(semestriel - février 2020) |
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La CWO, la fraction "Boukharine" (Kommunist) et la période de transition
Notre article, La fraction Boukharine à rebours de la Gauche communiste, à propos de la revue Kommunist publié dans le numéro 13 de notre revue Révolution ou Guerre semble avoir provoqué plusieurs réactions de la part des lecteurs. Il se voulait en fait être une critique détaillée des positions de la revue Kommunist dans le but de montrer que ces positions n’appartiennent en aucun cas au patrimoine politique de la Gauche communiste, encore moins à sa tradition dite italienne. En effet, nous avons montré en quoi la Gauche italienne était tout à fait aux côtés de Lénine en 1918, et par conséquent contre les Boukharine, Radek, Ossinsky et consorts, autant sur la question de Brest-Litovsk que sur la question du capitalisme d’État. Et nous avons montré en quoi Lénine et la Gauche italienne avaient fondamentalement raison. Nous n’y revenons pas davantage ici, le lecteur peut toujours se référer à notre premier article qui se penche plus en détail sur la question. Si nous attaquons de front les thèses de Kommunist, c’est que tout un pan de la Gauche communiste actuelle reprend ou tend à reprendre ces thèses comme si elles faisaient partie intégrante du patrimoine politique de la gauche. La ligne éditoriale du collectif Smolny dans son édition intégrale de la revue est à cet effet assez édifiante et cela a été critiqué en son temps [1]. De son côté la Communist Workers Organization (le groupe britannique de la TCI) a publié les articles de la revue Kommunist en traduction anglaise accompagnés d’introductions de son cru.
Ces introductions ont le mérite de revenir sur les difficultés concrètes et les problèmes politiques et théoriques auxquels le prolétariat et son parti, le parti bolchévique, se trouvaient confrontés de manière dramatique en Russie. Dès ses premiers jours, la dictature du prolétariat dut faire face à une économie déjà en ruine et dévastée par la guerre. Comment nourrir la population affamée [2] alors que l’économie était déjà en grande partie paralysée dans un pays isolé et alors que la guerre impérialiste mondiale continuait ses ravages ? Ainsi, elles participent du débat et de la réflexion que les révolutionnaires doivent toujours mener sur la période de transition du capitalisme au communisme.
Cependant, il faut relever qu’une grande partie de ces introductions tendent à faire des concessions aux positions politiques avancées par Kommunist, en particulier sur la question du capitalisme d’État en Russie, en présentant la fraction Boukharine, « les communistes de gauche de 1918 [comme étant] parmi les plus clairs sur la marche des événements à la fois de la révolution en Russie et dans le monde en général, mais ils n’étaient pas en position d’influencer ces événements plus que quiconque. C’est là que réside la tragédie de la classe ouvrière » [3]. En ce sens, nous le répétons, ces positions sont en contradiction avec les positions historiques de toujours de la Gauche communiste d’Italie. Que la CWO, groupe britannique de la Tendance communiste internationaliste en ligne directe avec la Gauche italienne, défende des positions opposées à celle-ci n’est pas en soi un scandale, ni un crime de lèse-majesté d’ordre dogmatique. Mais cela exige de la part de la CWO, pour elle-même, pour la TCI et pour l’ensemble du camp prolétarien, de pousser sa réflexion et de mener un bilan critique des insuffisances qu’elle reléverait dans le positionnement historique de la Gauche d’Italie. Dans le cas contraire, rester dans le flou et la confusion politiques et théoriques, ne peut que mettre la TCI elle-même face à des contradictions politiques et théoriques, insurmontables à terme, tôt ou tard, et donc en danger face aux enjeux historiques qui arrivent.
La signature du traité de Brest-Litvosk a-t-elle "dilapidé" le prestige de la Révolution russe ?
Bien que les camarades de la CWO semblent rejeter l’argument en faveur de la guerre révolutionnaire prôné par certains participants à Kommunist et accepter la nécessité de la signature du traité de Brest-Litovsk, ceux-ci ont une très curieuse appréciation de l’impact du traité sur la révolution mondiale. En effet, pour la CWO, « la controverse autour de Brest-Litovsk était de savoir si l’obtention d’un répit temporaire pour la révolution en Russie se faisait au prix de l’affaiblissement de la révolution mondiale même dont dépendait l’avenir du socialisme. Aujourd’hui encore, il est difficile de dire si la signature du traité de Brest-Litovsk a effectivement "dilapidé le capital international" de la révolution (…) » [4]. Au contraire des camarades, nous avons la certitude que Brest-Litovsk n’a pas entamé le prestige de la Révolution russe au yeux des révolutionnaires de par le monde. N’est-ce pas justement le prestige de la Révolution russe qui impulsa la création de l’Internationale communiste à peine quelques mois après Brest-Litovsk ? En fait, les militants de l’époque qui s’opposaient à Brest-Litovsk le faisaient parce qu’ils étaient étrangers au marxisme ou s’en éloignaient sensiblement. Fin de l’histoire. La position incertaine de la CWO est donc une première concession ou à tout le moins une position que l’on qualifierait de centriste.
