Révolution ou Guerre n°13

(Semestriel - Octobre 2019)

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Sur la période de transition entre le capitalisme et le communisme

Nous prenons l’initiative de publier dans nos pages l’introduction du camarade Fredo Corvo aux Principes fondamentaux de la production et de la distribution communiste du Groep(en) van Internationale Communisten (1935) [1] parce que cette introduction participe à sa façon au débat sur la période de transition au sein du parti en devenir. En effet, l’introduction retrace et situe le débat sur la période de transition dans le cadre de la Gauche communiste et plus particulièrement entre les gauches dites italienne et hollandaise. C’est un point fondamental car ce n’est que dans ce cadre théorico-programmatique que la question peut être abordée et approfondie encore aujourd’hui. Si cette question reste une question "ouverte" et si, d’autre part, notre groupe n’a pas les moyens aujourd’hui de se prononcer de manière tranchée, il n’en reste pas moins que cette question ne peut être abordée qu’à partir du cadre programmatique et théorique de la Gauche communiste. Cela exclut de fait les Dauvé et autres “communisateurs” auquels Fredo se réfère en ce qu’ils ne sont au fond que des anarchistes raffinés qui utilisent un verbiage “marxiste”.

Les principes fondamentaux qui fixe le cadre de cette question sont l’exercice de la dictature du prolétariat et la destruction finale de la valeur en tant que rapport social, marchandise et salariat au premier chef, ce qui exclut aujourd’hui du champs communiste toute mesure de capitalisme d’État, même si de telles mesures capitalistes ont pu être des nécessités pour la dictature de classe en Russie.

Si Fredo Corvo et les thèses du GIC se situent dans ce cadre ce qui "autorise" le débat, nous n’en partageons pas toutes les assertions et divergeons sur certaines appréciations, en particulier sur Lénine chez qui il y aurait, selon Fredo et le GIC, confusion de notion entre socialisme et capitalisme d’État. Tout militant qui se donne la peine de lire L’infantilisme de gauche et les idées petites-bourgeoises, Sur l’impôt en nature et La catastrophe imminente et les moyens de la conjurer y verra que Lénine est plus que clair sur le caractère non-socialiste des premières mesures de la dictature du prolétariat en Russie. Le capitalisme d’État n’étant qu’un moyen de combattre la petite production dans l’attente du renfort révolutionnaire de l’occident. Les camarades peuvent être en désaccord avec les mesures prises par les bolchéviks, il faudra alors se positionner par rapport aux débats de cette époque. Est-ce que les populistes, les socialistes-révolutionnaires ou encore les menchéviks avançaient des positions plus appropriées, plus révolutionnaires ? De notre côté, nous nous revendiquons pleinement des positions des bolchéviks.

De même, nous ne sommes pas d’accord avec l’assertion de Fredo que la critique faite par la revue Bilan – la gauche "italienne" en exil – des Principes Fondamentaux souffrait d’une méconnaisse du cadre théorique du GIC. Au contraire, la lecture, par exemple, de Marxism and State Communism [2] du GIC conforte la critique de Bilan : le GIC met toujours de l’avant des mesures économiques formelles devant la question du pouvoir politique, ce qui est pour nous un glissement très dangereux vers l’apolitisme. En effet, même sur la question de la nature du communisme, le GIC n’est pas très loin au fond de la démocratie directe chère aux anarchistes et anarcho-syndicalistes : « Mais si nous regardons la dictature du prolétariat du point de vue de la transformation des relations sociales, des relations réciproques entre les hommes, alors la dictature est la véritable conquête de la démocratie. Le communisme ne veut pas dire autre chose que le fait que l’humanité entre dans une phase culturelle supérieure, étant donné que toutes les fonctions sociales sont placées sous la direction et le contrôle de tous les travailleurs, et qu’ainsi ceux-ci prennent leur destin en main. Autrement dit, la démocratie est devenue le principe de vie de la société. De ce fait, une démocratie essentielle, enracinée dans la gestion de la vie sociale par les masses laborieuses, est exactement la même chose que la dictature du prolétariat »  [3]. Au contraire, en accord avec la tradition “italienne” de la Gauche communiste, le communisme n’est pas l’extension de la démocratie la plus pure, mais son abolition concomittante à l’abolition des classes et de l’État. Une société sans classe sera en mesure de fonctionner harmonieusement sans le mécanisme démocratique. Mais avant de se rendre à ce but final, il y aura tout un processus dont l’insurrection ne sera que l’acte fondateur. La mise en place de la dictature du prolétariat et son exercise jusqu’à l’abolition des classes ne pourra se faire sans l’intervention à même les luttes de militants qui, ayant conscience du but final des luttes, seront amenés à exercer un leadership politique vis à vis le reste de leur classe, donnant ainsi la capacité politique au prolétariat de vaincre la bourgeoisie et d’abolir le capital. Ce regroupement de militants, c’est le parti communiste.

Révolution ou Guerre

Introduction au texte du G.I.C. sur l’économie de la période de transition (Fredo Corvo)

Cet article donne une introduction dans l’ouvrage politico-économique le plus important du GIC. Il essaye de clarifier les malentendus les plus importantes qui continuent de marquer sa réception.

