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2e communiqué sur les grèves en France (4 janvier 2020)

(Avertissement : le rédacteur s’est trompé sur les dates. Ce communiqué a été rédigé le vendredi 3 janvier et non le vendredi 4... et il a aussi confondu le lundi 6 janvier et le mardi 7 janvier, jour des discussions officielles entre gouvernement et syndicats. Nous remercions les différents lecteurs, et en particulier les camarades de la TCI, qui nous ont avertis aussitôt de la confusion)

Les grèves enclenchées le 5 décembre dernier continuent dans un certain nombre de secteurs, particulièrement ceux liés aux services publics. Rappelons à l’attention des lecteurs ne vivant pas en France, que la mobilisation s’est faite contre la suppression des systèmes de retraite au profit d’un nouveau système reculant fortement l’âge de départ effectif et réduisant considérablement, parfois jusqu’à 30%, les pensions. La grève continue à paralyser une grande partie des transports publics, surtout de la région parisienne, malgré les tentatives d’intimidation, de pression, et de répression à la fois des directions et équipes managériales des entreprises en grève (principalement SNCF, les trains nationaux, et RATP, métro, bus et une partie des trains de la région parisienne) et de la police, en particulier lors des manifestations et des piquets de grève. Malgré les provocations du gouvernement et la propagande des média, le mouvement continue encore de bénéficier d’un soutien et d’une sympathie, d’une majorité de la population selon les sondages [1].

Après les deux semaines de fêtes de Noël, les enseignants vont rentrer de vacances ce lundi 7 [lundi 6]. C’est ce même jour [le lendemain en fait] que le gouvernement recevra tous les syndicats. Le fait qu’il n’y ait pas eu de discussion ou négociations officielles depuis le 18 montre bien que le gouvernement a essayé de jouer la carte du pourrissement de la grève sans essayer de résoudre la situation et les difficultés quotidiennes épuisantes de centaines de milliers de voyageurs allant au travail ; et d’autre part d’enfermer les grévistes dans une grève longue et exténuante physiquement et financièrement - beaucoup en sont à un mois de grève, c’est-à-dire un salaire en moins ! Il est fort probable que ce lundi [mardi 7] le gouvernement accorde quelques petites concessions d’ordre secondaire, aux syndicats dits "réformistes", la CFDT et l’UNSA, pour qu’ils puissent appeler à arrêter la grève avec un minimum de crédibilité aux yeux de leur "base" et de "l’opinion publique". Si tel est le cas, les media titreront sur la division syndicale, le reflux de la grève et la diminution du nombre de grévistes. Jeudi 9, les syndicats "les plus à gauche", la CGT, FO, SUD, FSU, réunis en intersyndicale, organisent une 4e journée d’action et de manifestation "interprofessionnelles". Selon, l’ampleur de la participation à la grève, dans l’éducation en particulier, voire dans d’autres secteurs, et le résultat des négociations du lundi [en fait mardi], la journée du 9 marquera la fin, ou le début de la fin, de la grève et l’échec de la mobilisation pour faire reculer le gouvernement ou bien... une redistribution des cartes, un bouleversement des lignes et des forces qui s’affrontent dans cette mobilisation. Mais alors on peut penser que le moteur de la grève actuelle, les cheminots et les travailleurs de la RATP, exténués, devra être assumé par un autre, ou d’autres, secteur...

Comment en est-on arrivé là ? Quel fut le déroulé de la lutte jusqu’à aujourd’hui et quelles ont été les différentes batailles, les différents épisodes ? Et quelle intervention les révolutionnaires ont-ils, et devaient-ils, mener en fonction des différentes situations et moments ?

Dans le communiqué précédent du 8 décembre [2], après avoir rappelé dans quel contexte international de lutte et de révoltes populaires nous nous trouvions aujourd’hui, nous avons essayé de présenter le processus qui a mené de la grève massive à la RATP du 13 septembre jusqu’à la journée d’action syndicale du 5 décembre et au début de la grève reconductible. En particulier, nous rappelions l’importance qu’aurait pu prendre l’extension de la grève sauvage du centre de maintenance des TGV SNCF de Châtillon fin octobre, elle-même précédée d’un arrêt de trois jours du trafic national suite à un accident, si elle s’était étendue : elle aurait ainsi ôter l’initiative et le contrôle de la lutte aux syndicats en anticipant sur la journée d’action du 5 décembre. La fin de cette grève, "victorieuse" car la direction s’empressa de céder aux revendications locales, referma ce moment et redonna de fait la main aux syndicats jusqu’au 5, et même jusqu’à la journée du 10. Nous terminions ce communiqué par l’affirmation suivante qui semble s’être vérifiée à ce jour :

