(Février 2015) |
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Non au terrorisme, non à l’État capitaliste !
Nous publions ici notre communiqué rédigé dès l’annonce des attentats, au moment même de la déclaration du président français F. Hollande appelant à l’unité nationale et à la défense de la liberté d’expression et de la démocratie. Dès cet instant et devant la réaction immédiate – à peine une heure après la tuerie à Charlie – il nous est apparu très clairement que ce massacre allait être utilisé par la bourgeoisie et avoir des conséquences internationales. Les heures et les jours qui ont suivi ont confirmé notre première impression. Mais dans un premier temps, il importait surtout d’alerter la classe ouvrière – autant que nous le pouvions – devant le piège qui lui était tendu alors même que l’horreur et la barbarie du terrorisme ne pouvait que provoquer émotion et sympathie vis-à-vis des victimes de ces assassinats.
Nous le faisons suivre d’un texte une nouvelle période s’ouvre... qui vise à dégager la signification et les implications historiques des attentats parisiens et de l’utilisation qu’en a fait l’État français et, avec lui, l’ensemble de la classe capitaliste internationale : une nouvelle période s’ouvre dans laquelle la bourgeoisie est décidée à affronter plus directement et massivement le prolétariat afin de lui imposer non seulement les sacrifices économiques mais, encore plus, une défaite idéologique, politique et physique afin de pouvoir ouvrir la voie à la guerre impérialiste généralisée. Ce texte a été rédigé le 16 janvier. Il ne prend pas en compte la venue au pouvoir de Syriza en Grèce le 25 janvier et la signification internationale de la mise en avant de gauches dites "radicales" et anti-libérales. Le succès de Syriza et la montée de Podemos en Espagne est le deuxième acte de cette offensive générale de la bourgeoisie contre le prolétariat après les événements parisiens. Ils visent à rendre crédible aux yeux des ouvriers une alternative politique démocratique de gauche et de les détourner de leur combat de classe contre la crise et l’État capitaliste, qu’il soit gouverné par la droite, la gauche, voire l’extrême-gauche et qu’il se proclame "anti-capitaliste" comme en Grèce.
Non au terrorisme, non à l’État capitaliste ! (7 janvier 2015)
À peine 4 heures après la la tuerie de plusieurs journalistes célèbres, l’attentat meurtrier de Paris de ce jour au journal satirique Charlie hebdo est déjà présenté comme le "11 septembre français". Les appels à l’unité nationale, à « faire bloc » derrière l’État démocratique pour défendre la République, se multiplient. Le président français, F. Hollande, s’est immédiatement présenté sur les lieux et a de suite appelé à l’unité nationale contre « une attaque (...) commise contre un journal – c’est-à-dire l’expression de la liberté – contre des journalistes (...) contre l’esprit de la République ». La guerre de la démocratie contre la barbarie a été déclarée : "il faut un combat national contre l’islamisme" a repris un éminent journaliste de gauche (Serge Moati). Le mot d’ordre est lancé : "défendre la démocratie et le république contre l’islamo-fascisme". D’ores et déjà, quelques heures après l’attentat, le parti socialiste appelle à une « marche des républicains » visant à entraîner la population à y participer massivement. L’ensemble des dirigeants du monde, Obama, Cameron, Merkel, Poutine, etc. dénoncent l’attentat et le terrorisme islamiste. La guerre contre l’islamisme, déjà déclarée lors des attentats d’Ottawa (Canada), de New-York et de Sydney de ces derniers mois, va être relancée et les populations vont être appelées à se rassembler derrière leur État démocratique contre le danger terroriste et totalitaire. Les campagnes anti-islamiste et anti-musulman vont redoubler alors même que les manifestations et contre-manifestations sur ce thème sont mises en avant en Allemagne. C’est un véritable climat de guerre que les bourgeoisies de tous les pays, et particulièrement en Amérique du Nord et en Europe, essaient d’imposer. Et nul doute à cette heure que ce dernier attentat marque une étape dans la mise en avant d’une grande offensive idéologique et politique au niveau international contre la classe ouvrière en vue de lui imposer une atmosphère et une logique de défense de l’État, d’unité nationale et de préparation à la guerre.
Soyons clairs : nous dénonçons ces actes de barbarie et l’usage du terrorisme. Ce n’est pas une arme de la classe ouvrière. Et surtout, le terrorisme d’aujourd’hui est toujours, directement ou indirectement manipulé et provoqué par les États à la fois comme moyen – et moment – de guerre impérialiste et, en même temps, contre la classe ouvrière : par la terreur généralisée et les mesures de répression que ces actes sanglants justifient ; et surtout par l’utilisation idéologique et politique qui en est faite et qui vise à rassembler l’ensemble des populations derrière leur État et leur bourgeoisie au nom de l’unité nationale et de la défense de l’État démocratique.
Pour la classe ouvrière, l’alternative "démocratie contre islamo-fascisme" est un piège. Le terrorisme islamiste est produit par les États démocratiques et les rivalités impérialistes exacerbées – l’organisation Human Watch a clairement mis en évidence comment le FBI recrutait et utilisait des déséquilibrés musulmans (ou pas d’ailleurs) pour commettre des attentats de "loups solitaires". Ce n’est pas l’islamisme qui attaque la classe ouvrière, mais les États capitalistes dont la plupart, surtout les principaux, sont démocratiques. Les provocations terroristes et les campagnes anti-terroristes et anti-islamique font partie intégrante des politiques des États et sont utilisées contre la classe ouvrière.
Plus le capitalisme s’enfonce dans la crise économique et les rivalités impérialistes guerrières, plus le terrorisme se développera et frappera les populations innocentes. Seule la classe ouvrière peut faire reculer les menaces de guerre et de terrorisme en développant ses luttes pour la défense de ses conditions de vie et de travail. Seule, par la destruction du capitalisme, elle peut donner une solution à cette marche à la guerre que celui-ci essaie partout d’imposer dans les esprits et dans les chairs.
Le prolétariat ne doit pas tomber dans le piège que l’État bourgeois lui tend : être avec les terroristes ou derrière lui, c’est-à-dire derrière son ennemi de toujours. Il doit le combattre plus que jamais.
Non au terrorisme, non à l’État national et démocratique ! Tous mènent à la guerre impérialiste généralisée.
Oui à la lutte ouvrière contre le capitalisme, sa misère, sa terreur, et ses guerres !
Groupe International de la Gauche Communiste, 7 janvier 2015.