Origine et signification des "Principes fondamentaux"

L’ouvrage Principes fondamentaux de la production et de la distribution communistes (plus tard abrégé en Principes fondamentaux) du Groep(en) van Internationale Communisten (GIC) est un texte important de la gauche communiste sur les problèmes économiques de la période de transition du capitalisme au communisme. Le GIC décrit l’intérêt des Principes fondamentaux ainsi :

« Dès que le gouvernement de la classe ouvrière est devenu un fait dans un pays industrialisé, le prolétariat se trouve confronté à la tâche de mener à bien la transformation de la vie économique sur de nouvelles bases, celles du travail collectif. L’abolition de la propriété privée est facilement déclarée, et ce sera la première mesure du système politique instauré par la classe ouvrière. Mais ce n’est là qu’un acte juridique qui est destiné à fournir des bases légales au processus économique réel. La transformation réelle et le véritable travail révolutionnaire ne fait alors que commence »  [4].

La signification courante de ce texte ne se limite pas à la réponse apportée aux questions qui se poseront immédiatement lorsque la classe ouvrière se sera emparée du pouvoir politique. Les Principes fondamentaux présentent un intérêt supplémentaire dans le débat entre les jugements portés par la gauche italienne et par la gauche germano-hollandaise sur les leçons des révolutions ouvrières de 1917-1923. Ce débat se heurte encore à une ignorance mutuelle des opinions de chacune d’elles. En raison du manque de traductions complètes de l’édition finale des Principes fondamentaux de l’année 1935, et parfois du fait de l’existence d’extraits limités et de l’absence de connaissance des études préliminaires aux Principes fondamentaux [5], toutes sortes de malenten­dus sont nés qui ont fait obstacle à la discussion jusqu’à aujourd’hui.

Par-delà Marx, Engels et Lénine

Les Principes fondamentaux sont une élaboration du concept d’une nouvelle société, concept que Karl Marx et Friedrich Engels ont tiré des contradictions internes du capitalisme et de l’action autonome de la classe ouvrière de leur époque, en particulier dans les révolutions bourgeoises de 1848 et dans la Commune de Paris de 1871. Dans la première édition des Principes fondamentaux (en allemand), les rédacteurs du GIC relatent que ce n’est qu’après avoir achevé leurs études qu’ils avaient eu connaissance de la Critique du programme de Gotha de Marx. En conséquence les mesures économiques que le GIC a proposées avaient déjà été avancées par Marx [6]. Détestant toute scolastique, le GIC a analysé de manière critique les idées réformistes d’économie planifiée qui avaient été développées après Marx et Engels. Le GIC montre dans les six premiers chapitres que les bolcheviks ont appliqué en Union soviétique une conception capitaliste d’État de l’économie planifiée, conception qu’ils avaient empruntée au réformisme. En outre, dans son édition finale de 1935 en néerlandais, le GIC critique la variante d’économie planifiée du communisme libertaire telle qu’elle avait été appliquée par l’anarcho-syndicalisme en 1936 en Espagne [7]. Mais surtout, le GIC se fonde sur les mouvements révolutionnaires des conseils en Russie et en Allemagne de 1917 à 1923.

Pour une bonne compréhension des Principes fondamentaux, il est nécessaire d’appréhender le cadre politique dans lequel le GIC propose ses mesures économiques. Comme cela est clair d’après la citation susmentionnée, le GIC présuppose une révolution prolétarienne triomphante dans laquelle les travailleurs dominent un territoire industriel de taille raisonnable. Dans cette révolution, la classe ouvrière, massivement organisée en conseils, a écrasé l’État bourgeois et, à partir de ce moment-là, elle exerce la dictature du prolétariat au moyen de ces mêmes conseils sur une société et une économie qui affichent encore presque toutes les caractéristiques du capitalisme. Dans la mesure où la résistance de la classe capitaliste et des autres classes vaincues faiblit et où la révolution prolétarienne se répand de par le monde, cet “État ouvrier” dépérit. Tel est brièvement le cadre politique que le GIC, pense-t-on souvent à tort, a négligé en faveur de l’aspect “économique”. Il faudrait noter que l’opposition conceptuelle de l’“économie” et de la “politique” est typiquement une approche léniniste. Les Principes fondamentaux ne négligent pas l’aspect “politique”, mais le GIC prend une position différente de celle de Lénine en mettant l’accent sur le fait que la dictature du prolétariat est l’exercice massif du pouvoir de la classe ouvrière par les conseils, et non pas la dictature d’un parti avec l’aide de l’État. Le lecteur des Principes fondamentaux ne devrait pas s’attendre à une analyse plus poussée de la Révolution russe parce que ce n’était pas le but de ce texte. De même, les Principes fondamentaux ne s’intéressent à aucune des formes supérieures du communisme, mais ils se concentrent sur la période qui suit immédiatement la révolution et sur les mesures économiques qui doivent assurer que les travailleurs continueront à exercer le pouvoir sur la société.

