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Élections en France : vers plus d’attaques contre la classe ouvrière !

(5 avril 2017)

Nous reproduisons ci-après la prise de position du Parti Communiste International qui publie Le Prolétaire en francais, sur les élections présidentielle (avril-mai) et législatives (juin) en France. Au moment où le matraquage médiatique sur la campagne bat son plein pour que le maximum de prolétaires aille voter, le PCI dénonce le piège et le danger pour ces derniers de s’en remettre à la participation électorale, d’aller voter, pour défendre leurs conditions de vie et de travail en lieu et place des luttes collectives, de l’extension des grèves et de leur unification dans les manifestations de rue... Dans cette bataille idéologique du moment, même si nous ne partageons pas tous les arguments avancés, nous nous trouvons au côté du PCI sur la barricade de classe et faisons nôtres les principales orientations et mots d’ordre de lutte qu’il avance.

Outre l’appel au rejet du terrain électoral bourgeois, le PCI souligne deux points sur lesquels il nous semble important d’attirer l’attention de tous les exploités :

- la campagne électorale aura offert à la classe capitaliste « un an de répit après les mobilisations contre la loi El Khomri tandis que les travailleurs se retrouveront dans une position plus difficile pour résister aux inévitables attaques anti-prolétariennes exigées par les besoins du capitalisme français » ;

- un des enjeux politiques de ces élections pour la bourgeoisie est de dégager des forces de gauche issues du PS, du PC et du Parti de gauche de Mélenchon, non pour qu’elles gouvernent mais pour qu’elles se crédibilisent comme forces soit-disant anti-capitalistes et radicales « capable de dévier les luttes ouvrières qui pourraient naître contre les mesures antisociales du prochain gouvernement » et ainsi les saboter.

Après l’élection de Trump et le Brexit, en présence des attentats et de la relance des tensions et guerres impérialistes, sur fond de crise économique profonde et face aux inévitables attaques économiques et politiques contre la classe exploitée, la capacité de la bourgeoisie française pour réorganiser et adapter la disposition de son appareil politique à l’occasion de cette année électorale aura valeur “ internationale ” et servira de repère, voire d’exemple, pour les autres classes dominantes, tout particulièrement en Europe.

Car, ne nous y trompons pas, quel que soit le résultat, Macron, Fillon, voire Le Pen, le gouvernement mis à la tête de l’État capitaliste redoublera les attaques contre les travailleurs. L’accentuation de la lutte de classe menée par la classe capitaliste dans tous les pays contre les prolétaires ne peut que s’aggraver. À eux de s’y préparer en France comme ailleurs !

Le GIGC, 5 avril 2017.

À bas le cirque électoral ! (Parti Communiste International)

Depuis des mois et des mois, un invraisemblable cirque électoral occupe toute l’actualité, rejetant dans l’ombre les « questions sociales », autrement dit les questions essentielles des conditions de vie et de travail –ou d’absence de travail – des prolétaires ; pourtant, en dépit des déclarations gouvernementales, le chômage continue à croître, les salaires à stagner ou à baisser, et en général la situation des travailleurs à se dégrader.

Nous avons d’abord eu les interminables campagnes pour les primaires de la droite, puis pour les primaires du PS, avec leurs rebondissements (élimination des favoris, retrait de Hollande), suivies de la campagne proprement dite pour les présidentielles, avec les affaires qui se succèdent continuellement. Après celle-ci, il y aura la campagne pour les législatives, et on arrivera à la « trêve estivale », que le nouveau gouvernement, quel qu’il soit, utilisera sans aucun doute pour perpétrer ses mauvais coups. Les bourgeois auront eu ainsi plus d’un an de répit après les mobilisations contre la loi El Khomri, tandis que les travailleurs se retrouveront dans une position plus difficile pour résister aux inévitables attaques anti-prolétariennes exigées par les besoins du capitalisme français.

