Révolution ou Guerre n°16

(Semestriel - septembre 2020)

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Contre les ragots sur les réseaux sociaux et pour les débats politiques publics

Les réseaux sociaux, Facebook et autres, ont donné une dimension nouvelle à la politique petite-bourgeoise des ragots et calomnies qui a toujours prévalu dans des milieux périphériques au camp révolutionnaire, voire de la Gauche communiste. Le phénomène n’est pas nouveau. Lénine le combattit en son temps comme on peut le voir dans Un pas en avant, deux pas en arrière. Normalement, nous ne prêtons pas attention à l’esprit de cercle sclérosé des réseaux internet, l’esprit de cercle 2.0., où règnent en maître individualisme et informalisme.

Mais l’avalanche des calomnies et insultes de ces derniers temps, particulièrement depuis notre prise de position sur les manifestations antiracistes aux États-Unis, principalement sur les réseaux nord-américains, nous oblige à faire un point visant à rassurer ceux, sincères, qui pourraient se laisser influencer et décourager par l’outrance des propos et l’hostilité qui s’en dégage. De plus, ces pratiques ont toujours un effet plus ou moins délétère sur l’ensemble du camp prolétarien en particulier lorsqu’elles touchent un de ses points faibles récurrents : ses réflexes d’ordre sectaire. Par exemple, et en laissant de côté notre supposé racisme ou autres calembredaines, beaucoup nous prêtent des intentions cachées et manœuvrières derrière la volonté que nous affichons de débattre, confronter et clarifier les positions des autres groupes communistes – c’est pourtant une évidence pour quiconque se réfère sérieusement à l’histoire et expérience du mouvement ouvrier. Prenons deux posts en particulier qui, comparés à la plupart, ont au moins le mérite d’être compréhensibles. Selon le premier, orné de nombreux « likes » (c’est dire !), en publiant et traduisant des articles de la TCI et de Nuevo Curso, le GIGC chercherait « à courtiser la TCI tout comme il le fait avec Nuevo Curso-WO-GCCF... [alors qu’en fait] il veut l’affaiblir et la diviser ». Nous exercerions même un « chantage » sur la TCI en critiquant les faiblesses de sa politique de regroupement international. Un autre individu nous intime de « cesser votre jeu idiot qui consiste à essayer de mettre en évidence les différences entre la CWO et Battaglia comunista ». Il nous accusait d’attaquer la TCI car, en traduisant en français et en espagnol sa prise de position du 1er mai, nous avions relevé dans une note de pied de page que les versions anglaise et italienne différaient sur la caractérisation de la guerre impérialiste généralisée. Quelle ignominieuse attaque, n’est-ce pas ! Alors même que nous reproduisions ce tract sur notre site, le saluions et le reprenions à notre compte. Alors même que nous affirmions vouloir le diffuser. Si un lecteur ayant compris cette dialectique radicale est suffisamment aimable pour nous l’expliquer, merci d’avance. Voilà où mènent les ravages de l’esprit de cercle 2.0. Ils rendent les individus politiquement stupides, mesquins, étroits d’esprit et... si éloignés du combat, historique, rappelons-le, pour le parti mondial du prolétariat.

Ces pratiques et l’usage de critères psychologiques et personnalisés dans les relations politiques entre groupes communistes offrent un terrain privilégié pour les forces opportunistes et liquidationnistes tel le CCI de la Décomposition et du Parasitisme. Que celui-ci s’engouffre dans la brèche ouverte par les considérations d’ordre psychologique, non politique, terrain même de sa théorie du parasitisme, ne doit étonner personne : il l’avait annoncé lors de son dernier congrès international et nous en avions averti l’ensemble du camp (cf. RG #12). Il faut lui reconnaître cette « qualité », le CCI liquidateur est conséquent. Il poursuit avec constance son objectif de destruction du camp prolétarien. Voilà pourquoi il faut appeler les forces pro-parti du camp, organisations, groupes et individus sympathisants ou militants, à rejeter ce terrain des réseaux et des approches d’ordre personnelle et psychologique pour juger des positions et des intentions politiques réelles des autres groupes communistes.

Qu’on nous lise bien et nous juge sur ce que nous écrivons. Non, nous ne reproduisons pas les textes de Nuevo Curso ou de la TCI, ou autres, par tactique opportuniste, pour les amadouer, les flatter ou gagner leur sympathie. Non, nous ne continuons pas à défendre que la TCI reste encore la seule force matérielle en situation d’exercer le rôle historique et international de pôle de regroupement afin d’exercer un chantage sur celle-ci (incroyable, non ?).

Oui, nous continuerons à débattre et à essayer de confronter les différentes positions comme nous essayons de le faire en notre propre sein. Avec ou sans les autres forces communistes. C’est une nécessité pour nous. Mais ça l’est tout autant pour les autres forces communistes quoiqu’elles puissent en penser et même si cela doit déranger le train-train quotidien et le confort des certitudes absolues. Débats et confrontations politiques sont le sang qui doit irriguer les corps politiques communistes. Au risque de la thrombose dans le cas contraire. À terme, une question de vie ou de mort donc. Quant aux petits bourgeois radicalisés des réseaux, qui confondent bris de vitrine et violence de classe, free zone de Seattle avec la révolution, ragots avec débats méthodiques… ne gaspillons pas plus le peu de place que nous avons.

Juin 2020

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