C’est dans ce cadre politique que le GIC se focalise sur les aspects économiques de la phase de transition. La classe ouvrière utilise le pouvoir qu’elle détient sur les moyens de production pour abolir le travail salarié dans tous ses aspects. Elle fait cela en tant que classe révolutionnaire, en commençant résolument à mettre fin à la division entre le travail intellectuel et le travail manuel et en révolutionnant les relations sociales en tant que masse organisée en assemblées générales d’entreprise et en conseils. Marx pensait à cette organisation quand il écrivait sur « l’association des producteurs libres et égaux ». Avec cette association, les rapports de production effectuent un saut immédiat de la production pour le profit à la production pour les besoins sociaux. À long terme, la classe ouvrière amènera l’économie de la pénurie à l’abondance : elle permettra ainsi l’intégration des autres classes dans « l’association des producteurs libres et égaux », dans laquelle le travail se transformera en développement de la personnalité unique de chaque individu. Le principe de la consommation de chacun en fonction des besoins s’étendra à une partie toujours plus large de la production.

[Suit ici une rapide biographie de Jan Appel qui fut le principal rédacteur des Principes fondamentaux que nous ne pouvons reproduire faute de place. Elle est accompagnée ensuite du rappel que ce texte fut préparé par « trois études préliminaires ». La première fait « directement référence à l’expérience pratique de la révolution en Russie » et la deuxième porte « sur le problème des relations entre l’industrie et le secteur agricole ». La troisième étude, GIC, Marxisme et communisme d’État : le dépérissement de l’État, « critique l’identification de la nationalisation à la socialisation et du capitalisme d’État au socialisme », note du GIGC].

2. Malentendus et anti-critique

Dans ce qui précède, il a été fait référence aux malentendus qui sont nés au fil du temps et qui étaient dus aux médiocres traductions et résumés de Principes fondamentaux, ainsi qu’à la méconnaissance des trois études préliminaires. Cette section présente les plus importants de ces malentendus et elle les corrige avec des références à la version de 1935 des Principes fondamentaux.

La première critique a été celle d’Hermann Gorter lors de la présentation de la première ébauche de Jan Appel. Malheureusement, cette critique n’a été transmise que par voie orale. Le recours de Gorter à L’État et la révolution de Lénine pour appuyer son opinion selon laquelle la production devrait être organisée à la façon du service des postes et à celle des chemins de fera a reçu sa réponse dans la critique de Lénine par Appel dans la version originale en allemand de 1927 de la brochure du GIC : Marxisme en staatscommunisme ; het afsterven van de staat [8].

Idéaux présupposés d’absolue égalité

Anton Pannekoek a été lui aussi tout d’abord sceptique et il n’a d’ailleurs pas voulu rédiger une introduction à ce qu’il considérait comme un plan utopique. Après lecture, il s’est très facilement avéré que c’était davantage une critique de l’opi­nion selon laquelle l’organisation de la production devait être faite par l’État [9]. Dans son livre De Arbeidersraden(1946), Pannekoek a consacré dix pages à résumer les Principes fondamentaux [10]. Dans son ouvrage de référence sur la Gauche communiste hollandaise et allemande, Bourrinet suggère que Pannekoek critique “implicitement” les Principes fondamentaux dans De Arbeidersraden. Parmi beaucoup d’autres idées fausses, qui montrent que l’auteur ne connaît pas la version des Principes fondamentaux revue et corrigée en 1935, Bourrinet présuppose faussement que le GIC emploie une idée absolue de “justice” et de “distribution égale” [11].

Dans son introduction à la réédition de la première édition allemande en 1970, Paul Mattick avait déjà critiqué la distribution fondée sur les heures de travail que le GIC proposait au début de la phase de transition. De plus, cette introduction contient toutes sortes de points qui sont intéressants pour la discussion, mais qui dépassent le cadre de ce texte. « Les possibles injustices d’une distribution liée au temps de travail » que Mattick indiquait, à savoir qu’en dépit de l’égalité formelle il n’y a d’égalité ni du travail, ni des conditions de vie des travailleurs, étaient connus aussi bien du GIC que de Marx, et la solution essentielle en était l’évolution vers un stade supérieur du communisme où ce qui prévaudra c’est de prendre en fonction des besoins et de donner en fonction des capacités. Mattick simplifie le problème en partant de l’hypothèse que « dans les pays capitalistes avancés (...) les forces sociales de production sont suffisamment développées pour produire des moyens de consommation en abondance » et que « dans les conditions d’une économie communiste, il est possible de produire une abondance de moyens de consommations, ce qui rend le calcul de la participation individuelle [au travail collectif] superflu » [12]. Premièrement, nous ne savons pas quelles seront les dévastations dues à la destruction de l’environnement, aux guerres impérialistes, aux crises économiques et à la guerre civile entre le capital et le travail, que la classe ouvrière victorieuse héritera du capitalisme. Deuxièmement, Mattick ne pose pas la question : « qui travaillera si la consommation est libre ? ». La transition de la pénurie à l’abondance dans les formes supérieures du communisme n’est pas seulement une question de développement technique des forces productives. La révolution est également "l’auto-éducation" des forces productives humaines grâce à laquelle « la classe [le prolétariat] qui renverse l’autre [pourra] balayer toute la pourriture du vieux système qui lui colle après et de devenir apte à fonder la société sur des bases nouvelles » [13].