Nouvelle démonstration du rôle réactionnaire du système électoral qui se présente comme le moyen de l’expression de la « volonté populaire », alors qu’il ne peut servir que les intérêts de la classe dominante capitaliste. Rien d’étonnant à cela : possédant tous les moyens de communication, s’appuyant sur tout le réseau des innombrables institutions crées et entretenues pour défendre l’ordre établi, seule capable de financer les campagnes électorales, la classe dominante façonne à son gré l’« opinion publique » ; elle maintient notamment en vie le mensonge très précieux pour elle, selon lequel c’est en déposant des bouts de papier dans une urne qu’il est possible de déterminer la politique de l’Etat bourgeois ! En réalité cette politique est déterminée par les intérêts généraux du capitalisme dont l’Etat bourgeois est le rempart, et les intérêts particuliers des groupes capitalistes les plus puissants ; c’est ce que démontre le fait que tous les gouvernements, de droite ou de gauche, qui depuis une trentaine d’années se sont succédés au pouvoir, ont suivi fondamentalement une même politique pro-capitaliste et anti-ouvrière. Les partis qui participent au jeu truqué des élections et appellent les prolétaires à y participer en affirmant qu’un nouveau gouvernement de gauche issu d’une victoire électorale, pourrait améliorer les conditions des prolétaires et les défendre contre les patrons, ne sont que de fieffés menteurs qui défendent l’ordre établi bourgeois.

Il en a va de même pour les centrales syndicales qui prétendent organiser la lutte des travailleurs contre les attaques capitalistes. L’année dernière, après avoir organisé un simulacre de lutte en contrôlant le mouvement pour éviter qu’il ne déborde et ne prenne une orientation anticapitaliste (la seule qui aurait pu être efficace), elles avaient promis de « reprendre le combat » à la rentrée : il n’en a rien été et en 2017 le combat a été purement et simplement abandonné ; les centrales syndicales sont revenues à leur vieille pratique de quelques mobilisations isolées, les unes après les autres, de certains secteurs sur des points particuliers. Pour ces organisations partisanes de la collaboration entre les classes, pas question de perturber la sacro-sainte période électorale, moment suprême de la paix sociale qui est leur objectif permanent !

À droite comme à gauche, des candidats pro-capitalitstes

Le Pen, l’une des 2 favoris de l’élection, tient un discours différent de celui traditionnel du Front National qui reprend des revendications sociales habituellement défendues par les réformistes. En se présentant ainsi comme la candidate du « peuple » contre les « élites », elle a pu accroître son audience électorale, y compris parmi les travailleurs dégoûtés des politiciens bourgeois classiques. Mais le FN, parti d’extrême droite raciste et chauvin, reste un ennemi juré des prolétaires. C’est aussi pourquoi tous les autres candidats affirment être le meilleur « rempart » contre Le Pen, même quand ils partagent avec elle beaucoup de positions nationalistes et anti-ouvrières.

C’est le cas de Fillon, le vainqueur inattendu de la primaire de la droite, dont le programme est le plus ouvertement anti-prolétarien ; il prévoit (ou implique) entre autres la suppression des 35 heures, la hausse de la TVA, le passage de l’âge de la retraite à 65 ans, la destruction de 500 000 emplois dans la Fonction Publique, la fin de la prise en charge de la plupart des soins par la Sécurité Sociale (sauf les maladies les plus graves), etc., etc.

Macron, le chéri des médias, a un programme qui est du Fillon light, dans la continuité de son action lorsqu’il était ministre des Finances de Hollande : amélioration de la « compétitivité » des entreprises et diminution du « coût du travail » (autrement dit amélioration des profits capitalistes et accroissement de l’exploitation des prolétaires), suppression de 120 000 emplois de fonctionnaires, économies dans les dépenses sociales, etc. ; par ailleurs, c’est un partisan de l’ « ubérisation », autrement dit la suppression des réglementations et statuts divers qui gênent la « flexibilisation » de la main d’œuvre et restreignent les investissements capitalistes dans quelques secteurs. En un mot, c’est une version du programme de Fillon adoucie de façon à présenter moins de risque de réactions de la part des prolétaires.

Les deux candidats de gauche ne sont en réalité pas en compétition pour gagner les élections, mais pour remettre sur pied une force réformiste crédible, capable de dévier les luttes ouvrières qui pourraient naître contre les mesures antisociales du prochain gouvernement. En effet après le quinquennat de Hollande le PS est trop fortement discrédité auprès des travailleurs pour jouer efficacement le rôle de digue sociale dont a besoin l’ordre capitaliste ; il a donc un besoin impérieux de se redonner un visage de gauche : c’est tout le but de la candidature Hamon. Mais à ce jeu-là la démagogie de Mélenchon l’emporte sur celle de l’ancien ministre qui, bien que frondeur, ne peut pas se démarquer complètement de l’action de Hollande : Hamon a dû par exemple abandonner son opposition à loi El Khomri pour pouvoir être soutenu par l’appareil du PS.

