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Lutter pour "sauver la planète" exige la destruction de l’État capitaliste et l’exercice de la dictature du prolétariat !
(20 septembre 2019)
Nul ne doute plus aujourd’hui, face au réchauffement climatique en particulier, que le capitalisme "détruit la planète" et met en péril la survie même de l’espèce humaine. Jusqu’aux adeptes, idéologues et propagandistes les plus fervents du capitalisme dit "libéral", tels le Financial Times et The Economist qui, ces derniers jours, en appellent à « refonder le capitalisme en faisant que le profit ait un autre but que lui-même » et « à changer profondément l’économie » [1]. Et au point d’engager une campagne médiatique et politique mondiale encourageant et favorisant plus de 5000 manifestations contre le réchauffement de la planète dans le monde entier. La réalité de l’opposition entre le capitalisme et la nature saute aux yeux de tous - hormis des Trump et Bolsonaro qui peuvent ainsi servir d’idiots utiles, de faire-valoir, pour donner plus de crédit à la mobilisation écologique actuelle. Tous les courants de pensée bourgeois, libéraux, keynésiens, anti-libéraux de gauche, jusqu’aux anti-capitalistes les plus radicaux - ex-staliniens, trotskistes et gauchistes - en appellent à la mobilisation générale. Certaines entreprises capitalistes invitent même leurs employés "à faire grève" pour pouvoir aller manifester !
Que le capitalisme « rend[e] étrangers à l’homme la nature et lui-même » [2] fut déjà établi, relevé, expliqué, critiqué et dénoncé dès les premiers pas théoriques et programmatiques du mouvement ouvrier révolutionnaire, par sa théorie, le marxisme. Rien de nouveau en soi donc pour les prolétaires conscients et les communistes. Mais selon les médias capitalistes et la plupart des appareils étatiques, il y aurait une urgence absolue car demain il sera trop tard du fait de conséquences irréversibles. Selon le dernier rapport du GIEC [3], « au rythme d’émissions actuelles, le réchauffement climatique atteindra 1,5 °C entre 2030 et 2052. Sans rehaussement de l’ambition des pays signataires de l’Accord de Paris et sans mise en œuvre immédiate des mesures nécessaires, le réchauffement climatique global devrait atteindre 3 °C d’ici 2100 » [4].
Développement durable et décroissance ?
Pour y répondre, il y aurait essentiellement deux options : un développement durable ou bien, pour les plus radicaux, la décroissance. L’opposition entre les deux n’est qu’apparente car elles restent sur le même terrain. Les deux délimitent le champs de l’action politique au cadre idéologique, politique et étatique capitaliste. Même les plus radicaux bornent la lutte dans le cadre du capitalisme, du peuple et des citoyens ignorant toute contradiction et division de classe en leur sein, de la démocratie bourgeoise et de son État lorsqu’ils « exig[ent] la reconnaissance de la gravité et de l’urgence des crises écologiques actuelles et une communication honnête (sic !) sur le sujet ; la réduction immédiate des émissions de gaz à effet de serre (...) ; l’arrêt immédiat de la destruction des écosystèmes océaniques et terrestres (...) ; la création d’une assemblée citoyenne chargée de décider des mesures à mettre en place pour atteindre ces objectifs et garante d’une transition juste et équitable » (Extinction Rébellion, https://extinctionrebellion.fr/).
Développement durable ou décroissance - quelles qu’en soient les formes et les degrés - ne remettent pas en cause le facteur du réchauffement climatique : le capitalisme ; c’est-à-dire l’accumulation sans cesse renouvelée et élargie du capital, la recherche toujours plus effrénée du profit, et la marchandisation généralisée. Et les solutions politiques qui accompagnent l’une et l’autre sont inévitablement de fausses solutions du point de vue de la préservation de la planète ; et de vraies impasses et pièges idéologiques et politiques du point de vue de la classe révolutionnaire, le prolétariat. Il en va de l’idéologie écologiste comme du pacifisme. Le capitalisme c’est la guerre - autre thèse classique du marxisme - et le pacifisme, quelle que soit la conscience et la sincérité de chaque pacifiste, n’est qu’un moyen et un moment de la préparation à la guerre impérialiste. Le capitalisme c’est aussi la destruction inévitable de l’environnement et l’écologisme, quelle que soit la conscience et la sincérité de chaque écologiste (souvent aussi pacifiste d’ailleurs), n’est qu’un moyen et un moment de l’embrigadement derrière et pour la défense de l’État démocratique en vue de la guerre impérialiste généralisée.
Pourquoi et comment le communisme est la seule ’solution’ ?
Seul le communisme peut en finir avec les guerres et la production qui dévastent la planète. Bien évidemment, nous ne parlons pas du soit-disant communisme, en fait une forme particulière de capitalisme d’État due à des conditions historiques elles-aussi particulières, de l’ex-URSS ou de la Chine staliniennes qui faisait de la croissance de la production industrielle le critère de la supériorité de leur soit-disant socialisme sur le capitalisme. Et dont l’objet ne visait in fine qu’à la guerre... Nationalisation et étatisation n’ont jamais été des mesures socialistes ou communistes comme Marx et Engels déjà en leur temps [5] n’eurent de cesse d’avertir.