C’est à l’intérieur du groupe Daad & Gedachte, sur la base étroite de son propre résumé des Principes fondamentaux, que des discussions ont émergé à la fin des années 1970 sur les inégalités existantes en matière de paye, si celle-ci est calculée en fonction des heures travaillées. Outre des propositions intéressantes destinées à compenser ces inégalités, le groupe avance des idées d’égalité qui ne se trouvent pas dans les écrits du GIC [14].

Au début de la période transitoire, lorsque la société a encore les caractéristiques du capitalisme, le terme de “liberté”, qui figure dans « l’association des producteurs libres et égaux », a une connotation négative en tant qu’il est opposé à celui d’oppression, et pas encore la connotation du libre développement des qualités unique de chaque individu. De la même façon, le terme “d’égalité”, immédiatement après la révolution prolétarienne, nous rappelle que l’égalité formelle du droit civil des “producteurs égaux” dissimule toutes sortes de formes réelles d’inégalité. L’égalité est traitée dans les Principes fondamentaux de 1935 au chapitre IX sous le titre « Rechtvaardige’ verdeling ? » :

« Dans la production communiste, nous demandons par conséquent que le temps de travail soit la mesure de la consommation. Chaque travailleur détermine par son travail en même temps sa part dans les stocks sociaux de biens de consommation.

Ou bien, comme le dit Marx : “ Il reçoit de la société un bon constatant qu’il a fourni tant de travail (défalcation faite du travail effectué pour les fonds collectifs) et, avec ce bon, il retire des stocks sociaux d’objets de consommation autant que coûte une quantité égale de son travail. Le même quantum de travail qu’il a fourni à la société sous une forme, il le reçoit d’elle, en retour, sous une autre forme.” [15] (Voir la fin du chapitre III).

« Cela est mal interprété comme étant une distribution “juste” du produit social. Et c’est vrai dans ce sens que personne ne peut manger s’il se roule les pouces, comme les actionnaires le font quand leur seule occupation est d’encaisser les dividendes. Mais la justice ne va pas plus loin qu’avec ce cas-là. À première vue, il semble que toute différence de salaire soit abolie, et que toutes les fonctions de la vie sociale, que le travail soit intellectuel ou manuel, donne des droits égaux aux stocks sociaux. Mais si l’on y regarde de plus près, la loi de l’égalité fonctionne de manière très injuste.

Prenons deux travailleurs, tous deux donnant à la société le meilleur de leurs capacités. Mais l’un est célibataire, tandis que l’autre a une famille avec cinq enfants. Un autre est marié, mais le mari et la femme travaillent tous les deux de sorte qu’ils ont un “double” revenu [16]. En d’autres termes, le même droit aux ressources sociales devient une grande injustice dans la consommation pratique.

La distribution selon la règle du temps de travail ne peut donc jamais découler de la justice. La règle du temps de travail a les mêmes défauts que toute autre règle. Cela signifie : une règle juste n’existe pas et ne peut jamais exister. Quel que soit le critère que l’on choisisse, il sera toujours injuste. Et cela parce qu’employer un barème signifie ignorer les différences individuelles en matière de besoins. Une personne a peu de besoins, une autre en a beaucoup. Un homme peut ainsi satisfaire tous ses besoins avec son allocation de fournitures, tandis qu’un autre manque de toutes sortes de choses. Ils donnent tout ce qu’ils peuvent à la société, et pourtant le premier peut satisfaire ses besoins et le second ne le peut pas.

Cette imperfection est inhérente à tout barème. En d’autres termes, la définition d’une mesure de la consommation est une expression de l’inégalité de la consommation.

La demande de droits égaux sur les stocks sociaux n’a rien à voir avec la justice. Au contraire, c’est une revendication politique par excellence que nous posons en tant que travailleurs salariés. Pour nous, l’abolition du travail salarié est le point central de la révolution prolétarienne. Tant que le travail n’est pas la norme de la consommation, il y a un “salaire”, qu’il soit élevé ou faible. Dans tous les cas, il n’y a pas de lien direct entre la quantité de biens produits et le salaire. En conséquence, la gestion de la production, la distribution des biens et aussi la plus-value ainsi produite, échoient nécessairement aux “instances supérieures”. Cependant, si le temps de travail est le critère pris pour la consommation individuelle, cela veut dire que le travail salarié a été aboli, qu’il n’y a plus de plus-value produite, et que par conséquent il n’y a plus besoin “d’instances supérieures” pour distribuer le “revenu national”.

Le besoin d’un droit égal sur les ressources sociales ne dépend donc pas de la “justice” ou de tout autre sorte d’évaluation morale. Il est fondé sur la conviction que c’est seulement de cette manière-là que les travailleurs salariés pourront garder le contrôle de l’économie. C’est à partir de “l’injustice” du droit égal que la société communiste commencera à se développer » [17].