« Certes, la bourgeoisie et ses syndicats contrôlent la situation ; en particulier et très certainement, il en ira ainsi d’ici à mardi-mercredi [10/11 décembre, jours de la 2e journée d’action et des rencontres syndicats-gouvernement]. Il n’en reste pas moins que la volonté de lutte est forte et qu’une sorte de bras-de-fer s’est engagé avec le gouvernement. Et c’est là-aussi où le prolétariat peut s’engager dans une impasse. Le risque pour l’ensemble des prolétaires est d’attendre simplement et passivement dans l’espoir que le blocage des transports fasse céder le gouvernement au lieu d’entrer ouvertement dans la lutte ».

Du 10 au 17 décembre...

La journée d’action du 10 décembre a vu une participation à la grève et aux manifestations moins fortes que lors du 5 (800 000 manifestants contre 1 million et demi selon la CGT). Selon nous, cette baisse de la participation s’explique en grande partie par l’absence de perspectives réelles de généralisation du mouvement au-delà des secteurs traditionnellement en lutte (cheminots en particulier). À l’issue de la journée, il pouvait sembler que la maîtrise de la situation par l’État, principalement gouvernement et syndicats, s’était encore renforcée... jusqu’à ce que le premier ministre prenne la parole le soir même.

Alors que tout le monde s’attendait à ce qu’il annonce quelques concessions (tel le retrait de l’âge pivot [3]) que les syndicats "modérés" se seraient empressés de saluer pour appeler à la reprise du travail, il réaffirma l’ensemble du projet tel quel au grand dam de la CFDT qui fut alors obligée de se joindre à la journée d’action prévue le 17. Nous ne pouvons revenir ici sur les raisons possibles immédiates, tactique, maladresse, etc. d’une telle attitude sans concession. Par contre, nous savons qu’objectivement, du fait de la crise et situation économiques du capitalisme, les bourgeoisies nationales ont vu leur marge de manœuvres "économiques et financières" se réduire considérablement...

Il nous a semblé alors que la "fenêtre" de l’extension, fermée depuis le 5, se ré-ouvrait - certes timidement. Voilà pourquoi nous avons diffusé notre tract du 11 Tout faire pour aider le privé à s’engager dans la lutte !  [4] :

« Entraîner, encourager, aider, les travailleurs du privé à s’engager dans la lutte et la grève est la priorité de l’heure si on veut faire reculer le gouvernement ! Le blocage des transports n’y suffira pas. La grève par procuration qui fait reposer tout le poids du combat en grande partie sur les seuls cheminots et les travailleurs de la RATP ne peut mener qu’à l’impasse et à l’épuisement des grévistes. La fenêtre de tir, l’opportunité, l’occasion, d’entraîner et d’étendre la grève aux prolétaires du privé est encore là. Au moins d’ici au prochain mardi 17 et aux manifestations de ce jour. Après, il est fort possible que la grève, réduite aux seuls cheminots et travailleurs de la RATP pour l’essentiel, se réduise à une lutte ’bras-de-fer’ sans autre but que durer le plus longtemps. À ce jeu, la bourgeoisie et tout l’appareil d’État seront les plus forts. Ils contrôleront, ne serait-ce qu’au moyen des syndicats, la situation et pourront attendre que la lutte s’épuise d’elle-même. Comme pour les cheminots en 2018 ».

Notre tract fut accueilli très favorablement là où il put être diffusé [5]. Mais nous ne furent pas les seuls à avancer ce mot d’ordre d’extension vers le privé. En particulier, de nombreuses AG interpro, organisées sur des bases locales ou régionales, composées en grande partie de grévistes, mais aussi de non grévistes, adoptèrent cette orientation et essayèrent de la mettre en place : piquets de grève (aux dépôts de bus RATP en particulier), délégations et diffusions de tracts aux entreprises, blocage de certains ports (Le Havre, Rouen...) ou de zones industrielles, agitation pour la grève dans les centres commerciaux, manifestations de rue, soit au niveau de la ville, soit du quartier, tenue de réunion ouverte à tous, etc. En fait, une opposition, souvent implicite et silencieuse, non frontale, s’est développée dans ces organismes sur les modalités et la détermination à mettre en place pour tout faire pour l’extension aux autres secteurs, entre les appareils syndicalistes de base, car il s’agit bien aussi d’appareils, et une partie des participants à ces assemblées [6]. D’une certaine manière, l’opposition qui avait émergé entre les grévistes "sauvages" du centre de maintenance de Châtillon fin octobre et le syndicat SUD principalement (cf. notre communiqué du 8) s’est reproduit à l’identique : les uns essayant de ramener sur les échéances des journées d’action, c’est-à-dire sur le terrain syndical, et les autres essayant de briser cette maîtrise syndicale sur les temps forts et les orientations de la lutte elle-même.

