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Révoltes et émeutes dans les villes françaises

Nous reproduisons la prise de position sous forme de tract que le Parti Communiste International, qui publie Le prolétaire en France (pcint.org), vient de publier sur la révolte en cours dans les banlieues et les villes française suite à l’assassinat par la police d’un jeune de 17 ans. Nous en partageons l’essentiel. Une seule interrogation politique : le tract se termine par l’appréciation selon laquelle « en déchirant au moins temporairement l’asphyxiante paix sociale, la révolte spontanée actuelle contribue objectivement à rapprocher cette perspective » de la lutte révolutionnaire contre le capital. Certes, il est indéniable qu’elle brise la « paix sociale » et qu’elle exprime l’exacerbation dramatique et inévitable des antagonismes sociaux et l’impasse historique du capitalisme. Pour autant, il n’est pas certain que la révolte actuelle soit un moment favorable, même « objectivement », pour le développement de la lutte prolétarienne et révolutionnaire. Ne serait-ce que par l’utilisation politique et idéologique que l’ensemble de l’appareil d’État bourgeois commence à en faire pour mieux diviser entre ceux, les prolétaires, qui "comprennent" et sympathisent avec les jeunes et ceux qui "s’inquiètent" du nihilisme, de la violence sans but et des destructions que ces derniers provoquent par désespoir, rage et impuissance.
Seule, une mobilisation ouvrière spécifique pourrait présenter et donner une perspective collective et unitaire, c’est-à-dire de classe, à la révolte elle-même et faire que les jeunes révoltés entrevoient la possibilité d’une autre société et de la nécessité de s’inscrire dans ce combat révolutionnaire pour le communisme. En ce sens, le tract du PCI lui-même est, lui, un moment ou facteur de cette alternative que les révolutionnaires doivent défendre et présenter aujourd’hui aux révoltés de tout âge.

Le GIGC, le 1e juillet 2023

Révolte des quartiers prolétariens
Le capitalisme est responsable des crimes policiers, des oppressions et de la misère : c’est lui qu’il faut combattre, c’est lui qu’il faudra abattre !

Une troisième nuit d’émeutes vient de secouer le pays. Des affrontements plus ou moins violents se sont déroulés dans pratiquement toutes les communes de la région parisienne (et aussi à Paris intra-muros) , ils se sont étendus à de nombreuses villes de province grandes ou moyennes : Lille, Roubaix, Strasbourg, Grenoble, Lyon, Saint Etienne, Marseille, Bordeaux Toulouse, Tours, Rennes, Rouen, Nantes, Nancy, Nice, Brest, Pau, Amiens ,Annecy, Macon… la liste est trop longue pour les citer toutes. La mobilisation massive des diverses forces de police (40 000 policiers et gendarmes selon les chiffres officiels), l’arrêt des transports en commun ou les couvre-feux parfois décrétés n’ont pas réussi à maintenir l’ordre dans les quartiers prolétariens. Des dizaines de bâtiments publics, de commissariats ont été attaqués par des jeunes à coups de cocktails molotov ou de pétards de feux d’artifice, des magasins ont été pillés, des véhicules incendiés, tandis que la police tirait en abondance sur les émeutiers des grenades lacrymogènes et des balles en caoutchouc ; près de 900 personnes ont été interpellées…

La cause de cette explosion de colère est connue ; le jeune Nahel (17 ans) tué à bout portant lors d’un contrôle de voiture à Nanterre par un policier qui a invoqué la « légitime défense » ; mais une vidéo amateur a montré que le policier n’était pas menacé et que son coéquipier criait « bute-le ! » : il s’agissait donc d’un crime. Par la suite des informations de source policière ont prétendu que Nahel avait un casier judiciaire (même « long comme le bras » selon une journaliste d’extrême droite de C. News), sous entendu c’était un petit voyou qui n’a eu que ce qu’il méritait : ces « informations » étaient fausses. Lorsque le mensonge policier a été avéré, l’exécutif, se souvenant des 3 semaines d’émeutes lors de la « révolte des banlieues » de 2005, a tenté de calmer les choses. Macron a ainsi qualifié d’ « inexplicable et injustifiable » l’acte du policier, suscitant la colère de l’extrême droite et du syndicat policier « Alliance », et organisé une minute de silence à l’Assemblée.Mais ces simagrées n’ont eu aucun effet sur la colère des habitants.

« LES JEUNES ONT RAISON DE SE RÉVOLTER. »

Telle est la réaction de nombreux prolétaires de ces quartiers qui ont témoigné devant les caméras [1]. Après les premières émeutes Macron a déclaré qu’elles avaient été « marquées par des scènes de violence (…) contre les institutions et la République » qui sont « injustifiables ». Mais pour les prolétaires jeunes ou moins jeunes ce qui est injustifiable et de plus en plus en plus insupportable, c’est la situation dans laquelle ils se trouvent imposée en dernière analyse par ces institutions et cette République bourgeoises ! Au-delà du crime policier c’est cette situation qui engendre la révolte. Les démocrates incriminent une loi du gouvernement socialiste passée en 2017 pour faciliter l’usage des armes par la police lors des contrôles routiers et ils plaident, sans rire, pour une meilleure « formation des policiers à la défense des Droits de l’Homme ». S’il est vrai que depuis lors on enregistre en moyenne une personne tuée par la police chaque mois en France dans ces circonstances (contre une en 10 ans en Allemagne !), les crimes policiers n’ont pas attendu cette loi pour être commis : en font foi les nombreuses affaires de violences policières qui secouent régulièrement la chronique et qui se terminent le plus souvent par l’acquittement des policiers. Les discours sur une « police au service des citoyens » ne sont que de tristes phrases creuses : le rôle fondamental de la police est de défendre l’ordre bourgeois par la violence, potentielle ou ouverte, et elle est au service de la violence des rapports sociaux capitalistes basés sur l’exploitation.

La lutte contre les violences policières est inséparable de la lutte contre le capitalisme. La puissante flambée de révolte des jeunes des quartiers prolétariens est le désaveu éclatant des politiques légalistes et pacifistes des organisations syndicales et politiques réformistes, adeptes de la collaboration entre les classes. Ces politiques qui ont causé toutes les défaites ouvrières sont responsables de l’impuissance du prolétariat face à la bourgeoisie et à son État.

Mais pour être autre chose qu’un brillant feu de paille, qu’une explosion de colère momentanée, la révolte devra trouver la voie de la lutte révolutionnaire organisée, de la lutte de classe contre tout ce système de misère, d’oppression et de répression qui seule pourra en venger toutes les victimes. Cela ne pourra se faire du jour au lendemain ; sans compter la répression, il y aura beaucoup d’obstacles à surmonter, des récupérations à éviter, de faux amis « de gauche » ou « démocrates » à écarter ; mais en déchirant au moins temporairement l’asphyxiante paix sociale, la révolte spontanée actuelle contribue objectivement à rapprocher cette perspective.

Parti communiste international-Le Prolétaire (pcint.org), 30 juin 2023

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