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Dynamique de grèves sauvages au Royaume Uni : pour l’augmentation des salaires, se mettre en grève partout et sans attendre !
(20 août 2022)
Avertissement : n’ayant pas les moyens d’intervenir concrètement en Grande-Bretagne dans la situation de mobilisation et de grèves ouvrières, il nous est difficile de décliner de manière précise et locale orientations et mots d’ordre d’action concrets selon les situations et les possibilités immédiates. Pour autant, la réponse prolétarienne en cours nous permet d’avancer orientations et mots d’ordre généraux sur lesquels l’ensemble du parti communiste, s’il devait déjà être, se mobiliserait et qu’il lancerait. Voilà pourquoi ce qui représente de fait plutôt un communiqué appelant l’attention du prolétariat international sur la situation au Royaume Uni, a été rédigé sous forme d’un tract d’agitation. En ce sens, il se veut direct et limité à quelques orientations et mots d’ordre. Il n’explique pas, il appelle à l’action. Il n’analyse pas, il avance un mot d’ordre : se mettre en grève tous ensemble. Mais reconnaissons aussitôt que ce tract est de fait déjà en retard sur la situation réelle et qu’il aurait dû être publié et diffusé avant les grèves successives, mais non ensemble, du métro de Londres et des trains britanniques des 18, 19 et 20 août. À défaut d’être en avance sur la situation et de pouvoir être massivement diffusé en Grande-Bretagne, il servira à la réflexion et d’expérience pour les minorités communistes pour la période qui s’ouvre : celle de confrontations massives entre les classes. Bien sûr, tout camarade ou groupes de camarades qui désireraient le diffuser comme tract d’agitation sont encouragés à le faire.
Pour l’augmentation des salaires, se mettre en grève partout et sans attendre !
Au Royaume Uni, il n’est qu’un mot d’ordre aujourd’hui pour les prolétaires : se mettre en grève et rejoindre la vague de luttes et de grèves qui s’est déclenchée depuis plusieurs mois maintenant dans une multitude d’entreprises et de secteurs plus ou moins importants : transports, trains et métro de Londres en particulier, port de Felixstowe, raffineries, centres d’Amazon, la Poste, etc. Faire comme de nombreux grévistes, prendre l’initiative de la grève ou de toute autre forme de lutte si la grève n’est pas possible de manière immédiate. Prendre exemple sur les nombreuses grèves déclenchées spontanément, ne pas craindre qu’elles soient « unofficial », c’est-à-dire sauvages, sans appel, ni préavis légal, des syndicats. Renforcer la dynamique de grèves provoquée par l’inflation et l’explosion des prix en Grande-Bretagne, à l’image de l’inflation généralisée qui affecte l’ensemble du monde capitaliste, est la voie pour faire reculer, au moins momentanément gouvernement et bourgeoisie. C’est le moment d’y aller tous ensemble. C’est le moment d’imposer l’augmentation des salaires pour tous les prolétaires et dans tous les secteurs. C’est le moment de dire non aux sacrifices au nom de la crise du capital et de la préparation pour la guerre impérialiste généralisée.
C’est aussi le moment de ne pas laisser l’initiative aux syndicats, que ce soient des directions ou du syndicalisme de base. S’ils ont été obligés d’appeler à des journées d’action dans les trains et le métro par exemple, ou encore dans le port de Felixstowe, c’est précisément pour éviter que les grèves non officielles, qu’ils ne contrôleraient pas, continuent de se manifester à travers le pays de manière croissante et deviennent massives et unies.