Incompréhension du cadre politique

Concernant la Gauche italienne en exil, c’est une critique plus politique qui a été faite par elle des Principes fondamentaux. Cependant Mitchell, dans un très long écrit dans Bilan, de 1936 à 1937, a ignoré les prémisses politiques trouvées à la fois dans les études préliminaires et dans l’édition de 1935 des Principes fondamentaux. En conséquence, sa conclusion équivaut en partie à constater une évidence :

« Dans la prochaine révolution, le prolétariat vaincra indépendamment de son immaturité culturelle et de ses lacunes économiques, à condition qu’il ne compte pas sur la “construction du socialisme” mais sur le développement de la guerre civile internationale »  [18]

Hennaut avait déjà rédigé en 1936 pour Bilan un résumé en français des Principes fondamentaux [19]. Connaissant l’édition hollandaise, Hennaut a formulé en 1935 dans Bilan de manière beaucoup plus prudente et plus précise ce à quoi Bilan pensait, à savoir à la question de l’État prolétarien :

« C’est pour cela qu’une révolution, si “mûre” fût-elle, ne peut jamais être un processus mécanique. Il est possible que telle ne soit pas non plus l’opinion de nos camarades hollandais et que la lacune que nous signalons ne résulte que de la nécessité qu’il y avait d’abstraire en quelque sorte et de montrer, pour la clarté de l’exposition, l’évolution économique comme étant complètement séparée de l’intervention politique, mais il importe quand même de faire plus de clarté sur ce point. Il est vrai qu’ils affirment quelque part que l’État reste nécessaire au prolétariat après la prise du pouvoir. Il s’agit d’un “État” d’une nature particulière, qui n’est déjà plus, en réalité, un État, comme Lénine, après Marx, le montrait d’ailleurs. Il s’agit d’un État qui « ne puisse pas ne pas dépérir », alors que le marxisme a mis en relief que l’État était toujours l’instrument d’oppression d’une classe sur une autre. Il est possible que, pour la clarté de l’exposition, il faille remplacer dans la terminologie l’expression d’“État prolétarien” par une autre plus adéquate. Mais, avec ces explications, on comprendra nos critiques. L’exposé des Hollandais énonce la nécessité d’un “État prolétarien” qui ne pourrait pas s’évader de sa fonction d’instrument de répression de la contre-révolution » [20].

La Gauche italienne a présenté dans Bilan et dans Internationalisme d’intéressantes positions sur l’État dans la phase de transition. Malheureusement, la discussion entre les positions de la Gauche communiste italienne et de la Gauche communiste hollandaise a été bloquée pendant des décennies en raison du mépris pour le cadre politique que la GIC a utilisé [21]. Certains de ces malentendus persistants ont été propagés par Gilles Dauvé.

Après Mai 1968, la Gauche germano-hollandaise a été redécouverte en France. Cette redécouverte s’est produite sous le couvert des illusions petites-bourgeoises et artisanales de l’“autogestion ouvrière” économique dans des usines occupées isolées – par exemple, l’usine de montres LIP – au sein du capitalisme. Après que certains textes communistes des conseils aient été nou­vellement traduits ou republiés à partir de sources peu claires, Authier et Barrot (ce dernier nom étant le pseudonyme de Gilles Dauvé) ont publié en 1976 une première historiographie en français de La gauche communiste en Allemagne 1918-1921. Les auteurs reprenaient la critique formulée par Bordiga concernant l’obsession supposée de la Gauche communiste allemande pour les formes d’organisations (conseils, parti) au détriment de leur contenu, c’est-à-dire du programme communiste. Bordiga indiquait que tant que le Parti Communiste de Russie au pouvoir adhérerait ne serait-ce que “programmatiquement” à la révolution mondiale, la Russie serait gouvernée par une dictature du prolétariat [22]. Bordiga n’identifiait pas le capitalisme d’État et le socialisme, comme Lénine le fait dans L’État et la révolution avant la Révolution d’Octobre. Bordiga en appelait aux déclarations de Lénine à l’époque de la lutte contre les communistes de gauche, et plus tard dans la défense de la NEP. Lénine, qui était devenu plus analytique après la Révolution d’Octobre, défendait le capitalisme d’État comme une avancée économique vers le socialisme, mais il le qualifiait de capitalisme. À propos de ces subtilités non négligeables dans la défense du capitalisme d’État par Lénine et par Bordiga, il est important de souligner que Bordiga acceptait le substitution léniniste de l’activité de masse et de l’organisation de masse par l’organisation minoritaire du parti, tandis que les gauches hollandaise et allemande se sont ralliées à la position selon laquelle les conseils ouvriers sont les organes de masse de la dictature du prolétariat. Mais cette vision des choses est rejetée, dans un style léniniste, du point de vue substitutionniste du bordiguisme, comme exprimant la priorité de la forme organisationnelle sur le contenu programmatique, si ce n’est simplement comme “économisme”. Avec le recours bordiguiste à la primauté du programme, Authier et Barrot ont qualifié toute la gauche germano-hollandaise de “conseilliste” [23], lui déniant son caractère “communiste”.

