(Septembre 2021) |
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Luttes ouvrières et sabotages syndicaux
Petit à petit, un peu partout dans le monde, après le choc de la pandémie et des mesures étatiques de confinement et de contrôle de la population, la classe ouvrière tend à reprendre le chemin de ses combats pour la défense de ses conditions de vie et de travail. Il est certain que la crise économique a déjà commencé à affecter directement une grande partie du prolétariat mondial, en particulier dans les pays les moins « riches ». Alors que les mesures « d’aide sociale » adoptées durant la pandémie principalement dans les pays européens et en Amérique du nord sont sur le point d’être abandonnées et que des millions de prolétaires vont en subir les conséquences, le chômage, l’inflation, surtout des aliments de base tel le pain, la baisse des salaires, les conditions de travail détériorées frappent un peu partout. Sur tous les continents, en Iran, au Liban, en Algérie, Tunisie, Afrique du sud, mais aussi en Grèce – pour ne citer que quelques pays –, la pauvreté s’installe durablement et massivement. Ces conditions de misère provoque des réactions qui semblent vouloir reprendre la dynamique internationale de luttes prolétariennes et de révoltes sociales qui s’était affirmée à l’automne 2019, avant que l’éclatement du Covid et les mesures de confinement viennent l’interrompre soudainement.
Quelques exemples parmi d’autres, sachant que nos informations sont loin d’être complètes : depuis le début de l’été, les manifestations de rue, réprimées, se multiplient en Algérie, Tunisie, Liban, Égypte, en particulier contre la misère en général et la pénurie de pain en particulier. En Iran, courant août, des manifestations violemment attaquées par la police et la milice islamiste, les Bassidji en particulier, ont succédé à de nouvelles grèves dans le secteur pétrolier. Dans le même temps, les travailleurs dits précaires, ou « auto-entrepreneurs » travaillant, et sur-exploités par les plateformes de coursiers et de distribution à domicile, type Deliveroo, se rebellent et manifestent dans nombre de pays, en Espagne, Italie, Angleterre ou encore en Lithuanie. La fin rapide maintenant des mesures d’aides des pays les plus « riches », mesures visant surtout à prévenir une explosion sociale si des millions de prolétaires européens ou d’Amérique du nord venaient à plonger subitement dans la misère la plus noire, faute de salaire, va provoquer la faillite de nombreuses entreprises, petites ou grandes, appelées « zombies » car insolvables et n’ayant survécu artificiellement que par les subventions « covid » et donc une aggravation du chômage, des salaires et des conditions de travail – sans évoquer les expulsions des logements et autres conséquences de la misère qui vient. La fin des mesures sociales liées au covid annonce la présentation de la facture aux prolétaires. D’ores et déjà, des luttes prolétariennes tendent à éclater en réponse aux attaques directes du capital.
En Allemagne, des grèves importantes ont affecté les chemins de fer durant l’été. Dernièrement, l’hôpital La Charité à Berlin, le plus important d’Europe, 15000 salariés, a connu une lutte réclamant l’embauche de personnel, la titularisation des travailleurs de la santé des sous-traitant travaillant pour l’hôpital et une politique « pour les besoins de santé » et non dictée par la « maîtrise des coûts ». Il est intéressant de relever que des tentatives d’organiser directement la lutte furent organisées par les travailleurs eux-mêmes.
Aux États-Unis, les travailleurs de l’usine Volvo de Dublin en Viriginie ont fait grève durant cinq semaines contre l’avis du syndicat de l’automobile, l’UAW, et le contrat que celui-ci avait signé. En août, toujours malgré l’UAW, les 3500 ouvriers de DANA se mirent à leur tour en grève. Les premiers formèrent un Comité de base des travailleurs (Volvo Workers Rank-and-File Committee – VWRFC) pour s’opposer au contrat signé par l’UAW et lutter pour l’extension de leur lutte. Il en fut de même lors de la grève chez DANA, même s’il semble fort probable qu’il fut constitué et créé sous l’impulsion de syndicalistes de base, et l’influence de trotskistes. Il n’en reste pas moins qu’ils expriment une défiance, voire une tentative d’opposition aux syndicats et de prise en main par les travailleurs eux-mêmes de leur lutte et de la défense de leurs intérêts.
Le début de dynamique de lutte ouvrière internationale est là, même si timide. Pour que cette dynamique se confirme, s’affirme et se développe, les prolétaires vont devoir, entre autres choses, se confronter aux sabotages et manœuvres des syndicats, quel que soit le pays, quel que soit le continent. Aux prolétaires les plus combatifs de s’appuyer sur ces premières expériences, pour prendre confiance en eux et s’organiser – par exemple en comités de lutte – pour préparer, voire lancer, luttes et grèves.