Il n’en reste pas moins que l’orientation d’extension et généralisation "nationale" ne s’est pas réalisée durant cette période et que, malgré une participation à la grève et aux manifestations aussi importante que le 5, la journée du 17 est venue, de fait, refermer cette fenêtre ouverte sur la généralisation de la grève. Le risque passé (d’autant que trois jours plus tard, les enseignants très mobilisés étaient en vacances), la bourgeoisie poussa aussitôt son avantage : le soir même, le gouvernement annonça la reprise des discussions avec les syndicats pour le... 7 janvier. L’UNSA et la CFDT renouvelèrent leur appel à la trêve de Noël, bref à arrêter la grève. Et l’intersyndicale, elle, fixa une 4e journée d’action au... 9 janvier ! Le report de ces échéances, en particulier la journée d’action fixée au 9, furent vécues comme un véritable sabotage de la mobilisation par de nombreuses assemblées de grévistes - ce qui est venu renforcer encore plus le développement d’assemblées locales et d’initiatives "interpro".

Les deux semaines de fêtes

Durant deux semaines, les grévistes se retrouvèrent quasi seuls, y compris sur les plateaux TV et les media. Les enseignants en vacances scolaires quinze jours, une partie des prolétaires du pays étant autant préoccupés par les fêtes de famille que par la mobilisation, Noël et Nouvel An au milieu de la semaine, le gouvernement put afficher sans risque et de manière provocante son propre départ en vacances accompagné qu’il était par la disparition des dirigeants syndicaux. Alors que la grève continuait ! Les grévistes n’eurent d’autre choix, d’autre perspective que de la faire durer jusqu’au 9 janvier, tenir et tenir encore et encore, jour après jour, usant ainsi beaucoup d’énergie dans ce combat qui les enferme chaque jour un peu plus. Mais il n’en va pas que des grévistes. C’est aussi l’ensemble du prolétariat en France, ses grandes masses travaillant dans le privé, qu’il s’agisse de l’industrie, du commerce et des services, qui s’est installé dans la grève par "procuration", souhaitant que les cheminots et autres durent le plus longtemps possible, leur apportant même leur sympathie, mais incapables de les rejoindre dans la grève ouverte.

Notre tract et l’intervention directe pour l’extension perdaient à ce moment là toute actualité, ses orientations et mots d’ordre toute effectivité. Il convenait d’adapter notre intervention directe en fonction de l’évolution du rapport de force immédiat dans cette lutte, c’est-à-dire en fonction du succès relatif de la bourgeoisie pour enfermer les grévistes de la SNCF et RATP principalement, même si pas uniquement, dans la grève longue.

« Nous reproduisons ici le tract que le PCI-Le Prolétaire diffuse actuellement et daté d’hier soir. Nous en partageons les positions, l’analyse de la situation immédiate et les orientations de lutte que les communistes doivent mettre en avant ces jours-ci, c’est-à-dire durant les semaines de Noël et du nouvel An, malgré les vacances et le sabotage syndical. Tout particulièrement l’appel, aujourd’hui, en ce moment précis, après l’épisode qui s’est refermé le 17, à l’organisation de comités de grève, d’AG interpro, de piquets de grève, etc. "pour étendre et unifier le mouvement"’. Nous invitons tous ceux qui en partageraient les orientations à diffuser ce tract autour d’eux et dans les assemblées générales et manifestations. Le GIGC, 22 décembre 2019 ».