Le plus grand crime que le GIC a commis aux yeux d’Authier et de Barrot est de proposer d’introduire l’heure de travail moyenne socialement nécessaire comme unité de calcul dans une économie qui connaît encore la pénurie. En introduisant une unité générale de comptabilité, les rapports de valeur seraient maintenus. Pour prouver cela, ils invoquent Bordiga qui avait été le seul pendant longtemps à avoir répété que le communisme ne connaît plus de valeur. Les calculs ne devaient être appliqués qu’à des quantités physiques, « mais non pas en vue de quantifier, de réguler, un échange qui n’existe plus » [24]. C’est dans ce contexte qu’Authier et Barrot font référence à deux fragments du vaste ouvrage de Bordiga sur la Structure économique et sociale de la Russie d’aujourd’hui  [25]. Cependant, il est dit en premier lieu dans ces fragments que, dans le socialisme, l’accumulation de valeur est remplacée par la production de valeurs d’usage (p.191). Deuxièmement, Bordiga indique que les bolcheviks utilisaient la monnaie comme moyen de calcul dans leur planification, et il est d’accord avec Boukharine lorsque ce dernier exprime sa préférence pour une planification en nature ou en quantités physiques (p. 205). Les bolcheviks ont appliqué cette planification en nature au cours du Communisme de guerre, ce qui a été généralement reconnu comme un échec complet, après lequel la NEP a été introduite. La planification en quantités physiques a été analysée par le GIC dans Les principes fondamentaux [26].

Authier et Barrot se réfèrent à la critique de Proudhon par Marx comme second argument contre le temps de travail en tant qu’unité de calcul. Cependant, en 2013, David Adam a montré que les propositions du GIC sont parfaitement conformes à Marx. Au fil de ses aventures politiques, Barrot/Dauvé est devenu le principal idéologue du courant de la “communisation” [27].

Confronté à l’argument d’Adam, Dauvé tourne le dos à Marx :

« Dans Marx’s Critique of Socialist-Money Schemes & the Myth of council Communism’ Proudhonism, (libcom.org, 2013), David Adam réfute mon ancienne critique de la vision conseilliste du communisme en arguant que la notion de valeur du GIC est la même que celle de Marx. Que la discussion soit devenue plutôt difficile n’est ni de la faute de David Adam ni de la mienne, c’est seulement dû au fait que la question est compliquée. Dans le passé, j’ai voulu contester le GIC au nom de l’analyse de la valeur de Marx en faisant une référence particulière aux Grundrisse. Je mets maintenant en avant l’argument selon lequel il y a quelque chose de hautement discutable dans la vision même de Marx, à la fois dans Le Capital et dans les Grundrisse, que le GIC a marché sur les traces de Marx et qu’il a eu tort de le faire : loin d’être un instrument utile et juste de mesure, le temps de travail est consanguin au capitalisme. C’est davantage qu’un lien causatif : le temps de travail est la substance de la valeur. Marx était certainement un précurseur du projet conseilliste » [28].

Par souci d’exhaustivité, il faut noter ici que l’ou­vrage de Bordiga : Structure économique et sociale de la Russie d’aujourd’hui contient un chapitre dans lequel il mentionne les bons de travail (avec le nombre d’heures travaillées) que Marx, dans sa Critique du programme de Gotha, proposait comme un droit à la consommation au cours du premier stade de la société socialiste. Bordiga dit qu’il a rencontré en Union soviétique toutes sortes de catégories purement capitalistes telles que l’argent, l’épargne, les comptes bancaires, l’intérêt, le crédit, mais jamais ces certificats de travail [29]. Ceci rend l’appel de Dauvé à Bordiga pour le moins discutable.

Assez parlé maintenant des malentendus persistants sur les Principes fondamentaux par manque de connaissance du texte concerné, en particulier dans le monde francophone. Et pour finir, laissons le GIC parler pour lui-même.

La dictature économique du prolétariat

C’est sous le titre de « La dictature économique du prolétariat » que le GIC a présenté sa vision politique dans l’édition de 1935 des Principes fondamentaux :

« Pour finir, nous devons consacrer quelques mots à la dictature du prolétariat. La dictature est une chose évidente pour nous, et l’on n’a donc pas nécessairement besoin de parler d’elle, étant donné que la réalisation de la vie économique communiste n’est pas différente de la dictature du prolétariat. La mise en œuvre de l’économie communiste ne signifie rien d’autre que l’abolition du travail salarié, ce qui entraîne le droit égal aux stocks sociaux pour tous les producteurs. C’est également l’abolition des privilèges de certaines classes. L’économie communiste ne donne à personne le droit de s’enrichir aux dépens du travail des autres. Celui qui ne travaille pas, ne mange pas. L’application de ces principes n’est en aucun cas “démocratique”. La classe ouvrière les met en œuvre avec la plus violente et sanglante des luttes. Il ne peut pas être question de “démocratie” dans le sens d’une coopération des classes, telle qu’on la connaît aujourd’hui dans les systèmes parlementaire et syndical.