De son côté, la position historique de la gauche dite italienne est claire depuis longtemps. « L’avenir a donné raison à Lénine et tort à ceux qui jugeaient superficiellement qu’il fallait continuer la lutte contre l’Allemagne militariste, ne se souciant ni de ces considérations à longue portée programmatique ni de ces considérations pratiques (cette fois-ci coïncidant absolument avec les premières (...). Le général Ludendorff a déclaré dans ses mémoires que l’effondrement du front allemand, après une série de victoires militaires incroyables de toutes parts, à un moment où la situation était techniquement bonne selon tous les rapports, était dû à des raisons morales, c’est-à-dire politiques : les soldats ne voulaient plus se battre. La politique ingénieusement révolutionnaire de Lénine, tout en parlant un langage de transactions protocolaires avec les délégués du Kaiser, a su trouver des moyens révolutionnaires pour réveiller, sous l’uniforme de l’automate-soldat allemand, le prolétaire exploité qui est conduit au massacre dans l’intérêt de ses oppresseurs » (Amadeo Bordiga, Prometeo #3, mars 1924) [5].
Le capitalisme d’État, cause de l’échec de la révolution russe ?
Mais Brest-Litovsk est en quelque sorte un sujet secondaire pour les rédacteurs de la revue Kommunist. En effet, si c’est sur ce point qu’ils se sont originellement unis, le fait qu’ils aient « perdu la bataille » et que les bolcheviks aient accepté le traité, a fait en sorte que les « communistes prolétariens » ont vite changé leur fusil d’épaule et choisi un autre champ de bataille : le capitalisme d’État. Sur cette question, il nous fut très surprenant de voir que les introductions de la CWO donnaient invariablement raison à Boukharine et Ossinsky contre Lénine, mais aussi contre la Gauche italienne dont elle se prétend la continuatrice : « les communistes de gauche (...) ont été les premiers à soulever les dangers pour la révolution russe de finir par créer une nouvelle forme d’exploitation capitaliste » ; « son évolution [l’URSS] ultérieure vers un capitalisme d’État encore plus dirigiste, qui a continué à exploiter les travailleurs, a justifié la position de Boukharine sur ce point jusqu’à nos jours » [6].
En effet, pour la CWO, les pages de la revue Kommunist expliquent convenablement comment la Révolution russe a échoué. « Le travail des communistes de gauche n’explique pas pourquoi la révolution russe a échoué (car cela était entièrement dû à son isolement), mais ils indiquent précisément comment elle a échoué, et en cela ils nous donnent des indications précieuses pour notre propre compréhension sur la manière dont l’émancipation future de l’humanité se produira » [7]. Cette séparation inusitée entre le « pourquoi » et le « comment » la Révolution russe a échoué introduite par la CWO mène à des concessions. Dès le début de la Révolution d’octobre, les bolcheviques de droite, Lénine en tête, auraient remplacé l’initiative des masses vers l’auto-organisation par un régime de capitalisme d’État, ce qui aurait orienté la Russie vers le capitalisme au lieu du socialisme, et ce dès 1918. Or, la réalité est bien plus compliquée que ce schéma simpliste emprunté à la tradition anarchiste laisse entendre. La CWO pose le problème d’une manière incorrecte. L’enjeu de la « politique intérieure » en Russie n’était pas : socialisme par l’activité des masses elle-même ou capitalisme d’État avec la remise en place du principe de direction unique des usines. Il s’agit là d’une vision centrée sur l’usine qui fut le fond de commerce des anarcho-syndicalistes. En réalité, malgré quelques centres industriels ultra-modernes, la Russie était essentiellement aux premiers balbutiements du capitalisme, ce qui implique que de larges pans de son économie étaient encore précapitalistes. Ainsi, face à la nécessité à la fois de maintenir la dictature du prolétariat en Russie dans l’attente de la révolution en Europe et de relancer un minimum une économie dévastée par les destructions de la guerre pour que les masses affamées puissent simplement manger, le dilemme posé aux bolcheviques en 1918 était davantage le suivant : parier sur l’économie précapitaliste parcellaire régnant largement en Russie ou sur les quelques secteurs, principalement industriels, hautement développés et centralisés ? Considérant que la deuxième option est un prérequis pour la société communiste, le choix n’est pas dur à faire pour le militant communiste. Et quelle est la seule option pour développer et accélérer la socialisation des forces productives dans un pays arriéré - 85% de la population russe était paysanne - en attendant l’extension de révolution mondiale ? Un capitalisme d’État assumé, contrôlé et centralisé autant que faire ce peut par la dictature de classe.
