Et l’absence de tout caractère politique à cette réponse.
Notes:
[3] Alors, par exemple, que les deux autres principaux groupes de la Gauche communiste à l’époque, le BIPR et le PCI-Programme communiste, ont dénoncé les méthodes du CCI et ont rejeté les accusations contre les membres qui en furent exclus.