Mais si nous regardons la dictature du prolétariat du point de vue de la transformation des relations sociales, des relations réciproques entre les hommes, alors la dictature est la véritable conquête de la démocratie. Le communisme ne veut pas dire autre chose que le fait que l’humanité entre dans une phase culturelle supérieure, étant donné que toutes les fonctions sociales sont placées sous la direction et le contrôle de tous les travailleurs, et qu’ainsi ceux-ci prennent leur destin en main. Autrement dit, la démocratie est devenue le principe de vie de la société. De ce fait, une démocratie essentielle, enracinée dans la gestion de la vie sociale par les masses laborieuses, est exactement la même chose que la dictature du prolétariat.

Il était de nouveau réservé à la Russie de faire de cette dictature une caricature en présentant la dictature du parti bolchevik comme la dictature de la classe prolétarienne. De cette manière, il a fermé la porte à une véritable démocratie prolétarienne, c’est-à-dire à l’administration et à la direction de la vie sociale par les masses elles-mêmes. La dictature du parti est la forme dans laquelle la dictature du prolétariat est en réalité contrecarrée.

En plus de la signification sociale de la dictature, jetons un regard sur son contenu économique. Dans la sphère économique, la dictature agit de telle manière qu’elle impose une application générale des nouvelles règles sociales auxquelles la vie économique est sujette. Les travailleurs eux-mêmes peuvent ajouter toutes les activités sociales à l’économie communiste s’ils acceptent ses principes, s’ils mettent en œuvre la production pour la communauté sous la responsabilité de la communauté. C’est tous ensemble qu’ils mettent en pratique la production communiste.

Il est évident que les différents domaines du secteur agricole ne suivront pas immédiatement les règles de la vie économique communiste, c’est-à-dire qu’ils ne se joindront pas à la communauté communiste. Il est également probable que certains travailleurs comprendront le communisme de telle manière qu’ils voudront gérer les entreprises de manière indépendante, mais non pas sous le contrôle de la société. Au lieu du capitaliste privé du passé, ce sera alors l’organisation de l’entreprise qui agira en tant que “capitaliste”.

À cet égard, la dictature économique a pour fonction spécifique d’organiser le secteur économique selon les règles générales, dans laquelle la comptabilité sociale par le bureau général de comptabilité, remplit une fonction importante. Nous trouvons dans les comptes sociaux l’enregistrement des flux de biens dans la vie économique communiste. Cela ne signifie rien d’autre que ceux qui ne font pas partie du système de comptabilité sociale ne peuvent pas obtenir de matières premières. En effet, dans le communisme, rien n’est “acheté” ni “vendu”. Les producteurs ne peuvent qu’obtenir des produits et des matières premières de la part de la communauté pour une distribution ou une transformation supplémentaire. En revanche, ceux qui ne désirent pas inclure leur travail dans le processus de travail régulé socialement s’excluent de la communauté communiste. C’est ainsi que la dictature économique mène à l’auto-organisation de tous les producteurs, qu’ils soient petits ou grands, qu’ils soient industriels ou agricoles. En réalité, cette dictature s’abolit immédiatement à partir du moment où les producteurs intègrent leur travail dans le processus social et où ils travaillent selon les principes du contrôle social et de l’abolition du travail salarié. C’est donc aussi une dictature qui “meurt” automatiquement dès que la vie sociale tout entière est établie sur les nouvelles fondations de l’abolition du travail salarié. C’est également une dictature qui n’exerce pas son pouvoir en employant la baïonnette, mais qui procède avec les lois économiques du développement du communisme. Ce n’est pas “l’État” qui s’acquitte de la dictature économique, mais c’est quelque chose de plus puissant que l’État : les lois du développement économiques » [30].

Les Principes fondamentaux ne fournissent certes pas le dernier mot concernant les mesures que les conseils ouvriers pourront prendre après leur conquête du pouvoir politique. Mais c’est le GIC qui jusqu’à présent a produit l’analyse la plus complète et la plus profonde des expériences révolutionnaires de la période 1917-1923. C’est aux nouvelles générations de travailleurs révolutionnaires qu’il revient d’aller de l’avant en utilisant comme marchepied ce qui a été accompli il y a cent ans.

Fredo Corvo, Mai 2018.

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Notes:

[3http://www.left-dis.nl/, souligné par nous.

[4GIC, « Marxisme et communisme d’État : le dépérissement de l’État  » - Amsterdam : Groepen van Internationale Communisten, 1932. La citation est identique au premier paragraphe de Max Hempel (pseudonyme de Jan Appel), Marx-Engels und Lenin : Über die Rolle des Staates in der proletarischen Revolution [« Marx-Engels et Lénine : Sur le rôle de l’État dans la révolution prolétarienne »], in Proletarier (Berlin) n° 4-6, mai 1927. Les deux textes correspondent amplement aux "Principes fondamentaux" et ils peuvent en être considérés comme une étude préliminaire.