Il nous semblait alors que le poids de l’intervention devait porter sur les "initiatives locales", tels les AG interpro, afin de favoriser au mieux le regroupement des travailleurs les plus combatifs afin qu’ils puissent s’organiser et mener la bataille contre les manœuvres syndicales ; voire pouvoir effectuer une ou des extensions locales, géographiques. Pour nous, les orientations avancées par le tract du PCI correspondaient aux nécessités de la lutte de ce moment là :

« Contre ce sabotage, ouvert ou non, d’appareils syndicaux complètement intégrés dans le réseau bourgeois de maintien de l’ordre social, le salut réside uniquement dans l’organisation de la lutte sur des bases de classe. Déjà en de nombreux endroits des comités de grève se sont constitués pour diriger le combat, des assemblées générales « interprofessionnelles » se tiennent pour étendre et unifier le mouvement par-dessus les différences de métier et de corporation, des piquets de grève effectifs sont mis en place, et des appels à des journées nationales de mobilisation sont lancés par les grévistes pour contourner le blocage des appareils. Ces initiatives sont encore limitées, mais elles indiquent la voie à suivre pour les travailleurs dans la lutte en cours et dans les luttes à venir contre toutes les attaques bourgeoises » (tract du PCI, 21 décembre).

Pour l’heure, il nous semble qu’il faut maintenir cette orientation au moins jusqu’à lundi. Cette période, qui s’achèvera demain par des manifestations "locales" appelées principalement par SUD et de nombreuses sections locales ou d’entreprise CGT, a vu un maintien de la mobilisation et des initiatives diverses et variées d’ordre local. En même temps, la répression tant sur les piquets de grève que dans les manifestations, hier encore à Paris par exemple, de la part de la police et de l’encadrement de la RATP en particulier, les tensions (relatives mais croissantes) entre grévistes et non grévistes, se sont aggravées, signe que la bourgeoisie sent bien qu’aujourd’hui, la situation étant sous contrôle, elle peut commencer à penser à accroître encore plus la répression et à infliger une défaite la plus large et profond possible.

Réalité, difficultés et limites des assemblées de grévistes et des AG interpro

Nous avons relevé qu’une opposition plus ou moins ouverte a tendu à émerger au sein des "organismes à la base", assemblées de grévistes, AG interpro, etc. Nous avons aussi relevé que quelques uns de nos correspondants ont regretté la mise en avant d’une certaine critique des syndicats après les 17 et 18 décembre dans le tract du PCI. Il est effectivement difficile, lorsque la grève dure depuis un mois au prix de sacrifices financiers et d’une débauche d’énergie permanente, de questionner ouvertement la conduite de la grève. Pourtant, les assemblées de grévistes et autres ne peuvent se résumer à une succession d’interventions où chacun raconte que son lieu de travail est en grève à x% depuis le 5, que tout le monde reste déterminé, et que la grève continuera jusqu’au bout et aux applaudissements qui ponctuent ces déclamations en apparence volontaires, énergiques et radicales. C’est se rassurer facilement entre "convaincus". Cela peut être réconfortant et chaleureux. Mais ne suffit pas à l’efficacité du combat et de la grève. Les assemblées doivent discuter, débattre et décider des orientations et des décisions à prendre en confrontant les diverses propositions. Sinon, elles sont laissées au contrôle et au bon vouloir des appareils syndicaux, y compris de base. Et le fait que la grève soit votée formellement tous les jours ne change rien à l’affaire. Voici des extraits d’un entretien d’une gréviste de la SNCF publié sur le site Paris-luttes info (https://paris-luttes.info/le-nombre-est-la-mais-il-manque-13200) qui relève assez bien l’opposition que nous relevions plus haut au sein des AG et les difficultés auxquelles le prolétariat en lutte se trouve confronté aujourd’hui même dans cette mobilisation.

« Dans le dépôt de Vaires-sur-Marne en AG, on est assez nombreux, cela va de 50 à 200 personnes, on est ouvert aux autres secteurs en lutte, enseignants, RATP, hospitaliers, postiers… On a très vite créé le Comité de grève de Vaires-sur-Marne qui se réunit deux fois par semaine pour proposer des actions, c’était une évidence pour tout le monde : la grève appartient aux grévistes et à personne d’autre. Ça permet d’animer la grève en dehors des manifestations syndicales parisiennes. (...). Cela étant, les AG dans l’ensemble du territoire, on ne sait pas exactement ce que ça donne. C’est bien dommage, car en 1986 il y avait un Comité central de grève, une coordination nationale qui permettait de collecter toutes les informations sur le nombre réel de grévistes, mais aussi de coordonner les opérations un peu plus radicales. Un comité de grève francilien est en train de se former, mais avec encore énormément de limites. (...).

– Que penses-tu des tentatives de coordination, type AG interpro, qui ont eu lieu à Paris ? J’ai le sentiment qu’elles restent assez largement limitées aux militants (trotskistes, autonomes, syndicaux) et peinent à s’élargir… [question de Paris-luttes info].