Mélenchon, lui, ne se gêne pas pour condamner le quinquennat qui vient de s’écouler ; mais son orientation « de gauche » n’est qu’une démagogie réformiste qui cache mal des positions pro-impérialistes et anti-prolétariennes. Il a ainsi soutenu, au nom de « l’intérêt national » les interventions militaires françaises en Libye et en Afrique, alors que cet intérêt national n’est rien d’autre que l’intérêt des grandes firmes impérialistes, Total et autres. Comme Le Pen, il s’oppose à l’Union Européenne au nom de la « souveraineté nationale », comme elle il dénonce les « travailleurs détachés » qui viennent « prendre le pain des Français », et il affirme que les travailleurs sans-papiers qui n’ont pas de contrat de travail doivent quitter le pays. Or, la division entre travailleurs français et étrangers, entre travailleurs avec ou sans-papiers, est une arme classique utilisée depuis toujours par les patrons pour paralyser les luttes ouvrières ; et la « souveraineté nationale » est un objectif exclusivement bourgeois : les prolétaires n’ont pas de patrie !

Quant aux candidats d’« extrême-gauche », s’ils ne font que de la figuration dans ce cirque, ils contribuent tout de même à la sale besogne de le crédibiliser aux yeux des prolétaires.

Non à l’anesthésiante mystification électorale, oui à la lutte de classe !

Les prolétaires ne peuvent se défendre, ils ne peuvent défendre leurs revendications immédiates ou plus générales et encore moins en finir avec le système capitaliste au moyen de bulletins de vote, qui pour les capitalistes ne sont que des chiffons de papier. Leur force ne peut pas s’exprimer sur le terrain truqué des élections, à travers le système démocratique où les citoyens jouiraient du même poids politique, abstraction faite de leur appartenance à telle ou telle classe sociale. C’est uniquement par la lutte qu’ils peuvent résister aux capitalistes et à leur Etat, car c’est ainsi qu’ils ont la possibilité d’arrêter le fonctionnement de l’économie ; mais il faut qu’il s’agisse d’une lutte réelle, menée avec les moyens et les méthodes de classe ; une lutte qui soit en rupture avec les orientations collaborationnistes, démocratiques et pacifistes, des organisations réformistes qui ne jurent que par le « dialogue entre partenaires sociaux » et sabotent toutes les luttes. Ce n’est pas du dialogue avec leur ennemi de classe dont ils ont besoin, mais de la lutte résolue contre lui, son système et son Etat !

Quel que soit le résultat des prochaines élections présidentielles, de nouvelles attaques anti-ouvrières sont à prévoir. Les travailleurs pourront d’autant mieux y faire face qu’ils auront su rejeter les illusions électorales, qu’ils ne se seront pas laissé duper par la propagande des bonimenteurs de tout bord, qu’ils auront refusé les appels à la participation au cirque électoral que ce soit pour soutenir tel candidat ou « faire barrage » à telle autre : on ne peut « faire barrage » non seulement à un candidat de droite ou d’extrême droite, mais surtout à l’aggravation de l’exploitation et de l’oppression capitalistes que par la lutte !

Le refus du cirque électoral, l’abstentionnisme révolutionnaire, n’est pas le refus de toute politique : c’est le refus de la politique bourgeoise, condition pour pouvoir suivre une politique prolétarienne qui ne se mène pas dans les urnes et au parlement, mais dans la rue et sur les lieux de vie et de travail ; une politique révolutionnaire dont les principes sont la solidarité et l’organisation de classe du prolétariat et dont l’objectif est la destruction du capitalisme.

A bas le cirque électoral !

Pour le retour à la lutte et à l’organisation de classe !

Pour l’union internationale des prolétaires contre le capitalisme !

Pour la reconstitution du parti de classe international !

Pour la révolution communiste mondiale !


Parti Communiste International, 2 avril 2017, www.pcint.org

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