Comme Lénine le rappela fermement lors de la controverse, « Boukharine est un économiste marxiste d’une excellente culture. Aussi s’est-il rappelé que Marx avait profondément raison quand il enseignait aux ouvriers combien il est important de conserver l’organisation de la grande production, précisément pour faciliter la transition au socialisme. (…) Si Boukharine s’est trompé, c’est parce qu’il n’a pas réfléchi aux particularités concrètes de la situation actuelle en Russie, situation exceptionnelle, précisément, du fait que nous nous trouvons, nous, prolétariat de Russie, en avance sur n’importe quelle Angleterre et n’importe quelle Allemagne par notre régime politique, par la force du pouvoir politique des ouvriers, et en même temps en retard par rapport au pays le plus arriéré d’Europe occidentale en ce qui concerne l’organisation d’un capitalisme d’Etat digne de ce nom, en ce qui concerne notre niveau culturel et le degré de notre préparation à l’ "instauration" du socialisme dans le domaine de la production matérielle » [8].
Si nous ne pouvons pas partager l’enthousiasme indéfectible de Trotsky, pour qui la dictature du prolétariat aurait pu tenir jusqu’à 50 ans en attendant l’extension de la révolution à d’autres parties du monde, il n’y a aucun doute que le pari des Lénine et Trotsky était tout à fait correct dans les conditions concrètes dramatiques d’alors. Le prolétariat à l’aide de son parti conquiert d’abord le pouvoir, instaure la dictature du prolétariat, lutte pour l’extension de la révolution au reste du monde et, en attendant que l’extension se réalise, essaie à la fois d’assurer le maintien a minima d’une activité économique permettant de manger et de préparer au mieux en Russie les conditions d’une socialisation encore largement inexistante comme bases de la future société communiste. Pour cela, ils essaient de pousser au développement et à la concentration des secteurs capitalistes les plus développés dans une Russie économiquement arriérée, ce qui prendra la forme d’un capitalisme d’État, la bourgeoisie et les patrons abandonnant les usines et fuyant le pays, contrôlé par la dictature du prolétariat. Le pari bolchevique était que le parti pouvait tenir temporairement, mais fermement, le cap révolutionnaire malgré l’isolement de la révolution. Et ils avaient raison, pour un certain temps à tout le moins. Mais contrairement à Kommunist, ce n’est pas le capitalisme d’État russe qui fut la cause du recul de la révolution dans le pays, mais son isolement international.
Petit à petit, l’échec des tentatives révolutionnaires, en Allemagne en particulier, et le recul de la vague révolutionnaire internationale, la dictature du prolétariat isolée, dans une Russie anéantie par deux ans supplémentaire d’une guerre civile dévastatrice et dictée par les puissances impérialistes, avait les mains tout à fait liées du point de vue des possibilités de transformations sociales. « En 1918, dans son étude sur le capitalisme d’État, Lénine avait repoussé les exagérations des extrêmes-gauchistes sur la portée réelle de la révolution russe par une analyse scientifique qui mettait à nu l’impossibilité d’obtenir de grands résultats à cause de l’état économique arriéré de la Russie » (Bilan #18, revue de la Fraction italienne de la Gauche communiste, 1935 [9]).