[5Pour une vue d’ensemble exhaustive des différentes publications ayant des liens avec les textes complets, voir aaap.be. Si on cherche un bref résumé des Principes fondamentaux, on peut choisir parmi les titres suivants qui sont rangés ici du plus simple au plus complexe : Spartacus 1961 (original en néerlandais), Mattick 1938 partie 1, partie 2 (original en anglais), ou Mattick 1934 (original en anglais).

[6Voir Principes fondamentaux de production et de distribution communistes, 1930, chap. XIX. Le GIC dit dans la version allemande p. 135 « Ces gloses marginales n’étaient disponibles qu’après la fin de notre étude », ce qui est mal traduit en « Ces gloses marginales, nous voulons d’abord les utiliser pour notre conclusion ».

[7GIC, Principes fondamentaux de production et de distribution communistes, 1930, chap. I à VI. GIC, « Les fondements théoriques de l’ouvrage : "Principes fondamentaux de production et de distribution communistes" », 1931, voir aaap.be. L’édition de 1935 est augmentée de réponses à plusieurs critiques. Malheureusement, elle n’a jamais été traduite du néerlandais dans d’autres langues.

[8GIC, Marxisme et communisme d’État : le dépérissement de l’État - Amsterdam : Groepen van Internationale Communisten, 1932.

[9Anton Pannekoek, Herinneringen, 1982, p. 215.

[10Anton Pannekoek, Les conseils ouvriers, [Traduit de l’anglais]. – [Paris] : Bélibaste, [1974]. – 499 p., Éditions Spartacus, [en deux tômes], 2010.

[11Pour la plus récente édition en anglais, en partie revue et corrigée, voir The Dutch and German Communist Left (1900-68), Brill, p. 358/363. Bourrinet prépare actuellement une édition revue en langue française, voir Pantopolis. La première édition de cette Thèse a également été distribuée par le CCI comme étant son propre “travail collectif”. Voir aussi la critique de Corvo : « Council communism or councilism ? - The period oftransition ».

[13Marx/Engels : L’idéologie allemande.

[14Daad & Gedachte, Maar hoe dan ? Enige gedachten over een socialistische samenleving : Discussie.

[15Traduit de l’original allemand. Traduction française comme publié par marxists.org : « Le producteur reçoit donc individuellement - les défalcations une fois faites - l’équivalent exact de ce qu’il a donné à la société. Ce qu’il lui a donné, c’est son quantum individuel de travail » (Marx, Gloses marginales au programme du Parti Ouvrier allemand, Partie 1).

[16Note de F. C. : Cet exemple indique erronément que le mariage bourgeois et la famille bourgeoise continueront à exister durant la période transitoire. Mais les communistes proposeront une individualisation des revenus qui assurera que ceux qui forment un ménage le font sur la base seulement de l’affection personnelle et non pas contraints par une dépendance économique mutuelle.

[17Principes fondamentaux, 1935, chapitre IX sous le titre « Rechtvaardige’ verdeling ? ».

[19« Production et distribution communistes » (Bilan, résumé par Adhémar Hennaut, 1935).

[20A. Hennaut, « Les internationalistes hollandais sur le programme de la révolution prolétarienne », 1935. Voir aussi « Production et distribution communistes » (Bilan, résumé par Adhémar Hennaut, 1935).

[21Dans le reader « G.I.C. Grondbeginselen der communistische productie’ I. De politieke randvoorwaarden ».

[22Voir en particulier : « Bilan d’une révolution (1967-1991), conclusion de la partie I : Les grandes leçons d’Octobre 1917 ».

[23Authier/Barrot, « La Gauche Communiste en Allemagne 1918-1921  », Paris, 1976 p. 18.

[24Ibidem, p.227.

[25Bordiga, « Structure économique et sociale de la Russie d’aujourd’hui » ; II Développement des rapports de production après la révolution bolchevique, Paris.

[26En allemand : GIC « Die Ausgangspunkte der Grundprinzipien kommunistischer Produktion und Verteilung », Ch. III Die Distribution der Produktionsmittel und Konsumgüter in ‘Natura’ als bolschewistisches Ideal, p. 167. En anglais : GIC, « The Basic Theoretical Foundations of the Work “Fundamental Principles of Communist Production and Distribution” », Ch. III The Distribution of Means of Production and Consumption “in Natura” (by Barter) as a Bolshevik Ideal. En hollandais : GIC, Grondbeginselen van de communistische productie en distributie, Ch. II De distributie van productiemiddelen en consumptie in natura als bolsjewistisch ideaal et GIC, « Grondbeginselen van de communistische productie en distributie », Ch. XII De opheffing van de markt.

[27Sur cette histoire peu ragoûtante, voir : Bourrinet, « Dictionnaire biographique d’un courant internationaliste », lemme Dauvé.

[28Gilles Dauvé, « Value, time and communism : re-reading Marx », présenté comme Chapitre d’une nouvelle édition d’Eclipse & Re-Emergence of the Communist Movement, (à paraître chez PM Press, automne 2014).

[29Bordiga, idem, Le "bon" de Marx, p. 221 et suivantes.

[30. « Principes fondamentaux  », 1935, dans Ch. XVI sous le titre : De economische dictatuur van het proletariaat.