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Ukraine : face aux menaces de guerre impérialiste, défendre nos conditions de vie et de travail partout dans le monde
(tract, 20 février 2022)
L’armée russe va-t-elle envahir l’Ukraine ? Ou bien la guerre va-t-elle se limiter au Donbass et aux seules républiques pro-russes auto-proclamées ? Les troupes massées aussi en Biélorussie vont-elles intervenir, élargissant immédiatement la guerre aux frontières de la Pologne, des pays baltes et de l’Union européenne ? Dans ce cas, quelle sera la réaction de l’OTAN ? D’ores et déjà, il est un fait évident : la menace de guerre impérialiste, y compris nucléaire, frappe en Europe. D’ores et déjà, un pas supplémentaire vers la guerre impérialiste généralisée vient d’être franchi.
La dynamique, à vrai dire l’engrenage, des rivalités impérialistes, exacerbée par la crise et la concurrence économiques, s’accentue inexorablement. Elle contraint chaque bourgeoisie, qu’elle le veuille ou non, à s’engager sur la voie de la guerre. Et en premier lieu, les principales puissances impérialistes. Face à son déclin économique et à la remise en cause de son leadership international, les États-Unis jouent de leur puissance militaire sans équivalent et en menacent le monde entier. Leur politique de containment, économique et surtout militaire, vis-à-vis de la Chine et de la Russie font de Taïwan et de l’Ukraine les potentiels Pearl Harbor d’aujourd’hui et demain. Et elle force les autres puissances impérialistes, principalement occidentales, l’Europe en particulier, à se ranger derrière eux, coincées qu’elles sont par la polarisation impérialiste soudaine et rapide USA vs Chine-Russie.
La perspective et la dynamique, le processus, de la guerre impérialiste généralisée, d’une Troisième guerre mondiale, agit et intervient chaque fois plus sur le cours des événements. Inéluctablement. Face à sa perspective, et face aux guerres locales qui en ponctuent la marche, il n’est qu’une réponse possible : l’internationalisme prolétarien. Le prolétariat, classe exploitée et révolutionnaire à la fois, est la seule force qui puisse s’opposer à la guerre impérialiste. Et, dans un premier temps, freiner la course qui y mène.
D’abord et avant tout, « les ouvriers n’ont pas de patrie » proclamait Le Manifeste communiste en 1848. C’est encore plus vrai aujourd’hui. Afficher et défendre l’internationalisme prolétarien face à toute guerre impérialiste signifie que le prolétariat n’a pas à choisir un camp contre l’autre. Et c’est bien le sentiment qui semble animer la plupart des prolétaires de Russie et d’Ukraine. Mais ce sentiment ne suffira pas à enrayer l’affrontement militaire s’il devait se produire. Encore faudrait-il que le prolétariat de l’un ou l’autre pays, voire les deux, s’engagent dans une dynamique résolue de grève de masse, opposant leurs intérêts de classe – bas salaires, inflation, pauvreté, misère frappent de chaque côté de la frontière – aux sacrifices supplémentaires auxquels ils seront appelés pour défendre la « mère patrie ». Malheureusement, si la grève de masse des prolétaires du Kazakhstan leur a indiqué la marche à suivre, aucun indice de luttes ouvrières n’est apparu de l’un ou l’autre pays – à notre connaissance bien sûr – qui permettrait d’envisager une réponse immédiate à la menace, voire à l’éclatement, de la guerre. Ce ne serait sans doute qu’à terme, que le prolétariat de Russie et d’Ukraine pourrait se dégager de la propagande nationaliste massive et de l’ambiance chauvine et, malgré la répression brutale qui ne manquerait pas, s’engager dans la lutte pour ses propres intérêts de classe.
De même, le prolétariat international, en premier lieu européen, ne semble pas non plus en condition de réagir de manière immédiate à une guerre qui se déclencherait aux frontières de l’Union européenne. Certes, une timide reprise internationale des luttes ouvrières semble émerger ces derniers mois. Elle confirme que la bourgeoisie européenne n’a pas les mains totalement libres pour marcher à la guerre généralisée. Mais sa dynamique est encore loin d’être suffisamment affirmée pour pouvoir contrer, ou retenir, les desseins impérialistes immédiats de celle-ci. Pour autant, c’est bien là la voie à suivre si l’on veut d’abord freiner la marche à la guerre, ne serait-ce qu’a minima, puis dégager l’alternative prolétarienne à la catastrophe capitaliste qui vient, crise et guerre impérialiste généralisée.
Défendre ses conditions de vie et de travail sans tenir compte aucun de la logique économique capitaliste est non seulement le seul moyen de défendre ses intérêts de classe mais aussi d’affaiblir, de freiner, de ralentir, voire de saboter, la préparation industrielle et politique pour la guerre généralisée et la marche vers celle-ci. Pour l’heure, et face à la menace en Ukraine, c’est là la seule réponse concrète que le prolétariat est en capacité d’avancer. Tel est le mot d’ordre aujourd’hui, en Russie et Ukraine, comme dans toute l’Europe et ailleurs, face aux bruits de bottes et aux premiers échanges d’obus sur la ligne de front.
Non aux sacrifices pour le capital et ses guerres !
Non à l’unité nationale, vive la lutte de classe prolétarienne !