– Oui, je le disais plus haut, les AG interpro et différentes coordinations ont leurs limites même si la volonté de vouloir donner aux grévistes un lieu démocratique d’union et de réunion est positive. Le fait est que l’on y retrouve toujours les mêmes personnes, les mêmes militants syndicaux, autonomes, politiques et autres. La question est comment peut-on élargir ces coordinations ou ces AG alors que la plupart des gens ont une méfiance exacerbée de la cooptation et de la récupération. À qui cela profite-t-il ? Nous n’arriverons jamais à gagner quoique ce soit si, peu importe l’organisation dans laquelle on milite, on n’arrive pas à se remettre en question et à laisser l’initiative à d’autres personnes, à pousser un maximum de gens à prendre la parole, à exprimer leurs idées, que les textes soient les fruits d’une émanation commune, etc. » (Entretien avec T., cheminote et gilet jaune, Paris-luttes-info, 31 décembre 2019, souligné par nous).

Cette expérience nous semble confirmer l’orientation que nous mettons en avant plus haut, au moins jusqu’à ce lundi. L’intervention des révolutionnaires devrait aujourd’hui se concentrer dans ces assemblées pour, comme l’indiquait le tract du PCI, regrouper les énergies et les importantes minorités de prolétaires, grévistes ou non, qui restent mobilisés. Plus concrètement et à l’approche d’une semaine dans laquelle il est fort probable que les dernières batailles vont se mener, la capacité de ces minorités, regroupant des milliers de prolétaires, pour se regrouper et se centraliser au niveau national serait un premier pas vers une alternative au sort de cette mobilisation auquel travaillent les syndicats. Comme le dit la camarade à Paris-luttes-info, l’ébauche d’une coordination nationale, ou du moins dans un premier temps de coordinations régionales, locales, permettrait à celle-ci de faire un appel national, d’adopter des motions, de diffuser des tracts pour l’extension de la grève, de défiler sous sa bannière lors des manifestations avec des mots d’ordre propres et, plus particulièrement dans le moment actuel, de disputer aux syndicats la direction véritable de la lutte.

Voilà donc où, selon nous, nous en sommes aujourd’hui, vendredi 4, dans cette lutte prolétarienne. Outre l’objectif d’informer le plus grand nombre en France comme à destination des camarades des autres pays et continents, nous soumettons cette analyse du développement de la grève et l’adaptation de notre intervention - certes limitée du fait de nos faibles, très faibles, forces en France - en fonction des moments et des nécessités de la lutte à l’ensemble des prolétaires et aux groupes communistes et révolutionnaires.


Le GIGC, vendredi 4 janvier 2020.

PS. Dernière minute : au moment même de rendre public ce communiqué, nous venons d’apprendre que l’intersyndicale rajoute une autre journée d’action le samedi 11, soit deux jours après la journée du 9. "Pour faire participer les prolétaires du privé qui ne sont pas en grève" selon les syndicats. Nous ne sommes pas capables de dire à cette heure si cette nouvelle journée syndicale répond à une forte poussée ouvrière dans le privé et cherche à court-circuiter les tentatives et initiatives locales des AG interpro et autres pour l’extension ou bien si elle vise simplement à accélérer une éventuelle fin de grève...

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Notes:

[1. Encore ces jours-ci, et selon les sondages de la bourgeoisie, plus de 50% de la population française soutient le mouvement de grève, seuls 35% sont contre, et 15% ne se prononcent pas... Plus de 70% des actifs soutiennent la grève !

[3. Chacun pourrait partir à la retraite à 62 ans mais avec une décote ’à vie’ sur sa pension de 5% par année de cotisation manquante - il en faut 42 - jusqu’à l’âge de 64 ans. De fait, l’âge effectif est reculé au moins jusqu’à 64 ans.

[5. Même si certains, cheminots en particulier, nous ont rapporté qu’en certaines assemblées, ils ont dû subir l’hostilité plus ou moins affichée des syndicalistes, voire leur tentative d’empêcher la diffusion, lorsqu’ils l’ont reproduit.

[6À juste raison, des lecteurs nous ont fait remarquer que cette phrase était peu compréhensible, voire politiquement confuse. Ci-après la traduction dans les autres langues qui peut servir de correctif : "En fait, une opposition a tendu à apparaître au sein des ces organisations sur la question de l’extension, entre les appareils syndicalistes de base et une partie des participants à ces assemblées" (note rajoutée le 6 janvier).

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