« 10 mai : une centaine d’éboueurs de Welwyn Hatfield ont débrayé pour protester contre un directeur accusé de sexisme, de racisme et d’intimidation ; 11 mai : quelque 300 travailleurs de la construction d’une raffinerie à Hull se sont mis en grève parce que le paiement des salaires était retardé ou incomplet. 17 mai : plus d’un millier de travailleurs de l’industrie pétrolière en mer du Nord ont débrayé sur 19 plates-formes pour exiger que leur salaire corresponde à l’inflation ; 27 juillet : une centaine de travailleurs d’une usine alimentaire de Bury ont débrayé parce qu’ils n’avaient pas droit à des pauses correctes au travail ; 3 août : des centaines de travailleurs d’Amazon sur divers sites à Tilbury, Rugeley, Coventry, Bristol, Dartford et Coalville ont organisé des débrayages et des ralentissements en réponse à une "augmentation" de salaire de seulement 35 pence de plus par heure ; 10 août : des centaines de travailleurs contractuels, notamment des échafaudeurs et des agents d’entretien, dans des raffineries, des usines chimiques et d’autres installations à Teesside, Grangemouth, Pembroke, Fife, Fawley et Drax, ont débrayé dans le cadre d’une lutte pour les salaires, et ont dressé un piquet de grève devant les voitures entrant et sortant des installations. » [1]
La dynamique de grève au Royaume Uni est l’exemple – du moment – à suivre pour l’ensemble du prolétariat international. D’ailleurs, manifestations de rue et émeutes contre la hausse des prix explosent sur tous les continents. Mais surtout, la même dynamique de grèves, souvent elles-aussi spontanées et sauvages, tend à émerger, ici ou là, dans d’autres pays, en particulier en Europe occidentale comme en Italie et en France [2].
C’est précisément cette dynamique que les syndicats britanniques essaient de maîtriser pour en saboter le développement en organisant des journées d’action, celles de juin et d’août et celle, appelée « grève générale » à venir pour… « après la nomination de Lis Truss comme Premier ministre en septembre » [3] ! Chevaucher la dynamique de réactions prolétariennes spontanées pour mieux la maîtriser et, ainsi, l’orienter vers des journées d’action étalées dans le temps ; et cela au nom de la soit-disant préparation d’une lutte unie de tous les secteurs. Si les prolétaires du Royaume Uni se laissent amadouer par les syndicats, leur laissent l’initiative et l’organisation de la lutte, le terrain des revendications et le timing des manifestations et grèves, d’ici octobre, la dynamique actuelle aura été étouffée.
Se mettre en lutte et en grève donc partout où c’est possible. Ne pas reprendre le travail après les journées d’action et décider de continuer la grève. Chercher la solidarité et l’extension aux autres entreprises et secteurs, à commencer par celles les plus proches géographiquement. Y envoyer des délégations et des piquets de grève les plus massifs possibles. Pour les travailleurs pas encore en lutte ouverte, se regrouper en comité de lutte et aller chercher l’aide et la solidarité des prolétaires déjà en grève. Ne pas laisser les syndicats déterminer les revendications et le timing des combats et des batailles en prenant l’initiative partout où c’est possible. Voilà les mots d’ordre généraux de l’heure. Aux prolétaires les plus combatifs et aux minorités et noyaux révolutionnaires sur place, à les décliner localement en fonction des besoins et possibilités immédiates.
Contre la hausse des prix !
Pour l’augmentation générale des salaires !
Tous en lutte ! Tous en grève contre la misère croissante que crise capitaliste et guerre impérialiste ne peuvent qu’aggraver !
Le GIGC, 20 août 2020
Notes:
[1] . TCI-CWO, Wildcat Strikes in the UK : Getting Ready for a Hot Autumn
(http://www.leftcom.org/en/articles/2022-08-15/wildcat-strikes-in-the-uk-getting-ready-for-a-hot-autumn)
[2] . « Ce mardi, les conducteurs de train SNCF sur le réseau Paris-Nord ont posé le sac et se sont mis en grève sans respecter le délai de prévenance. Inflation, bas salaires et casse des conditions de travail provoquent l’exaspération des cheminots. » (Révolution permanente, https://www.revolutionpermanente.fr/Greve-surprise-des-conducteurs-SNCF-a-Paris-Nord-Avec-l-inflation-on-ne-s-en-sort-pas). « Grâce à une « grève surprise » suivie massivement mercredi dernier, les cheminots du réseau SNCF Saint-Lazare ont obtenu une prime et stoppé une partie des attaques contre leurs conditions de travail. » (https://www.revolutionpermanente.fr/Greve-SNCF-a-Saint-Lazare-On-a-prouve-qu-avec-une-greve-bien-organisee-on-peut-gagner)
[3] The Guardian, “Union leader issues threat of UK general strike as rail crisis grows”, July 27th.