Les lois économiques fondamentales du capitalisme restaient toujours en vigueur, sauf à défendre la thèse stalinienne en germe du « socialisme en un seul pays » auxquelles certaines considérations de Kommunist et de cette soit-disant Gauche communiste de Boukharine ouvrent la porte lorsqu’elles critiquent le capitalisme d’État proné par Lénine dans les conditions russes de mars-avril 1918. Ossinski défend « la dictature du prolétariat et la consolidation de sa base par la construction d’un socialisme prolétarien » [10] dans la Russie isolée de 1918. Les contradictions de classe liées au maintien du mode de production capitaliste, inévitable dans un pays isolé, a fortiori arriéré au point de vue capitaliste, ne pouvaient que s’exacerber jusqu’aux explosions, grèves et manifestations ouvrières, de 1921 et la révolte de Kronstadt. Face à cet isolement international, on a voulu répondre par des mesures volontaristes qui malheureusement trahissaient toujours davantage les principes jusqu’à la contre-révolution ouverte : front unique politique, gouvernement ouvrier, front populaire, socialisme dans un seul pays, participation à la guerre impérialiste. Il fallait à tout prix gagner le prolétariat international à la cause de la révolution mondiale et pour ce faire, on alla jusqu’à réintroduire des politiques sociaux-démocrates ou en tout cas d’alliance avec la social-démocratie. Là résida, par la suite, la véritable trahison.
L’auto-organisation est tout, le but n’est rien.
C’est là le nœud du problème avec Kommunist, et la CWO ne semble pas s’en apercevoir puisque les camarades semblent reprendre certains arguments en faveur de l’auto-organisation de Kommunist en réduisant la question à un simple problème de gestion des usines : « Ossinsky indique clairement que la seule solution au déclin de l’économie est de renforcer l’initiative des travailleurs et de leur permettre de gérer plus efficacement l’économie. Lénine était d’avis contraire. Si la révolution en Russie devait survivre jusqu’à ce que la révolution internationale lui vienne en aide, il faudrait alors restaurer les techniques de gestion capitalistes pour sauver l’économie. C’était sa réponse au cruel dilemme auquel était confronté le pouvoir soviétique en avril 1918. Ossinsky persista cependant dans sa croyance que Lénine avait partagée jusqu’alors. C’est pourquoi il termine en appelant à une implication encore plus grande des masses laborieuses dans la sphère économique : "La discussion de masse sur ces questions impliquera les travailleurs dans la construction du socialisme qui ne peut être réalisé que par les travailleurs eux-mêmes." » [11]. Les mesures d’auto-organisation et d’autogestion mises de l’avant en 1918 n’étaient que des beaux principes qui ne prenaient pas en compte la réalité, c’est-à-dire qu’ils ne prenaient pas en compte les conditions matérielles nécessaires à l’établissement d’une société communiste. Donc, Boukharine ou Ossinsky pouvaient bien protester qu’il fallait absolument que le prolétariat socialise la production lui-même, ces militants pourtant illustres ont oublié le temps d’un instant l’ABC du marxisme : c’est le capitalisme lui-même qui socialise la production, la centralise, qui élève la productivité sociale et qui rend possible la société communiste. Or, la Russie était encore loin de ce stade. Boukharine et ses amis ne faisaient au fond que mettre la charrue devant le bœuf, un peu à la manière des anarchistes.
Lénine, de son côté, avait clairement le but final en tête : la société communiste. Ce faisant, il comprenait que le monde dans son ensemble était dans une phase mûre pour la révolution même si certains pays, comme la Russie, n’étaient qu’à un stage très juvénile de capitalisme. En ayant toujours le but final en tête, il savait que le salut de la révolution résidait dans la seule extension mondiale de celle-ci, non pas dans la gestion étriquée des usines russes, que ce soit par des prolétaires ou non. Le problème avec la CWO est qu’elle prétend que les textes de Kommunist « nous donnent des indications précieuses pour notre propre compréhension sur la manière dont l’émancipation future de l’humanité se produira » [12]. Pour nous au contraire, il est temps de ranger le principe abstrait et anarchisant d’auto-organisation au musée des curiosités historiques. Autant pour les opportunistes du début du 20e siècle le mouvement était tout et le but n’existait pas, autant pour les opportunistes du 21e siècle l’auto-organisation est tout et le but final leur est tout à fait inconnu !
« Le morcellement de la production, pour restituer aux molécules des usines ou du lopin de terre la "liberté de gestion" représenterait un formidable retour en arrière qui ne correspond nullement avec le programme du prolétariat. D’autre part, la diversité même des besoins économiques des différentes parties composant un État prolétarien fait que le Comité d’usine local se trouve dans l’impossibilité de saisir la vision de l’ensemble du territoire dont les nécessités se heurtent très souvent avec les nécessités particulières et contingentes d’une localité donnée. La centralisation permet de régler l’ensemble de la production suivant des considérations à la fois économiques et politiques et, à cette fin, le seul organisme pouvant permettre au prolétariat ou aux groupes de celui-ci de dépasser la vision de la contingence, c’est seulement le parti de classe. Le problème de la nécessité du contrôle continu de la classe ouvrière et de la croissante adaptation des ouvriers dans la gestion de l’industrie et de l’économie, ce problème qui est, en définitive, la clef de la révolution, ne peut être résolu qu’au travers du parti et nullement au travers d’institutions qui, loin de pousser les ouvriers de l’avant (les comités d’usines) menacent de les faire retourner vers des conceptions localistes s’opposant, d’ailleurs, à toutes les nécessités du développement de la technique de production. L’ouvrier "communiste" est celui qui parvient à situer le problème local dans l’ensemble de la production et non inversement » (Bilan #19, 1935).