« Si, dans le socialisme, il y a accumulation, elle se présentera comme une accumulation d’objets matériels utiles aux besoins humains et ceux-ci n’auront pas besoin d’apparaître alternativement comme monnaie, ni non plus de subir l’application d’un "monétomètre" permettant de les mesurer et de les comparer selon un "équivalent général". Donc, ces objets ne seront plus des marchandises et ne seront plus définis que par leur nature quantitative physique et par leur nature qualitative, ce qu’on exprime chez les économistes, et aussi chez Marx, dans un but d’exposition, parvaleur d’usage.
L’on peut établir que les rythmes de l’accumulation dans le socialisme, mesurés en quantités matérielles comme des tonnes d’acier ou des kilowatts d’énergie, seront lents et peu supérieurs au rythme d’accroissement de la population. Relativement aux sociétés capitalistes mûres, la planification rationnelle de la consommation en quantité et en qualité et l’abolition de l’énorme masse des consommations anti-sociales (de la cigarette au porte-avions) déterminera probablement une longue période de baisse des indices de la production et donc, si l’on reprend des termes anciens, un désinvestissement et une désaccumulation » [6] (A. Bordiga).
Sauvegarder la planète ne peut se réaliser que si on produit pour les besoins humains et non pour le profit. Mais aussi, et de manière beaucoup plus immédiate, en faisant disparaître la menace de guerre impérialiste généralisée à laquelle le capitalisme en crise mène inévitablement. Voilà pourquoi le combat contre l’État capitaliste et sa destruction sont la véritable urgence pour la sauvegarde de la planète. Or ce combat ne peut être mené que par la classe sociale « ravalé[e] au rang de la marchandise la plus misérable » [7], la marchandise force de travail, le prolétariat. Car lui seul « est une classe vraiment révolutionnaire [et peut détruire] en même temps que ce régime de production, les conditions de l’antagonisme des classes, (...) les classes en général et, par là même, sa propre domination comme classe » (Manifeste communiste) et ainsi rétablir l’unité de l’espèce humaine avec la nature, « son corps avec lequel [elle] doit maintenir un processus constant pour ne pas mourir » [8].
La campagne actuelle contre le réchauffement climatique - aussi réel et dangereux soit-il - vise au contraire à entraîner les populations, en particulier la jeune génération, derrière les États capitalistes et l’idéologie démocratique au nom des peuples. Et à détourner leur attention de la lutte des classes et du prolétariat international. À l’heure même où la classe capitaliste redouble partout ses attaques contre les prolétaires du fait de l’impasse économique et des tensions et guerres impérialistes croissantes. À l’heure où une confrontation massive entre les classes devient la question centrale. Car de son issue dépend le sort de l’humanité : vers une société sans exploitation, ni classe, ni misère, ni guerre ou bien vers une guerre impérialiste généralisée.
À ceux qui veulent vraiment combattre le capitalisme et ses conséquences dramatiques de tout ordre : ce n’est pas dans les manifestations encouragées, favorisées et même organisées par les États, qu’ils pourront faire avancer la ’cause de la sauvegarde de la planète’. C’est en rejoignant les combats prolétariens, luttes ouvrières, grèves, manifestations, etc. et en se rapprochant des minorités prolétariennes et révolutionnaires, surtout les groupes politiques de la Gauche communiste. Car ainsi, et seulement ainsi, ils pourront trouver un engagement militant et une cohérence théorique et politique qui leur permettront de s’intégrer et de participer activement au combat pour la véritable sauvegarde de la planète et de l’humanité : la lutte historique du prolétariat révolutionnaire international pour le communisme.
Notes:
[2] . Du fait du travail salarié qui « arrache à l’homme l’objet de sa production » et "lui dérobe la nature", Manuscrits de 1844, K. Marx.
[3] . Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (en anglais Intergovernmental Panel on Climate Change, IPCC)
[4] . https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/quil-faut-retenir-du-rapport-du-giec-sur-rechauffement-climatique.
[5] . Ni même Lénine d’ailleurs - et contrairement à ce que le stalinisme, et aussi en partie Trostky lui-même, ont prétendu - malgré les conditions particulièrement dramatiques de la Russie d’après octobre 1917 et les mesures d’urgence capitalistes d’État qui durent être prises face aux destructions de la guerre, de l’isolement international, de la paralysie de l’appareil productif et à la famine et misère qui en découla... Mais c’est là une autre question.
[6] . A. Bordiga, Structure économique et sociale de la Russie d’aujourd’hui, Éditions de l’oubli, série d’articles ou de rapports écrits dans les années 1950.
[7] . Manuscrits de 1844, K. Marx.
[8] . (idem).