On le voit, les positions avancées par la fraction dite de Boukharine en 1918 préfigurent au mieux ce que seront dans les années 1930 les théorisations d’ordre conseillistes apôtres à la fois de l’autogestion et autoorganisation ouvrières à partir des usines et du rejet du caractère prolétarien de l’insurrection d’Octobre 1917 et de la Révolution russe. Au pire, elles finirent par contribuer à ouvrir la voie à la théorie stalinienne de la construction du socialisme dans un seul pays, la Russie.
Il n’en reste pas moins que, outre la question de l’indispensable extension internationale de la révolution, la Révolution russe nous fournit une expérience inestimable pour aborder sérieusement, « scientifiquement », certaines problématiques auxquelles le prolétariat et le parti communiste se trouveront inévitablement confrontés dès le début de la période de transition. Comme le souligne la CWO, et c’est là le mérite de ses introductions aux articles de Kommunist, « il y avait un décalage entre les intentions socialistes et les besoins de la survie économique face à l’épouvantable situation économique que le pouvoir des soviets avait hérité du Gouvernement provisoire [de Kerenski] » [13]. Même si dans d’autres conditions objectivement et historiquement plus favorables, toute future dictature du prolétariat dans un seul pays, ou groupe de pays, se trouvera confrontée à la même problématique dans l’attente de l’extension internationale de la révolution. Voilà ce à quoi les communistes d’aujourd’hui doivent préparer le parti de demain. Mais ils ne peuvent y contribuer positivement qu’à la seule condition de faire leurs les leçons et le cadre théoriques et politiques tirées de l’expérience russe… par la véritable Gauche communiste.
Notes:
[1] . Fraction de la Gauche communiste internationale, La défense du caractère prolétarien de la révolution d’octobre est toujours une frontière de classe, http://fractioncommuniste.org/fra/bci07/bci07_5.php
[2] . « En mars, les travailleurs de Petrograd recevaient une ration quotidienne de 1082 calories seulement (la norme était de 3600 calories). En avril, mai et juin, la ration tomba à 1013, 899 et 714 calories par jour ». Ref. The Bolsheviks in Power, Alexander Rabinowitch, traduit de l’anglais par nous.
[3] . Tendance Communiste Internationaliste, Radek on the International Situation in Spring 1918, http://www.leftcom.org/en/articles/2017-04-02/radek-on-the-international-situation-in-spring-1918. Toutes les citations de la CWO dans cet article sont traduites de l’anglais par nous.
[4] . Tendance communiste internationaliste, An Epithaph for the October Revolution ?, http://www.leftcom.org/en/articles/2017-02-17/an-epitaph-for-the-october-revolution. Nous soulignons.
[5] . traduit de l’italien par nous.
[6] . Tendance communiste internationaliste, Ossinski on Boukharin’s Imperialism and the World Economy, http://www.leftcom.org/en/articles/2019-09-11/ossinsky-on-bukharin-s-imperialism-and-the-world-economy
[7] . Tendance communiste internationaliste, The Formation of the Red Army 1918, https://www.leftcom.org/en/articles/2019-02-11/the-formation-of-the-red-army-1918
[8] . Lénine, Sur l’infantilisme "de gauche" et les idées petites-bourgeoises, 5 mai 1918, https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1918/05/vil19180505.htm
[9] . Bilan, #18 Parti-État-Internationale : L’État prolétarien, http://www.collectif-smolny.org/article.php3?id_article=297
[10] . Tendance communiste internationaliste, Ossinski Demands for Clear Answers (April 1918), https://www.leftcom.org/en/articles/2019-03-13/ossinsky-s-demand-for-clear-answers-april-1918
[11] . Idem
[12] . loc. cit.
[13] . Tendance communiste internationaliste, N. Ossinsky’s Critique of State Capitalism in Russia, https://www.leftcom.org/en/articles/2017-09-08/n-ossinsky%E2%80%99s-critique-of-state-capitalism-in-russia